SUNGHOON - VII

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« Tiens, Hoon. »

Et il me le lâcha dans les mains, comme ça. L'objet que je cherchais depuis hier était revenu par magie. C'était presque trop simple.

« Tu l'as trouvé où ?

- Ce n'est pas de moi qu'il vient. Un de mes potes l'a eu. »

Je le tournai entre mes doigts, pour vérifier qu'il était vraiment là. Après tout, j'avais passé plusieurs heures à me demander lequel lui conviendrait le mieux. Il avait beau ne pas le montrer, je savais que certains détails dans ses cadeaux lui faisaient plus plaisir que d'autres. Je le connaissais assez pour cela.

Cependant, lorsque j'y réfléchissais plus sérieusement, je me demandais si celui-ci lui avait réellement fait plaisir. Égarer ses affaires lui arrivaient peut-être de temps en temps, mais si vite...

L'avait-il perdu volontairement ? Lui rendre ne serait d'aucune utilité, dans ce cas.

Quand Heeseung me le rendit à la pause, je le mis dans ma poche. Et je le gardai jusqu'à la fin de la matinée en me demandant s'il avait vraiment eu l'air peiné en m'annonçant à la fin de la journée qu'il ne le trouvait plus.

À la pause déjeuner, entre deux bouchées de riz infâme, je me rappelai qu'il était là. Jake, lui, semblait plutôt se réjouir de ce qu'il y avait dans son assiette.

« Tu veux qu'on passe au centre commercial, après les cours ? me demanda-t-il avant de gober sa fourchette. Le prof n'est pas là. »

L'idée m'aurait paru appréciable si je n'avais déjà pas dépenser tout mon argent de poche du mois dans ce pendentif. Ma gorge se serra en y repensant ; si l'ami de Heeseung ne l'avait pas retrouvé, ressortir si vite comme si de rien n'était me pèserait.

« Je ne sais pas, eus-je seulement le courage d'avouer. Je n'ai plus d'argent.

- T'inquiète, je paierai tout. »

Ce fut subtil, mais assez long pour que je le remarque ; le regard fuyant, sa lèvre inférieure mordue, sa fourchette pataugeant un peu plus lentement dans son assiette avant qu'il ne de décidé à manger. Je remarquai tout, et je sentis mon cœur de serrer. Premier jour ou non, Jake restait maladroit. C'était pardonnable, après tout, n'était-ce pas ?

Je voulais le sortir, comme ça, sans motif, sans mots, aussi, ce collier de ma poche. Le lui rendre, le pardonner, lui dire que même si j'y avais mis toutes mes économies, ce n'était pas grave une fois qu'il l'avait de nouveau dans ses mains. Je me sentais faible face à sa bouille.

Mais ce n'était sans doute pas le bon moment, et ç'aurait été peut-être trop gênant venant de moi, là, à ce moment précis. Ma main s'était serrée sur ma poche, mais je me ravisai. À la place, je préférai en conclure, orné de mon meilleur sourire :

« Allons-y, dans ce cas ! »

À quatre heures, en patientant pour le dernier cours de la journée, la Lune glissait entre mes doigts. Je ne savais qu'en faire, si ce n'était la terrer quelque part au fond de mon sac en attendant une nouvelle occasion de la lui donner.

« Oh, tu l'as retrouvé ? »

Jake s'installa en face de moi. Ses yeux ne cessaient d'alterner entre mon visage et mes mains. Sa confusion devait être aussi totale que la mienne ; je ne l'avais pas vu arriver - tout comme je n'avais pas remarqué la sonnerie, en fin de compte. Mais il était là, et je n'avais plus qu'à le lui rendre.

Me défaire du collier, le laisser entre ses mains.

Ploc ! Comme si c'était fait.

« Un pote l'a retrouvé. »

À moitié faux, à moitié vrai. Ce n'était pas un de mes potes, mais il l'avait retrouvé. Peu importait. Si je le croisais - en omettant le fait que Heeseung ne m'avait pas du tout dit qui c'était - je tâcherais de le remercier.

J'avais beau lui en encore lui en vouloir, j'étais quand même soulagé de savoir qu'il était ravi de l'avoir à nouveau entre les mains.

« Remercie-le pour moi ! »

Parce qu'après tout, je fondais toujours pour son sourire.

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