𝕊𝕚𝕩

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Bonne lecture !

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Il y a ensuite des jeux avec un paquet de cartes, quelques verres en plus (beaucoup), l'envie d'aller marcher un peu dans le parc d'à côté, puis un retour apaisé jusqu'au canapé du salon. La promenade était agréable, dans la nuit un peu plus fraîche et l'herbe légèrement humide : enlever ses chaussures, courir sans raison, avoir l'impression d'être à nouveau à la fac, et finir par regarder le ciel avec la tête tournante.

Quand trois heures du matin arrivent, Christa baille aux corneilles et Eren est endormi dans un coin du sofa (ce qui est étrange car Eren Jaeger est, depuis des années, le dernier survivant de toutes les soirées). La TV berce la pièce d'une émission sur les tueurs en série qui passe toujours à cette heure-là.

— Qui prend la chambre d'amis ? demande Ymir en levant la main pour écarter une mèche, tombée devant les yeux de Christa.

Cette dernière lui retourne un regard plein de douceur.

— Nous, annonce Mikasa en se retournant vers Annie, qui hoche la tête.

Marco et Armin ne pensent même pas à protester, et Jean n'est pas assez bourré le faire (il lui faudrait au moins un coma éthylique pour essayer de faire dormir Mikasa Ackerman sur un matelas).

— Le bureau ? On a gonflé le matelas trois étages.

Le matelas trois étages, appelé ainsi pendant leurs années de fac car c'était, à l'époque, le plus gros matelas que leurs fesses bourrées avaient jamais vu. Qui l'a acheté ? Personne ne le sait. Il est arrivé un jour dans l'appartement d'Ymir, et personne n'avait pourtant le budget d'acheter autre chose que de la merde pas trop chère.

— Moi, disent Armin et Marco au même moment.

Ils hochent la tête : ces deux-là finissent presque toujours par dormir ensemble. Deux cadavres allongés l'un à côté de l'autre, sur le dos, et qui ne bougent pas d'un centimètre pendant la nuit. Jean trouve ça flippant. Il est bien trop habitué à Eren qui tente de lui mettre des baffes en se retournant dans son sommeil.

Quelques regards se tournent vers lui, et le prénom Eren lui fait ouvrir grand les yeux.

— Oh, souffle-t-il.

— Eh ouais. Le canapé est pour toi et l'autre increvable. Félicitations.

Ymir lui offre un rictus amusé, avant de se lever en s'étirant. Christa la suit immédiatement, et le mouvement fait grimacer Eren qui marmonne dans son coin.

— Je te laisse le déplier, tu commences à avoir l'habitude. Les couvertures sont en dessous.

— Traitresse, souffle Jean, parce qu'il sait très bien qu'elle le fait exprès.

Ils ont tous remarqué à quel point Jean n'a pas beaucoup parlé, et surtout n'a pas beaucoup parlé à Eren. Pas un mot pendant la promenade, qui aurait pourtant dû les rapprocher jusqu'à finir allongés dans l'herbe : c'est souvent comme ça. Marcher côte à côte, parler, se donner des coups d'épaule.

Éméchés dans la nuit, en se fichant pas mal de ne pas mettre un mot sur les sentiments qui se promènent.

— Jean...

Le murmure d'Eren attire l'attention de Mikasa et Armin, qui sont déjà en train de se lever.

— Le bisou..... le bisou du soir....

Il râle presque, à ce stade. Une voix boudeuse, un soupir, des yeux fermés : Jean lève ses yeux pompettes au ciel et, par réflexe, comme à se lever. Il dit :

— Oui, oui, j'arrive....

Il se lève du sol, ayant un peu de mal à se stabiliser une fois debout : le dernier verre était sûrement de trop, mais ce n'est pas bien grave. Ce n'est qu'en croisant l'expression à la fois hilare et étonnée de Marco que Jean se rend compte que, déjà ils sont en société et donc pas chez eux, seuls, et qu'ensuite il est censé bouder.

— Okay..., souffle Ymir avec un grand sourire. Je crois qu'on va vous laisser.

— Ce n'est pas....

— Bonne nuit Jean, lui dit Armin en tapant son épaule.

— C'est pas du tout ce que vous pen...

— On ne pense rien, affirme Christa.

Annie passe à côté de lui, et le toise de haut en bas.

— Va lui faire son bisou, sinon il va mal dormir.

Jean ne manque pas son sourire discret et amusé, et sent ses joues brûler alors que tous les autres quittent un à un la pièce.

Quand il se retrouve seul, Eren se retourne dans son sommeil. Jean murmure :

— Jaeger, putain....

Une vingtaine de minutes plus tard, après avoir réussi à étirer le canapé pour en faire un lit à peu près correct (sans l'aide d'Eren, qui acceptait tout juste de rouler dans un sens ou dans l'autre) Jean se pose enfin entre les draps. Il a laissé la TV allumée, et profite de l'émission qui lui offre un fond agréable.

Lentement, il se tourne vers Eren, se tortille en silence, écarte ses mèches de son front et y pose ses lèvres. C'est naturel, rassurant, et il essaye de ne pas trop faire attention au soupir satisfait que son colocataire laisse échapper.

Jean fixe le plafond un moment avant de s'endormir.

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Des bisous !

Keep on keeping on || EreJeanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant