Par: Estelle. Deux grands yeux gris

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(Salut! C'est moi qui commence. Si vous me connaissez déjà, génial, sinon, bienvenue!!! pour ceux qui ont déjà lu mes histoires, sachez que j'écris ici dans un style différent mais auquel je suis plus habituée... Signé: Estelle)

   Je passe tous mes après-midi dans le jardin de la maison de campagne de mes grands-parents. L'ombre y est fraîche et lorsque je souffre de l'absence de mes parents, je m'y réfugie souvent. Je trouve que ça a quelque chose de réconfortant, de sentir le vent frais balayer mon visage.

Bien entendu, toute ma famille a essayé de me faire entendre raison et de rentrer, de faire quelque chose de ma vie, de sortir en ville, en bref, d'arrêter de me morfondre et de me refermer sur moi-même comme je le fais depuis dix-huit mois et neuf jours maintenant.

On m'avait promis...

«C'est normal. Tu dois faire ton deuil mais les choses redeviendront bientôt normales.»

Voici ce que j'ai entendu pendant six bons mois après leur disparition.

Mais la plaie était restée béante.

Allongée sous le saule pleureur, je laisse libre cours à ma tristesse et les larmes coulent sur mes joues.

L'arbre émet un bruissement de feuilles et quelques unes tombent sur moi. Un orage s'annonce d'un coup de tonnerre et la pluie se met à tomber.

Je ne bouge pas d'un centimètre.

Ce n'est que deux ou trois heures plus tard, lorsque l'averse devient tellement forte et glacée que je risque de tomber en hypothermie -ce qui n'est pas la façon la plus spectaculaire de mourir- que je me décide à rentrer.

L'état de l'entrée de la maison reflète mon humeur: sombre, négligée, les lumières sont éteintes. Les habitants sont comme d'habitude en train de dîner en oubliant ma présence. Cela m'est égal. Je n'aurais pas eu envie de manger avec eux.

J'enlève mes bottes trempées de pluie avant de monter à l'étage et de m'enfermer dans ma chambre, sans prendre la peine d'allumer la lumière du palier.

Ma chambre ne me ressemble pas. Ses murs sont blancs, les étagères ne contiennent rien, le lit est fait et il n'y a rien sur le sol. On croirait une chambre d'hôtel. Peut-être est-ce ce dont j'essaie de me convaincre: ce n'est que provisoire, je vais pouvoir rentrer chez moi. Je ne suis là que pour une nuit ou deux.

Sauf que ça fait dix-huit mois que je ne suis là que pour une nuit ou deux.

Le seul objet qui m'appartienne vraiment de la pièce est le miroir un peu craquelé accroché au mur à côté de la porte.

Deux grands yeux gris et tristes me scrutent depuis la glace. Il me semble que chaque jour, le gris devient plus foncé.

Sur les photos de ma petite enfance, j'ai toujours les yeux bleu clair. Je suis toujours encadrée de mes deux parents. Ma mère sourit et mon père aussi. Quant à moi, je trouve que j'avais déjà cet air mélancolique qui me caractérise à présent. Comme si je savais. Comme si je savais que sept ans plus tard, cette braise sur le tapis du salon briserait ce tableau parfait comme le miroir où ma tristesse se reflète.

Mes paupières s'alourdissent et mes yeux viennent à peine de se fermer lorsque quelqu'un frappe à la porte.

Mon premier réflexe est de rabattre mon oreiller sur mon visage. Mais le grincement de la porte me rappelle que j'ai oublié de tourner la clé dans la serrure et une voix inconnue se fait entendre.

- Tu devrais sortir, tu sais?

Contrairement à ce que j'ai l'habitude d'entendre, ce n'est ni un ordre, ni quelqu'un qui s'inquiète pour moi. Juste un conseil dépourvu de pitié, d'inquiétude, de tristesse ou de colère. Juste une proposition. Je devine à ces signes que la personne qui a prononcé ces mots n'est pas de la famille, ne connaissait pas mes parents, et vient d'arriver ici. Je me doute aussi qu'il n'est pas passé par les recommandations de ma grand-mère pour soi-disant "ne pas m'attrister encore plus" qui réussissent la plupart du temps à me refermer encore plus sur moi-même.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 26, 2021 ⏰

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