Nouvelle 1

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Première nouvelle de ce recueil! J'espère qu'elle vous plaira :)

Bonne lecture.... 

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 Nostalgique était le mot qui caractérisait Victor. Il était très attaché aux souvenirs, depuis plusieurs années déjà, il collectionnait des images, photographies et bibelots qu'il avait amassé et les gardaient précieusement.

Victor avait toujours été un garçon sensible. A l'école, ses amis ou plutôt ses camarades se moquaient de lui car il pleurait souvent. Il pleurait pour tout ce qui le touchait, tout ce qui arrivait à pénétrer son cœur perméable. C'est à dire beaucoup de chose. Une fois, il avait marché sur un escargot un jour de pluie et l'avait tué. Il avait senti la coquille se briser sous ses semelles et avait entendu le craquement significatif qui annonçait que le pire était déjà commis. Victor en eut le cœur brisé, comme la coquille de l'escargot, il s'était fendu. La maîtresse avait essayé de le consoler, touchée par la sensibilité exacerbée du petit garçon.

Les années passèrent et des évènements bouleversèrent la vie de Victor. Son premier amour, son départ de chez ses parents, la mort de sa grand-mère... Il dût apprendre à gérer ses émotions pour ne pas être submergé trop rapidement par ces dernières.

Pleurer lui faisait du bien. Tout ce qu'il ne pouvait exprimer par la parole ou les gestes, les larmes le faisait pour lui. Au delà de cette sensibilité maladive, Victor était quelqu'un de très organisé. Chaque instant de sa vie était programmée encadrée précisément. Il avait accumulé au cours de ces dernières années un stock impressionnant de souvenirs qu'il gardait rangé dans son armoire. A côté de la boîte consacrée à l'Italie, on pouvait y trouver d'autres rangements contenant un nombre incalculable de photos, de papiers, de lettres, de petits objets....

Les photos de Victor étaient triées par années, on le voyait avec ses parents, avec son chien, avec ses amis... Sa première petite amie également. Il n'avait pas voulu jeter les photos, il estimait que cette fille avait fait partie de sa vie qu'il le regrette ou non. Garder toutes ces photographies lui permettait de se souvenir sans cesse de ce qu'il a été pour connaître et appréhender celui qu'il sera.

Il triait cette armoire depuis maintenant 2H. Il s'arrêtait constamment sur chacun de ses objets souvenirs, essayant de se rappeler des évènements qui avaient conduit à la prise de la photo qu'il tenait entre les doigts. Il lâchait quelques larmes, par nostalgie, tristesses, colère ou joie. Victor vivait à nouveau chaque instant qui avaient été figés sur papier. Tantôt heureux, il riait à gorge déployée lorsqu'il tomba sur une photo le mettant en scène avec son meilleur ami. Vêtus de déguisements peu coûteux et arborant une grimace des plus ridicule, Victor riait devant l'absurdité de la situation. L'instant d'après son sourire se fana et il s'essuya les yeux d'un revers de la manche. C'était une photo de sa grand-mère. A côté se trouvait un petit bracelet qu'elle lui avait offert avant de mourir. Edith était une femme exceptionnelle. Il adorait passer ses vacances chez elle dans sa grande maison de pierre et de bois. Elle jouait avec lui, lui racontait des histoires et des anecdotes de sa vie qui fascinaient Victor. C'étaient des histoires d'un temps ancien qui faisaient émerger chez lui tout un tas d'émotions diverse pour des choses qu'il n'avait pas connues.

Victor s'enfonçait dans un amas de souvenirs. Il remarqua soudain une porte au fond de son placard. Une porte qu'il n'avait jamais vue auparavant. Ce genre de porte qui ressemblait à un passage secret que pourraient emprunter des espions dans certaines histoires fictives. Il pénétra un peu plus dans son armoire afin de caresser de ses doigts fins le bois de la porte et enfin, passa sa main sur la poignée froide. Il abaissa son bras et poussa légèrement sur la mystérieuse porte qui s'ouvrit lentement dans un grincement sourd.

Victor dû habituer ses yeux à la lumière de la pièce dans laquelle il venait d'entrer. Il cacha son regard de son bras gauche comme s'il cherchait à se protéger du soleil. Où avait-il atterri ? Son regard se posa sur un élément qui le rassura. Des photos. Il était entouré de photographies qui lui appartenaient. Il décida alors de regarder la pièce en détail. Il aurait pu croire qu'il se trouvait dans un placard, plus grand et plus éclairé. Peu lui importait, il avait à ses pieds une photo de son chien disparu quelques années auparavant.

Victor tria alors ces nouvelles photos et finit par observer une seconde porte. Curieux, il se baissa pour s'introduire dans une seconde pièce. Elle était remplie de ses souvenirs. Il se demanda comment cela était possible mais sa curiosité et sa passion accrue pour les souvenirs le poussaient à continuer de ranger. Il n'arrivait pas à s'arrêter. Il rangeait tout, de plus en plus rapidement se perdant dans sa mémoire. Toutes ces émotions mélangées le guidaient, le contrôlaient, il avançait continuellement de pièce en pièce, découvrant encore plus de bazar incontrôlé dans chacune des mystérieuses salles.

Victor eut peur de s'assécher. Il ne pouvait habituellement pas contrôler ses larmes, mais dans cette situation, elles s'étaient transformées en véritables torrents. Il détestait lorsque les choses étaient désorganisées, il n'aimait pas les surprises. Il voulait garder le contrôle sur sa vie, déjà que ses émotions le surpassaient la plupart du temps, s'il voulait rester crédible il était important pour lui que tout soit impérativement en ordre.

Poussé par une force mystique, il continuait inlassablement de s'enfoncer à travers les salles. S'il n'arrivait plus à contrôler ses gestes, une part de lui pensait qu'il était perdu. Il lui était impossible de revenir en arrière. Pas maintenant. C'était trop tard. Il avait franchi trop de portes, il les avait compté au début mais il y en avait trop et il avait rapidement été dépassé par les évènements. Victor savait qu'il avait été trop loin. Il était envahi, plus il avançait plus le désordre était étouffant. Il suffoquait, il suait. Victor voyait flou, il s'assit et entrepris de se calmer. Ce fut impossible. Une pile de photographies lui tomba dessus et il dû se relever pour ne pas se faire écraser.

Victor cria. Il cria de toutes ses forces, il appela sa grand-mère. Il avait besoin d'aide. Il hurlait de désespoir, son cri déchira le silence pesant de la pièce comme son cœur s'était déchiré dès la seconde où il avait compris qu'il était trop tard pour faire demi-tour.

Dans la nuit, sombre et oppressante, un cri s'éleva et brisa le silence pesant qui s'était maintenant installé depuis plusieurs heures.

Victor se réveilla en sursaut. Trempé de sueur, le regard hagard, il était perturbé. Il reprit conscience et se passa la main sur le visage, vérifiant que tout allait bien. Ce n'était qu'un cauchemar.

Il se leva et se dirigea vers la salle de bain pour se rafraîchir.

L'homme ne voyait rien dans la pénombre mais un léger reflet dans sa vision périphérique attira son attention. Il se tourna vers la source de lumière. C'était une photographie qui reflétait la lumière de la lune.

Il s'approcha de la photo. Elle avait dû glisser entre les portes de l'armoire. Victor s'accroupit et saisi l'image figée entre ses mains.

 C'était une photo de lui, accroupi dans le noir devant une armoire ouverte.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 25, 2021 ⏰

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Recueil de nouvelles horreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant