Ma Double Vie - Livre I : Perdre l'équilibre

Chapitre 1

Du bleu à perte de vue. Je me dirige instinctivement vers un plateau rempli de maisons. Tous ces gens, une vie banale. Je les envie. Lorsque la forteresse se dresse devant moi, j'y entre naturellement et Léopold, mon garde préféré me salue d'un franc sourire.

— Comment va ma Junia ?

— Parfaitement bien ! Merci Léopold.

Je me réveille en sursaut. Trois fois. Trois fois que je fais ce même rêve en un mois.

— Steacy, dépêche-toi !

Ma soeur qui hurle mon nom depuis le salon, un lundi matin, à sept heures et demie, me donne des envies de meurtre. Je me lève en oubliant ce rêve répété.

— Tais-toi Lola, j'arrive. Pas besoin de me hurler dessus !

Elle me fait toujours passer pour la retardataire. Bon, je ne suis peut-être pas la plus efficace non plus, mais jamais nous ne sommes arrivées en retard une seule fois de l'année par ma faute.

Je descends, mon sac sur le dos, et me plante devant ma sœur qui m'attend, en bas des escaliers. Je ne peux résister, ses deux couettes brunes m'offrent une poigne parfaite ! Je tire alors sur l'une des deux, faisant vaciller sa tête. Qu'est ce que j'aime faire ça !

— Steacy, laisse ta sœur tranquille.

Je fais volte-face pour regarder maman.

— Allez les filles, vous allez être en retard en cours, rétorque-t-elle en nous poussant vers le pas de la porte tandis qu'elle décroche son téléphone qui sonne depuis un bout de temps déjà.

Elle est bien pressée de nous voir partir ! Cela fait plusieurs jours qu'elle semble préoccupée par ces appels. Je tends le cou pour essayer de voir le numéro mais c'est trop tard, la porte se referme.

Une fois sorties, Lola m'offre un petit sourire sournois comme elle sait si bien les faire. Elle a l'air si mignonne avec ses chouchous bleu marine et son t-shirt papillon (qui ne va absolument pas avec le legging rose pâle qu'elle porte...). Alors qu'en réalité, elle n'est rien d'autre qu'un démon dans un corps d'ange !

Je choisis de l'ignorer et de continuer mon chemin sans lui adresser un regard. L'ignorance est la meilleure des solutions.

— Steacy, tu marches trop vite ! pleurniche-t-elle.

Je me retourne et constate, en effet, qu'elle est à une bonne dizaine de mètres derrière moi. Ses petites joues rosées par l'effort me charment encore une fois. Je décide de l'attendre.

Une fois ma sœur déposée à l'école, je passe chercher Telma, ma meilleure amie, afin que nous finissions le chemin ensemble. Cette fois-ci ne fait pas exception.

— Steacy, j'ai un méga truc à t'annoncer ! s'exclame-t-elle sans même me dire bonjour.

— Comment tu vas ? je m'enquiers avant de lui demander la raison de son excitation.

— On s'en fiche ! Allez, devine !

Elle semble un peu trop enthousiaste à mon goût. Je me demande ce qu'elle mijote quand elle me prend par les épaules. Ses longs cheveux noirs lui tombent sur les épaules d'une manière négligée et peu ordonnée. C'est ce qui fait tout son charme. Telma est une personne qui ne se laisse plus influencer par les autres. Quoi qu'il arrive, elle défend son point de vue jusqu'au bout sans se laisser intimider. C'est plutôt elle qui intimide les autres avec son physique parfait et son charisme impressionnant.

— Bon, allez, devine ce qu'il se passe !

— Tu as un nouveau copain ? je réponds du tac au tac, presque sûre de moi.