XI

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Une cigarette à la main, le mascara coulant sur mes joues, je m'adosse contre une vieux mur dans ce quartier miteux. La vue floue j'aperçois quelqu'un qui s'approche de moi mais après quelques secondes de réflexion je comprends que ce n'est qu'une voiture. L'alcool que j'ai ingurgité me fait tourner la tête et j'ai constamment l'impression d'être sur un carrousel. Le regard dans le vide, des larmes coulent. J'approche ma clope de ma bouche et tire dessus avant de recracher la fumée qui aussitôt sortie, se dissipe dans l'air de dehors. Les pensées pleines la tête, je n'aperçois même pas l'homme qui m'interpelle.

- Tu aurais une clope ? demande-t-il

Je ne lui lance même pas un regard et comme machinalement, je sors mon paquet de "Marlboro" L'homme en prend une et me remercie. Il s'apprête à partir quand finalement il s'assoit à côté de moi. Toujours en silence, je sanglote.

- Je ne suis pas dangereux. dit-il en brisant ce lourd silence.

Je soupire.

- J'espère bien.

Il sort un briquet, place la cigarette entre ses lèvres et l'allume. Le feu qu'elle provoque éclaire nos visages. Je tourne le mien vers lui, afin d'observer le physique de l'individu qui vient de me couper dans mon moment de solitude. Un blond, une coupe ressemblant à un mulet, plutôt mignon.

- Tu sais quoi ? ajoute-t-il
- Je ne saurais seulement si tu me le dis.
- J'ai mon paquet sur moi. rit-il

Je lui lance un regard noir. Quel salaud. Il ne m'en restait presque plus.

- Alors pourquoi...
- Car je t'ai vu au loin en train de pleurer. me coupe-t-il d'une voix pleine de réconfort.

Il tourne son visage vers moi. Je lui souris tristement.

- Je ne vais pas te demander qu'est-ce qu'il s'est passé, ça ne me regarde pas, mais je ne vais pas te laisser pleurer dehors à une heure pareille. dit-il

Je tire à nouveau sur ma cigarette.

- Merci pour la cigarette au passage. sourit-il

Je souris à mon tour et lui tape légèrement l'épaule.

- Salaud.

Le temps passe et sa présence me réconforte. Cela fait deux heures qu'on est assis par terre, discutant de tout et de rien. Je remarque soudain que je ne connais toujours pas son prénom.

- D'ailleurs, tu ne m'as toujours pas dit comment tu t'appelles ?

Il me regarde dans les yeux et tend sa main.

- Alexandre. répond-t-il

J'attrape sa main. Elle est chaude. Je la relâche aussi tôt et là laisse tomber sur ma cuisse.

Et comme par magie, on reprend notre conversation. La tête lourde, je la dépose sur son épaule. Il répond à mon geste en enroulant doucement son bras autour de moi. Une atmosphère rassurante plane autour de nous.

- Je travaille au café du coin, passe me voir un jour si l'envie te prend. dit-il doucement.

Un coup de vent froid passe et je me mets à grelotter.

- Tiens, mets ma veste. s'exclame-t-il en me donnant sa veste en cuir noire.

Je la mets et re dépose ma tête sur sa large épaule. Je me mets soudain à rire.

- Plus cliché tu meurs.

Il se joint à moi et se mets également à glousser.

- Rends-la-moi si tu ne la veux pas ! glousse-t-il

J'entrouvre les yeux et aperçois des rayons de soleil. Je me relève, un peu perdue.

- Je me suis endormie ?
- La princesse s'est enfin réveillée. répond-t-il sur un fond légèrement ironique.

Je rougis de honte.

- Merde. Je suis désolée. Je vais y aller.

Je me relève, me retourne et pars rapidement en direction de chez moi. Il se lève à son tour et me suis.

- Attends ! crie-t-il

Je m'arrête. L'envie de m'enterrer six pieds sous terre me paraît la plus appropriée. Il court avant de ralentir à ma hauteur.

- Tu ne m'as pas dit ton prénom. me dit-il en me regardant dans les yeux

Je souris.

- Emily. Avec un "Y".
- Et bah sache Emily que j'ai passé une excellente soirée avec toi. ajoute-t-il en souriant à son tour.

On reste planté là, à se regarder bêtement.

- Ah oui, ta veste.

Je l'enlève et la lui tend. Il l'attrape et avant de la mettre, sort un stylo d'une des poches et me le tend.

- Tu veux bien me passer ton numéro ? dit-il la mine confiante à moitié, par peur de se prendre un refus

Je prends le bic et note mon numéro sur le dos de sa main, un énorme sourire dessiné sur le visage. Je lui rends le stylo, lui lâche un dernier sourire avant de le saluer.

- Bonne nuit, ou plutôt bonne journée.
- À toi aussi, Emily avec un "Y".

Je me retourne, m'éloigne et soupire.

- Quelle soirée...

textes d'amour et de douceurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant