II

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II. parfum et cigarettes.






Il n'avait pas réussi à dormir.

La pièce était bien trop vide pour qu'il puisse fermer l'œil. Ses démons étaient penchés au-dessus de son lit et lui riaient au nez, ils faisaient un vacarme trop silencieux.

Il se leva et troqua son vieux pyjama contre son jean et son t-shirt. Peut-être qu'en sortant, en s'aérant la tête, son cœur l'imiterait ?

Winwin se contempla un instant dans la glace de la coiffeuse qui trônait dans un coin. Il n'aimait pas son reflet, il n'aimait pas son visage lisse, sans expression, juste un masque de cire qui lui collait à la peau.

Il n'était pas bien réveillé, mais pas si endormi non-plus. Un entre-deux qui lui tordait le cerveau et l'empêchait de marcher droit. Il se rendit tout de même aux côtés de l'étagère près de la porte.

Il déboucha son flacon de parfum qui répandit son odeur singulière et en appliqua sur ses poignets, puis dans sa nuque. C'était devenu instinctif, comme le briquet toujours glissé dans l'une des poches de son pantalon.

Il empoigna le paquet de cigarettes entamé qui lui servira à combattre les démons qui riaient toujours derrière lui.

Sans vraiment plus attendre, il se faufila à l'extérieur de sa chambre et déambula dans les couloirs mal éclairés du vieil hôtel. Il ressemblait au fantôme seul et terrifié qui attendait qu'on l'aide.

L'hôtel ressemblait à l'un de ces appartements parisiens, élégants et mal isolés. Bizarre pour une ville japonaise. Il passa les deux portes battantes bleu clair et s'avança sur le trottoir, sous le lampadaire. On lisait « arco hotel » sur l'enseigne à moitié éclairée derrière lui. Le grésillement que faisaient les néons se mélangeait au son de sa respiration et du crissement de ses baskets sur le goudron défoncé.

Il sortit le briquet de sa poche et créa une flamme avec la pression de son pouce. Il l'observa danser dans l'air et comme hypnotisé, il l'approcha de son visage. Un sourire fendit ses lèvres et il inclina sa tête sur le côté.

Parfois il aimerait bien brûler sa vie.

Un soupir plus tard et il déposa délicatement une cigarette entre ses lèvres et l'alluma sans attendre. Leurs rires s'estompèrent pour les soupirs brouillards. La fumée l'aveuglait alors il préféra fermer les paupières et laisser sa tête retomber contre le lampadaire.

Il sentait le souffle de la nuit sur la peau de ses bras à découvert. Il aimait avoir froid. Il ne restait plus que les extrêmes pour lui faire comprendre qu'il était encore en vie.

Mais franchement, parfois, sa vie ne valait même plus la peine d'être régi par ce mélange de tabac et de parfum.






 Mais franchement, parfois, sa vie ne valait même plus la peine d'être régi par ce mélange de tabac et de parfum

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𝗱𝗶𝘀-𝗺𝗼𝗶Où les histoires vivent. Découvrez maintenant