ELIA
Ça fait bien longtemps que je n’ai pas passé une aussi mauvaise nuit. Les paroles de ma mère tournent en boucle dans ma tête depuis maintenant deux heures. Il est trois heures et demie du matin et je suis incapable de fermer un œil. Je ne suis même pas fatiguée, et pour une fois, Gus dort profondément à côté de moi. Je n’entends que sa respiration régulière et les bruits très lointains qui viennent de dehors. La fenêtre est grande ouverte et j’ai encore trop chaud. Je me sens vraiment bizarre. Je ne pensais pas que ce que m’avait dit ma mère pouvait autant m’affecter. Je suis fière de lui avoir tenu tête pour une fois, et je suis de plus en plus décidée à déménager dans mon propre appartement. Maintenant que je travaille, il ne sera pas difficile de trouver un endroit douillet pour que je puisse me sentir chez moi. Je vais avoir vingt-trois ans, et je n’ai plus besoin de ma mère pour vivre.D’ailleurs, je n’ai pas vraiment réfléchi à ce que je veux faire ce week-end. Mon anniversaire tombe un samedi pour une fois, et d’habitude, je le fête avec Ben, Chelsea et les autres. J’ai un peu coupé les ponts avec eux et bizarrement, je me sens un peu mieux. Peut-être parce que Gus est entré dans ma vie ? Je m’en veux de les laisser de côté, mais on a plus les mêmes objectifs. Je dois me retrouver un minimum avant de recommencer à traîner de temps en temps avec eux. Je n’ai plus aucune envie de voir Ben et je vais devoir m’y faire : il est toujours dans le groupe et le restera.
Je me tourne vers Gus, regardant son beau visage endormi. Son torse nu monte et descend au rythme de ses respirations et je m’approche davantage pour l’admirer. Je ne lui ai même pas dit que mon anniversaire est samedi. Mais après tout, je ne sais pas non plus sa date de naissance. Je n’arrive pas à croire qu’on se voit depuis plusieurs semaines et qu’on connaisse si peu de choses l’un sur l’autre.
***Mon réveil m’extirpe violemment du sommeil. Je n’ose même pas ouvrir les yeux tellement je suis à bout de forces. Mes mains ont même du mal à venir jusqu’à mes oreilles pour les boucher. Pourquoi j’ai envie de dormir maintenant qu’il est l’heure de se réveiller, putain ?
Je sens une main se poser sur ma hanche et je souris en gardant les yeux fermés. Je sens le souffle chaud de Gus sur mon menton avant qu’il ne m’embrasse. C’est exactement ce dont j’avais besoin pour me réveiller. Il passe une main dans mes cheveux et je réponds à son baiser incroyablement doux.
- Bonjour, il me dit doucement alors que j’ouvre les yeux.
- Bonjour.
- Tu as passé une mauvaise nuit ?
- Je n’arrivais pas à dormir.
- Oh. Pourquoi ça ?
Sa tête est au-dessus de la mienne. J’apprécie le fait qu’il s’intéresse à ce que je ressens. Il doit sûrement se douter que ce qui m’a fait cogiter toute la nuit vient de la « dispute » avec ma mère.
- Je réfléchis trop, comme d’habitude.
Il fronce les sourcils.
- Tu réfléchis à quoi ?
- À me trouver un appartement pour avoir mon indépendance.
- Ah oui ? Tu as envie de vivre seule, ça y est ?
- Oui. Je n’y ai jamais vraiment réfléchi avant hier soir, mais j’ai vraiment envie d’avoir un chez-moi.
- Oui, tu as sûrement raison.
Ses doigts jouent avec mes cheveux qui descendent sur mes épaules. On est tous les deux nus, le drap pour seule barrière. Si je n’étais pas en train de me mettre en retard, j’aurais probablement écouté mon vagin qui ne demandait qu’à recommencer la partie de jambes en l’air d’hier soir.
VOUS LISEZ
MONSIEUR GÓMEZ
RomanceA seulement vingt-deux ans, Elia Williams avait tout ce qu'une jeune diplômée rêvait d'avoir : le job de ses rêves dans l'une des plus grandes entreprises de Miami, un petit-ami qu'elle aimait depuis toujours et une vie stable avec des amis et une m...