X

13 0 0
                                    

Ma main caresse la vitre. J'observe son teint livide. Des larmes coulent sur mes joues avant de s'écraser sur ce sol blanc d'hôpital. Des médecins passent derrière moi et leurs discussions provoquent un bruit de fond dans ce long couloir désert. Mon regard se pose alors sur cette multitude de tuyaux qui la garde en vie. Ils avaient promis que ca irait mieux. Ils avaient dit qu'elle guerrirait. Ils avaient dit qu'on s'en sortirait. Ils avaient dis, ces satanés médecins. Un sentiment d'impuissance me submerge soudain. J'aimerais qu'elle ouvre les yeux, qu'elle respire l'air frais de notre parc préfèré, que ses cheveux se mélangent au vent, que ses joues rosées soient caressées par la paume de ma main, qu'elle soit loin de cette clinique où elle meurt à petit feu.

Le premier jour où je l'ai vu, c'était dans mon café. Elle cherchait une commande sur l'énorme tableau accroché au mur pendant que je préparais un café pour un client. Sa beauté n'a su faire détourner mon regard. Un latté macchiato. Je m'en souviendrai pour toujours. Depuis ce jour, elle passait tous les matins dans les environs de 9h, parfois 9h30 lors des vendredis de fins de mois. Tapant sur son clavier, elle travaillait ses futurs articles de presses. J'adorais l'observer du coin de l'œil, le nez dans son ordi, ses cheveux caramel en chignon fait à la va-vite, tombant de temps à autre sur son visage.

Le premier jour où nos lèvres se sont rencontrées, c'était dans le parc du centre-ville. Assis sur un banc en face du lac, on riait de toutes sortes de bêtises. Elle avait un rire qui ressemblait à un gloussement et je trouvais ca adorable. Sa joie était constante, à la moindre chose, elle rigolait. Tout avait alors l'air si simple. La première fois où ma peau a caressé la sienne, c'était chez moi. Mes doigts effleuraient chaque parcelles de sa peau avec fragilité, comme si, d'une seconde à l'autre, elle allait se briser telle de la porcelaine.

Le lendemain, j'appréciais me lever en premier, lui préparer un café mais ne jamais avoir le temps de le lui apporter car elle se levait toujours avant même que je fasse un pas en dehors de la cuisine. Et cela, à chaque fois. Mon petit appartement avait visiblement sût la charmer. Son endroit préféré était mon minuscule salon. Elle y observait souvent ma large bibliothèque avec d'anciens livres et bibelots. J'adorais les vieilles bricoles et je lui ai appris à les apprécier elle aussi. Parfois le dimanche, on allait très tôt au marché pour acheter des légumes pour le diner. Elle me faisait gouter toutes sortes de plats végan, tous plus délicieux les un que les autres. C'étaient une amoureuse des plantes et des légumes, en plus de mes cafés. Je l'aimais, je l'aime et je l'aimerai, même après la mort de celle que j'ai pourtant tant aimé.

textes d'amour et de douceurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant