Longyearbyen

1 0 0
                                    

Entrant dans la mine comme un seul homme, les quelque cent soldats de la ronde de nuit commençaient déjà à se diviser en plus petits groupes. Les mines de Longyearbyen ne faisant qu'agrandir, les militaires qui ne se retrouvaient jamais moins de quatre au début, devaient maintenant se promener seuls dans les allées sombres de la charbonnière. Leur tâche était simple, surveiller les mineurs et les brutaliser, souvent un peu trop, lorsqu'on trouvait qu'ils ne travaillaient pas suffisamment.

Yannick était l'un de ces hommes de guerre, par choix, certainement pas, mais il arrivait assez bien à faire semblant de n'être qu'un robot suivant les ordres, comme tous les autres, pour être encore en vie. Cette journée-là, toutefois, lui avait donné un mauvais pressentiment dès son réveil.

Arpentant le même couloir que la veille, ses yeux se posèrent sur une ouverture dans la roche que la pénombre lui avait jusqu'alors cachée. Le passage était long, étroit et particulièrement humide dans l'air froid caractéristique de toute la mine. S'enfonçant dans l'espace, le jeune homme se départit de tout éclairage lorsqu'il réalisa que le bruit distinct de l'activité des mineurs se faisait de plus en plus sourd. Il n'entendait plus que le son de ses pas lorsque, droit devant lui, le grincement métallique d'une porte dévoila une lumière froide et aveuglante.

— Il n'y a pas plus de temps Cynthia, gronda une voix forte. On veut des résultats et maintenant! Sinon, je te laisse imaginer la suite.

— Vous en aurez! Répondit une femme avec autant de puissance. Mais il va falloir de la patience. Les mineurs ne sont pas tous aussi coopératifs que je le voudrais.

Dans sa stupeur, Yannick mit un certain temps avant de réaliser que les deux voix se rapprochaient rapidement de lui. Bloquant sa respiration, il se glissa dans une petite brèche sur la paroi, comptant sur la noirceur pour le dissimuler entièrement.

— De la patience, j'en ai eu assez, tu n'es pas ici pour t'amuser dans ton petit laboratoire pendant que tous les autres travaillent, on veut du concret.

Ni l'un ni l'autre ne s'aperçut de l'existence du soldat en passant devant lui, tous deux bien trop captivés par le sujet de leur conversation pour faire attention à une présence indésirable.

— Est-ce que je dois vraiment vous remettre en mémoire la raison pour laquelle c'est moi qui aie été engagée pour cette tâche, répliqua-t-elle sans se laisser impressionner, je ne crois pas non, alors laissez-moi faire mon travail pendant que vous faites le vôtre. Et pour ce qui est de m'imaginer ce qui arriverait si je ne fournissais pas de résultat, je vous laisse le soin de gérer le problème avec vos supérieurs.

Une fois qu'il estima que le danger de se faire surprendre dans un endroit où il ne fallait pas était écarté, le jeune homme se permit de respirer à nouveau avant de se diriger vers la porte qui avait été ouverte un peu plus tôt. Ce qu'il découvrit de l'autre côté le laissa sans voix.

Devant ses yeux se présentait une pièce qui ressemblait en tout point à un laboratoire : des murs d'un blanc immaculé, des étagères et des comptoirs en acier inoxydable remplis de toutes sortes de produits chimiques seulement identifiables par la formule dont leurs contenants étaient ornés. L'air froid et humide de la mine avait complètement laissé sa place à une chaleur et une sécheresse que le soldat n'avait pas ressenties depuis bien trop longtemps. Des indices d'une expérience passée trônaient un peu partout dans la pièce, de même que ce qui ressemblait grandement aux notes de la scientifique qui conduisait les lieux. Ces notes, bien que majoritairement incompréhensibles, en disaient assez long sur le genre de recherches qui se tenaient dans l'endroit pour rendre le jeune homme méfiant.

Explorant encore la pièce des yeux, Yannick posa son regard sur une autre porte qui se situait, quant à elle, sur le mur de gauche. Désireux d'en apprendre plus sur les essais de son gouvernement, il ouvrit la porte, mais il aurait probablement été mieux pour lui de ne jamais découvrir ce qu'elle révélait.

Une histoire d'histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant