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D'un pas décidé, je m'avance vers Amaury et pose une main sur son épaule. Il se fige alors et m'adresse un regard interrogateur. Sans prendre le temps de lui expliquer, j'empoigne le canif avec fermeté et m'agenouille aux côtés de la bête qui se recroqueville encore plus sur elle-même.

— Je peux le faire si tu veux, déclare Amaury au-dessus de moi.

Mais je secoue la tête. Je peux le faire. Ce pauvre animal ne méritait certainement pas un tel sort et ce n'est clairement pas de sa faute s'il s'est retrouvé coincé ici comme nous. Malheureusement, c'était nous ou lui. La seule chose que je puisse faire maintenant est d'abréger ses souffrances.

Je lève donc mon couteau et, après avoir respiré un grand coup, plante fermement mon arme dans le cou du canidé qui frétille quelques secondes avant de s'immobiliser.

Quand je me relève, un lourd silence règne dans la pièce. Deux mains puissantes me saisissent aux épaules et je me retrouve bientôt dans les bras de mon petit ami.

Puis ce dernier desserre son étreinte pour me caresser tendrement la joue, essuyant une larme au passage. Ses yeux d'un brun chaleureux inspectent mon visage avec appréhension et je me perds un instant dans les constellations rousses parsemées sur son nez et ses pommettes. Cachée derrière quelques mèches rebelles, une petite égratignure entaille son front, tâchant sa peau claire de rouge.

— Amor...

Mes doigts se dirigent d'eux-mêmes vers son visage, repoussant les cheveux ambrés qui me barrent la route du revers de la main. Les doigts d'Amaury, eux, se referment sur mon poignet comme pour me rassurer.

— C'est rien, sourit-il tendrement. Mais toi ?

Son regard se met alors à parcourir mon corps à la recherche d'une quelconque blessure. Les griffes du molosse ont visiblement eu raison de mon sweat. Des morceaux entiers de fabrique pendent lamentablement du reste du vêtement pour révéler plusieurs petites écorchures et coupures. Et je peux déjà sentir quelques bleus se former un peu partout sur mes membres. Cependant, rien de grave. Enfin, je crois.

Bien sûr, cela suffit à échauffer le tempérament intempestif d'Amaury qui se met à jurer entre ses dents :

— Putain de clébard de merde !

Ses mains se dirigent presque immédiatement sur la chemise à carreaux nouée autour de sa taille qu'il défait à la hâte. Il en déchire avec force un morceau de tissu pour ensuite l'envelopper autour d'une longue coupure sur mon bras droit. Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment nécessaire mais c'est assez agréable de le voir s'occuper ainsi de moi.

Toute retournée de voir mon petit ami être aussi attentionné après m'avoir sauvé la vie, je n'arrive même plus à être surprise quand une nouvelle voix familière me parvient aux oreilles.

— Tout va bien ? demande le nouveau venu sur un ton étrangement calme.

Je tourne alors la tête pour apercevoir notre cher délégué s'avancer prudemment à l'intérieur de la pièce. Mais c'est une vraie réunion de classe, ma parole !

Le brun doit sentir mon regard car il se tourne placidement dans ma direction. Il jette un bref coup d'œil attristé envers le chien toujours agonisant avant de déposer ses yeux perçants sur moi. Un sourire mauvais se dessine sur mes lèvres.

— Voyez-vous ça ! Ne serait-ce pas Monsieur Martinez, notre fameux délégué adoré ?

— Constance, me salut-il simplement.

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