Before Storm (sous contrat d'édition &h)

80. L'organisation

JULIETTE

J'appréciais chaque seconde en compagnie de Damen Storm, mais les repas avec lui résultaient d'un vrai privilège. Il avait reçu cette éducation fascinante où il parlait très peu à table, il mangeait la bouche fermée, ne mettait ni trop, ni pas assez dans sa fourchette, rien ne dépassait, aucune miette ne tombait, il servait le vin, l'eau, et s'inquiétait de savoir si ce que j'avais commandé me plaisait et ce, à chaque service. Il était un réel gentleman et il rendait ce moment avec lui unique.

— Combien de fois encore mon équipe de sécurité va devoir plaquer ce jeune homme au sol ? demanda Damen.

Il revenait de l'extérieur avec une nouvelle boîte cadeau entre les mains.

— Aucune idée, mentis-je.

Il soupira avec un petit sourire sur les lèvres et traversa la pièce pour venir jusqu'à moi.

Il avait réservé pour notre déjeuner un salon privé dans un hôtel à une petite demi-heure de route de Chéret & Associés. Nous avions commencé par des mimosas, comme promis, avant d'avoir droit à une série de mets gastronomique préparés par le chef en personne. Comme d'habitude le personnel était toujours très excité et enthousiaste à l'idée de servir Damen Storm. Ils étaient au petit soin pour lui et à chaque interaction, ils étaient en quête de son approbation et de sa reconnaissance, que bien sûr Damen leur donnait à travers un regard ou un petit compliment. Il était très fort pour ça. Pour que les autres se sentent spéciaux.

Ces petits cadeaux étaient donc ma façon de lui renvoyer l'ascenseur. Il n'avait pas encore saisi ça. J'espérai sincèrement qu'à la fin de la journée, il comprendrait le message.

— Ouvre-le, insistai-je quand il reprit sa place auprès de moi, sur le canapé.

Il était un peu embarrassé. Il ne devait pas avoir l'habitude qu'on lui offre des cadeaux comme ça, sans raison. Il déballa ce dernier et pencha la tête.

— Des écouteurs ?

— Sans fil, précisai-je.

— Les miens te faisaient tant pitié ?

Je pinçai mes lèvres et lui fis non de la tête. Derrière ce cadeau, il y avait un autre objectif. Plus égoïste qu'il ne le pensait.

— Non. Laisse-moi te montrer ce que tu peux faire avec.

Je sortis les écouteurs de la boîte. Il observa avec intérêt ce que je fis, une main autour de ma taille. Je les connectai à mon téléphone et lançai la première musique d'une playlist. Ensuite, j'en plaçai un dans son oreille et l'autre dans la mienne.

— Et maintenant, ferme les yeux.

— Je crois que ça va devenir ma phrase préférée, dit-il en s'éxécutant.

La musique coula dans nos oreilles, je pivotai dans ses bras et l'embrassai. Il glissa sa main dans mes cheveux pour me retenir, pressa celle en bas de mon dos pour me ramener contre lui. J'enroulai mes bras autour de son cou, remontai sur ses genoux.

— Ainsi, je pourrais refaire ta cravate, écouter de la musique et t'embrasser, tout ça en même temps.

Il me sourit et replongea les écouteurs dans leur boîte.

— J'aime beaucoup ce nouveau cadeau, merci petit chat.

Je me blottis contre lui, tripotant dans mes doigts son nouveau bracelet de fiançailles. Son pouce caressait distraitement la peau de mon poignet. J'étais si bien, là que j'aurais pu m'endormir.

Il demeura silencieux quelques secondes.

— Docteure Hamar m'avait demandé si j'étais capable de rester coincé sur une île avec quelqu'un qui pouvait s'opposer à moi. Si tu étais ce quelqu'un, alors oui. Je serais hypothétiquement capable de rester coincé sur une île hypothétique avec toi.