une minute.

one

Des perles d'eau s'écrasaient sur les pavés avec fracas, assourdissant les bruits de la rue dévorante de vie, assaillante de senteurs et conquérante des coeurs.

Des centaines de fleurs noirs avaient éclot sur la chaussée, recouvrant les sombres visages déjà mangés par les hauts cols des pèlerines. C'était comme si un champs d'ancolies se tournai vers le ciel pour mieux le regarder pleurer. Oh, ça l'arrangeai bien, que personne ne puisse voir que l'orage était dans sa tête aussi, et que son coeur subissait des éclairs.

Ses chaussures claquèrent les carreaux de faïences alors qu'il entrait dans le hall de la pension où il logeait. les pleureuses à sa suite se glissèrent au sol avec un rythme sporadique, la procession funéraire s'avançant vers les escaliers de bois, qu'il montait rapidement de peur de créer une cascade.

Arrivé au premier étage, il ôtait ses gants de cuir, usés, dévoilant des taches d'encres le long de ses doigts, et ouvrait l'unique porte blanche du corridor avant de la fermer derrière lui. Il laissait son lourd manteau étouffer la patère, retirait son écharpe et se laissait tomber dans le fauteuil faisant face à la cheminée.

Ses mains trouvèrent leurs chemins dans ses cheveux noirs emmêlés par la pluie, et son corps se recourbait, pour atteindre la chaleur du feu mais l'empêcher de danser dans les yeux de l'écrivain. Quand son dos commença à trop souffrir de cette position malaisée, il se redressa et partit se changer pour descendre dîner.

Lorsque, ajustant les manches de sa chemise, il tiqua à l'infamiliarité du vide de son bureau, et la fierté enserrait sa gorge. Depuis les huits mois écoulés depuis qu'il séjournait à l'hôtel, jamais il n'avait été désert de documents. L'absence de son manuscrit, de ses piles de feuilles attachées par de fragiles trombones et de celles éparses le déstabilisait.

Il secouait la tête et enfilait le reste de son costume. Lorsqu'il descendit, l'escalier pleurait encore du va-et-vient des autres clients.