~Chapitre 02~

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~Chapitre 02~

(ou quand s'excuser est une épreuve qui vaut le coup)

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Ranpo toqua timidement au heurtoir doré de la porte. Il ne voulait pas être ici, mais Yosano l'avait "poliment" déposé en revenant d'une enquête. Elle savait qu'il ne connaissait pas le chemin pour rentrer à l'Agence (la traitresse) tout comme elle savait qu'il n'aimait pas s'excuser. Certes, il le reconnaissait, il s'était peut-être un peu emballer pour rien la veille. Il n'aurait peut-être pas dû, connaissant le terrible manque de confiance en lui qu'avait son ami écrivain, s'énerver sur lui comme ça et dire aussi crûment tout ce qu'il avait dit, mais il était certain que ce dernier ne lui en voudrait pas. Atsushi lui avait dit avoir bu un verre avec lui et avait déclaré qu'il ne semblait pas si abattu. Mais Yosano n'avait rien voulu entendre et avait déposé le détective aux yeux verts littéralement devant chez l'écrivain. Ranpo se trouvait donc devant la maison de son ami, se balançant d'un pied sur l'autre. 

La porte s'ouvrit finalement et un sourire apparut sur le visage de Poe. Karl n'était pas sur ses épaules, le détective supposa qu'il dormait à l'intérieur. 

-Ranpo, s'exclama doucement le brun, je t'en pris, entre ! 

"Il est entrain d'écrire" remarqua intérieurement le plus petit en esquissant un sourire à la vue des doigts tachés d'encre du plus grand. 

-Je ne te dérange pas au moins ? s'enquit-il tout de même. 

-N-Non, je ne faisais rien... rien de spécial... répondit l'américain maladroitement. Je t'en pris, fait comme chez toi. 

Ranpo avait l'habitude de cette petite remarque que formulait Poe à chaque fois qu'il passait lui rendre visite. Elle le faisait toujours sourire, puisqu'en soit, la maison de Poe ne correspondait pas vraiment à ce qu'un japonais aurait comme chez lui. Cela lui fit presque oublié l'hésitation de l'ancien architecte sur sa première phrase. "Pourquoi ment-il ? Il ne me le cache pas quand il écrit d'habitude !" se demanda le noiraud. Il ne posa pas pour autant la question et fit "comme chez lui" c'est à dire prit un truc à grignoter dans le frigo. Poe partit dans son bureau deux minutes et ferma la porte derrière lui, ce qui convainquit Ranpo sur le fait que l'écrivain lui cachait quelque chose. Il aurait pu deviner quoi si il l'avait voulu mais il préféra faire confiance à son ami. Ce dernier finit par ressortir (sans Karl qui dort toujours) en s'excusant de l'avoir fait attendre. 

-Tu avais besoin de quelque chose de spéciale ? se renseigna-t-il, rappelant au détective la raison de sa venue. 

-Je... voulais... m'excuser. Pour hier. Je me suis peut-être énervé un peu fort pour pas grand chose. 

Il avoua ça du bout des lèvres, trouvant un soudain intérêt aux murs. Un sourire doux prit place sur le visage. 

-Non, tu as bien fait. 

-Hein ? s'étonna le noiraud. 

-Un écrivain ne doit pas oublier une règle essentielle : la qualité doit passer avant la quantité. J'ai mit six ans pour parfaire mon plan destiné à te vaincre. Je ne pouvais pas faire aussi bien en ne prenant que quelques semaines. J'ignore quand je pourrais te passer un nouveau livre. Je pense qu'une pause s'impose le temps que mes idées reviennent. Mais j'écrirai le meilleur polar qui soit. 

Ranpo ne pu retenir un sourire devant tant de détermination. Tout comme il ne pu retenir une remarque taquine. 

-Alors pourquoi tes mains sont déjà tachés d'encre ? Je croyais que tu voulais faire une pause ! 

Un roman rien que pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant