𝕌𝕟

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Bonne lecture !

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Il y a des matins calmes, parfois.

Jean se lève avec les yeux lourds et les jambes engourdies, et se traîne jusqu'à la cuisine pour préparer le café : une bonne quantité, suffisante pour remplir au moins deux tasses, et deux thermos pour la matinée. La cuisine est encore sombre, la lumière arrive depuis le salon, et Jean se réveille doucement en attendant que l'appartement retrouve ses couleurs et son activité.

Odeur de pain grillé, jus d'orange sur le bar, cheveux un peu aplatis d'un côté.

Il y a des matins comme ça, oui. Et il y a aussi des matins où le café ne coule pas assez vite, où le soleil embrase déjà la cuisine, et où les voisins ont sûrement envie de frapper leur plafond à coup de balai.

— Je me suis pas réveillé !

Jean lève les yeux au ciel et croise ses jambes.

— Putain de meeerde !

Perché sur l'un des tabourets du bar, il regarde Eren qui traverse le couloir vers le salon, puis dans l'autre sens, avant de revenir dans le salon. Ses cheveux sont trempés, sa joue gauche encore rouge avec la marque de l'oreiller, et il retourne les coussins du canapé un à un avant de grogner bruyamment.

— Je hais la vie.

— La prochaine fois t'y repenseras à deux fois avant d'éteindre ton réveil.

Eren lui retourne un regard flamboyant (bien trop pour l'heure matinale).

— Et toi aussi je te déteste.

Il fait à nouveau le tour de la pièce, ses chaussettes remontées jusqu'à la moitié de son mollet. Quand il finit par regarder dans le saladier plein de fruits, juste à côté de Jean, ce dernier soupire largement.

— Ton pantalon est dans la salle de bain, espèce d'idiot. Accroché à la porte.

L'expression d'Eren se fige pendant une seconde : bouche entreouverte, sourcils haussés, puis soudain une reconnaissance mesurée que le jeune homme n'accorde qu'à Jean. Il disparaît une seconde plus tard, en courant dans le couloir sans même se soucier de mettre tout son poids sur ses talons et de faire trembler le pauvre parquet qui couine un peu.

Jean continue de boire son café, en portant tranquillement sa tasse à ses lèvres.

Le matin est en général une mécanique bien huilée : Eren doit partir au moins un quart d'heure avant lui pour arriver à l'heure à son boulot (et contrairement à celui de Jean, son patron l'attend pratiquement sur le pas de la porte pour lui reprocher la moindre seconde de retard). Une guerre ouverte, qu'Eren ne peut évidemment pas gagner étant donné qu'il est employé mais à laquelle il participe tout de même car Eren Jaeger est comme ça : il s'est légèrement calmé avec le temps, mais n'hésite pas à se lever en pleine réunion pour dire à chaque personne dans la pièce à quel point leurs idées sont nulles.

Jean le sait, car il écoute toujours ce que son colocataire lui raconte en rentrant le soir (pendant le dîner, ou juste avant la tradition du film du soir).

Quand Eren revient dans le salon, ses vêtements sont froissés mais il semble avoir fait un effort avec ses cheveux. La trace sur sa joue commence à disparaître.

— Je vais être en retard, gémit-il en cherchant ses chaussures dans le placard à côté de la porte.

Jean le voit mettre le boxon entre les deux étagères et l'entend retourner ses propres paires pour trouver la sienne, mais il ne fait pas de commentaire. Quand Eren a enfin enfilé ses belles chaussures en toile (les seules assez propres et classes pour aller avec ses chemises) il se retourne vers Jean et court presque jusqu'à la cuisine.

— À ce soir, souffle-t-il sans trop y penser, et Jean sent ses lèvres sur sa joue.

Il boit une gorgée de café et grogne :

— A ce soir, Jaeg.... Eren ! Ton repas de ce midi, abruti !

Eren fait demi-tour à mi-chemin, et semble prêt à se mettre une balle : le frigo est trop vide ouvert, et bien trop rapidement refermé.

Quelques secondes à peine et son colocataire est de retour à la porte d'entrée, qui claque dans son dos quand il s'en va. Enfin seul, Jean soupire largement et termine son café avant de se lever pour aller remettre un peu d'ordre dans le placard.

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Des bisous !

Keep on keeping on || EreJeanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant