Mémoire coupable

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Je prends sur moi, depuis l'accident tenir un fusil dans mes mains m'effraie, mais je refuse de perdre la face devant mon équipier. Ce dernier m'offre un signe de tête avant d'enfoncer la porte de la maison et d'y pénétrer aux aguets. Pièce par pièce, nous inspectons les lieux, l'arme à la main.

Dans les faits, notre présence ici est due à l'appel de plusieurs voisins qui disent avoir entendu des coups de feu provenant de cet appartement qu'une certaine Mélanie louerait pour y vivre seule. Mélanie, je connaissais quelqu'un qui se nommait comme ça avant.

Lorsque mon collègue ouvre la porte de la salle de bain, une vive odeur de sang arrive à mes narines, me forçant à couvrir mon nez. Sur le sol, une jeune femme d'une quarantaine d'années baigne dans le liquide rouge qui s'échappe de son corps. Rapidement, comme je le fais bien trop souvent, je localise deux trous sur la poitrine de la victime que je reconnais finalement comme étant cette fameuse Mélanie. Son visage m'est familier, mais je ne tiens pas à m'étendre sur la question du pourquoi.

L'accident me revient en mémoire, comme un film qui ne cesse de jouer en boucle dans mon esprit. C'est encore tellement récent, j'ai l'impression que ça vient tout juste de se produire. Je tente tant bien que mal de chasser ces images et de me concentrer sur le cas présent.

— Nul doute qu'elle est morte, m'indique mon équipier en retirant sa main du coup de la victime. Deux balles dans la poitrine et puis le tour est joué. Son corps est encore chaud, d'ailleurs, et son sang ne s'est toujours pas arrêté de couler.

Je poursuis mon inspection des lieux malgré mon désarroi, retournant aux autres pièces de l'appartement afin de trouver des indices quelconques. Je suis déçu lorsque rien ne me saute aux yeux, aucune trace de bataille, la porte de la maison n'a pas été forcée, tout incite à croire que la victime était assez à l'aise avec son assassin pour le laisser entrer chez elle sans se douter de quoi que ce soit. Je n'ai pas de doute là-dessus, Mélanie connaissait celui qui l'a tuée.

— Je vais faire venir le médecin légiste, me crie mon équipier de l'autre pièce. En attendant, on va aller interroger les voisins qui auraient pu être témoin de quelque chose de suspect.

Ravi de quitter ce lieu qui me remémore cet accident, je me dirige vers l'appartement le plus près, à la recherche d'indices supplémentaires. Voisins après voisins, aucune information nouvelle ne parvient à faire avancer l'enquête, sans compter les coups de feu, tout semblait normal ce matin dans le loyer de Mélanie.

Heureusement pour l'enquête, les témoins ne sont pas les seules sources de renseignement qui existe dans le cas d'un meurtre. Lorsque je retourne dans l'appartement, j'apprends que l'équipe scientifique a terminé de relever les empruntes présentes dans la demeure. Certes, il y en a plusieurs, mais une série se retrouvant sur une des tasses à café posée sur le comptoir attire l'attention de mon équipier. À coup sûr, la main qui a touché cette tasse était présente sur les lieux le matin même, il devait donc s'agir de notre tueur.

Dans l'incapacité de nier ce fait, je suis mon collègue vers les résultats des tests. Les événements de la matinée me reviennent à l'esprit, c'était un accident. Un visage et un nom apparaissent sur l'écran, le résultat est concluant, ces marques de doigts se trouvent dans la base de données. Se retournant vers moi, mon équipier attrape ses menottes avant de les utiliser pour attacher mes mains dans mon dos.

C'était un accident, je connaissais Mélanie.

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