Chapitre 4

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Ukyo fut réveillé une seconde fois en cette belle fin d'après midi, cette fois ci par une délicieuse odeur de viennoiseries et de chocolat chaud. Ryusui ouvrit les yeux au même moment que lui, la perspective d'un bon repas sucré leur donnait déjà meilleure mine. Leurs regards se croisèrent et ils rirent en sachant pertinemment qu'ils avaient tous deux été réveillés par l'odeur de la nourriture. Ryusui lui donna un coup d'oreiller auquel répliqua Ukyo. Etaient-ils assez proches pour ce genre de choses?

François soupira en souirant, quel âge avaient-ils pour se comporter comme des enfants comme ça? Au moins il avait la certitude qu'aucun des deux ne prendrait le risque d'atteindre la nourriture, et c'était déjà une bonne chose. 

François fut agréablement surpris qu'à leur grand âge ils puissent encore touver ce genre de choses amusantes. 


Ryusui eut soudain un éclair de génie, regarda derrière lui et courru le plus vite possible jusqu'à la porte qui s'y touvait. Ce n'était pas la porte d'entrée alors... Ukyo eut un hoquet de stupeur. Ryusui n'aurait quand même pas osé prendre une vraie douche en premier ?

Stupéfait, il se retouna vers François pour vérifier son hypothèse, quand il entendit l'eau de la douche couler. Son expression se décomposa devant le secrétaire qui se retint de rire quelques secondes avant d'atteindre ses limites. Pour se faire pardonner, François poussa un croissant vers le jeune homme. 

Ukyo se jeta dessus mais songeait à sa vengeance envers Ryusui: il n'avait qu'à tout manger avant que ce dernier ne revienne. François servit du thé avant d'apporter des vêtements propres dans la salle d'eau. 

Cela sembla faire 'relativement' culpabiliser le bond qui cria un "Désolé Ukyooo" chantant et pas du tout sincère. 

Au même moment celui-ci trouva l'objet de ses convoitises, celui qui ferait réfléchir à deux fois le capitaine si cela venait à se reproduire. Ukyo, son croissant toujours dans la bouche, mis le chapeau du marin sur sa tête en prenant un air fier dont il n'avait pas l'habitude. 


François rit à nouveau en le trouvant ainsi, et une fois devant le regard poli mais quelque peu gêné - ou était-ce perdu? - du jeune homme, le rassura : 

"Vous avez bien vu que le pronom par lequel m'appelle Monsieur Ryusui ne me dérange aucunement, vous ne feriez pas de faute en me genrant au féminin non plus rassurez-vous. Ne pensez pas à cela plus que nécessaire." Ukyo se détendit et rendit à François son sourire sincère.

Ils continuèrent à parler pendant qu'Ukyo prenait un vrai petit déj' depuis des mois. A 17h30, certes, mais c'était un petit déjeuner quand même, et il le savourait. Il fallait ajouter à cela le coup de coeur qu'il s'était découvert pour la cuisine de François. 


Plongé dans ses pensées il ne remarqua pas tout de suite la présence de Ryusui derrière lui, qui voulait vraissemblablement lui faire peur. Mais son corps réagit tout seul; Ukyo n'était pas devenu opérateur sonar sur un coup de chance, il avait une ouie vraiment développée et des réflexes militaires. Il évita le plus grand qui, loin de se trouver décontenancé pour autant, tourna autour de lui en le fixant intensément. 

Ukyo, perplexe, essaya de trouver une explication dans le regard de François, qui pour sa part semblait trouver cette attitude normale.

"Garde le chapeau, il te va bien"


Ukyo ne s'attendait pas à cela, il le remercia, un peu perdu entre le compliment et l'échec de sa terrible vengeance. Ryusui mangea avec lui dans la bonne humeur avant que le sous-marinier n'aille profiter lui aussi de la douche. 

François avait assuré lui avoir trouvé des vêtements de rechange, et Ukyo lui fit confiance pour ses gôuts vêstimentaires. En entrant dans la pièce, il entendit François s'adresser au plus grand:

"Mademoiselle Suika était la plus chamboullée de ne pas vous trouver ce matin, vous devriez au moins lui permettre d'entrer après la douche de Monsieur Ukyo.

- Elle est à la porte n'est-ce pas? François hocha la tête et Ryusui alla lui ouvrir. 


Ukyo n'entendit pas la suite, mais eut peur d'avoir passé la nuit avec quelqu'un avec qui il n'aurait pas du. Ils n'avaient peut-être rien fait, mais il s'agissait de Ryusui Nanami : il aurait été étonnant que sa famille ne l'ait pas déjà fiancé à quelqu'un. Si c'était le cas et que la nuit dernière semblait suspecte à leurs yeux, Ukyo ne donnait pas cher de sa peau. 

Mais ce serait un problème pour après sa douche, car pour l'instant il l'avait bien méritée. Et il en avait marre de se prendre la tête pour rien. 


Et il s'inquiétait en effet sans raison, car de l'autre côté du mur, Ryusui faisait entrer la jeune Suika qui se jeta aussitôt dans ses bras. Il fit tournoyer l'enfant dans les airs dans un grand cri de joie qui ressemblait vaguement à un "Ryusuiiiiii" enthousiaste. Elle profita du petit déjeuner des garçons pour prendre un goûter un peu tardif. D'habitude François ne voulait pas qu'elle grignotte à cette heure mais comme Ryusui devait s'excuser, il l'y autorisa exceptionnellement.


Lorsqu'Ukyo revint, quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que la petite Suika avait en fait 11 ans, des lunettes rondes décorées de petites pastèques, et comme Ryusui et François, des cheveux blonds et un grand sourire toujours collé aux lèvres. 

Tout comme Ukyo avait instantanément aimé François, il eut un coup de coeur réciproque avec la fillette. Ils sortirent tous les quatre, et Ukyo remarqua seulement à cet instant une bonne dizaine d'appels manqués sur son téléphone. Il prit sa tête dans ses mains avec l'impression d'avoir toujours un train de retard depuis qu'il était sorti du submersible. Et sa permission ne faisait que commencer.


Ukyo ne voulait pas quitter les trois autres mais du s'absenter pour rappeler ses amis. Avec un peu de chance ils seraient tous ensemble et il gagnerait du temps. Il rappela Gen, et éloigna aussitôt son téléphone de son oreille: bon réflexe.

 Ses amis étaient bien tous ensemble à en croire le boucan qu'ils faisaient, et après s'être fait passé un savon par cinq personnes en même temps, Ukyo fut content de n'avoir à subir ça qu'une seule fois.


 A l'autre bout du fil, ses amis s'étaient calmés et Gen expliqua:

"Comme tu rentrais hier on s'est dit qu'on te laisserait tranquille et qu'on passerait la journée d'aujourd'hui ensemble... Mais t'as pas répondu alors que même tu-sais-qui est là.

- Attend QUOI!? "

Ocean eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant