Je n'en crois pas mes yeux. Ce mec, c'est Hunter ?! Sérieusement, je ne l'imaginais pas du tout comme ça. À quoi est-ce que je pensais, franchement ? Le gars n'a rien à voir avec l'image que je m'étais faite. En fait, je ne l'avais jamais vraiment imaginé. Et là, me voilà prise de court. Ma soufflante intérieure commence à dérailler. On se regarde, sans un mot, un silence lourd comme un nuage orageux prêt à éclater. Mon père, dans son coin, nous observe d'un air amusé, sans doute curieux de voir qui va craquer le premier. Je parie que ça va être moi.
Et là, Hunter, avec son air décontracté, se permet de sourire. Oh non, il ne va pas...
— Hé bien, chaton, on a perdu la parole, à ce que je vois !
J'ai presque l'impression que le monde autour de nous se fige un instant. Hunter avec son sourire en coin et ce ton arrogant qui me fait littéralement bouillir de l'intérieur. Ce mec, je vous jure. Je suis prête à exploser. Le rouge me monte aux joues comme une décharge électrique, et je sens cette chaleur, cette colère brûlante m'envahir. La hargne, tout ça revient. Je n'ai plus aucune patience.
Je m'avance vers lui, un pas décidé, et avant même que je n'y réfléchisse, je me colle à lui, presque jusqu'à lui écraser la poitrine. Je l'attrape par le col de son t-shirt et le tire vers moi, le forçant à baisser un peu la tête. J'ai besoin de le rabaisser, de lui rappeler qui est le patron.
— Écoute-moi bien, connard. Tu te prends pour qui, à jouer au coq comme ça au milieu de la basse-cour ? T'as un complexe d'infériorité ou tu cherches juste à combler un vide dans ta vie ?
Je suis à deux doigts de lui exploser à la figure, et ça me fait du bien.
— Tu vas redescendre de ton piédestal, immédiatement. N'oublie pas ta place. Et ne me parle plus jamais comme ça. Et surtout, ce sourire là... garde-le pour toi. Moi, ça ne me fait ni chaud ni froid.
Je le laisse à peine le temps de respirer avant de m'approcher de son oreille, mon souffle effleurant sa peau, et je lui souffle d'un ton plus glacial encore :
— Fais ton job, et laisse moi tranquille mon poussin.
Je le lâche brusquement, comme un fauve qui se déchaîne après avoir chassé. Il ne dit rien, mais je vois la tension dans sa mâchoire, le petit tremblement qu'il essaie de réprimer. Son sourire en coin ne bouge pas, mais il est plus nerveux que ce qu'il veut bien montrer. Je le défie du regard avant de me détourner de lui avec un dernier regard noir. Je le laisse là, sans attendre, et je perçois mon père qui secoue la tête, un petit sourire en coin, comme s'il approuvait ma manière de faire. Je suis loin de tout ce que j'ai vécu avant, mais cet endroit, ce moment, je me sens prête à tout affronter.
— Papa, tu peux me donner les clés, s'il te plaît ? J'aimerais bien commencer à m'installer.
Je suis enfin chez moi, dans mon nouvel appartement. C'est étrange. J'ai l'impression d'être dans un autre monde. Je regarde autour de moi, et bien que l'endroit soit encore vide, presque tout neuf, il y a quelque chose de rassurant dans cet espace. Un nouveau départ. Une page blanche. Ce n'est pas juste un appartement, c'est ma chance. C'est un peu comme une promesse de changement. Je n'avais jamais pensé que j'y arriverais, mais me voilà ici. Et même si la situation reste un peu floue, que l'incertitude me serre la gorge, il y a une sensation de liberté qui commence à s'installer. Je me vois déjà m'y installer, créer mon propre cocon.
Je monte un étage avec deux cartons pleins de vêtements. L'odeur du papier et du plastique me fait un peu sourire, même si je suis épuisée. Je pousse la porte et je vois mon père, adossé au bar, fatigué, mais toujours là. Ses yeux trahissent la douleur dans sa jambe, mais il garde ça pour lui. Je le sais, il ne veut pas que je le voie vulnérable. Mais je vois tout de même. Je suis si fière de lui, malgré tout ce qu'il traverse.
— Merci, papa. Pour tout. Vraiment. Mais repose-toi, je peux gérer. Je suis une grande fille maintenant.
Je vois son regard, un mélange de tendresse et d'aggacement. Il secoue la tête avec un léger sourire.
— Ma fille, je ne suis pas un vieillard, tu sais. J'ai encore des muscles sous cette peau, même si cette maudite jambe me fait des misères de temps en temps.
Je souris, mais au fond de moi, je sais qu'il souffre plus qu'il ne veut l'admettre. Ce n'est pas facile pour lui, ni pour moi d'ailleurs. Mais ce déménagement, ce changement, c'est ce dont j'avais besoin. Un moyen de repartir à zéro, loin de Marysville et de tout ce que j'y ai laissé derrière moi.
Je m'assois un moment, épuisée. Mais j'ai aussi l'impression que ce moment entre nous, ici, est important. Ça me fait du bien de voir mon père dans son élément, même s'il semble fatigué. Je sens la chaleur dans mon cœur, une sorte de gratitude qui ne sait pas comment s'exprimer autrement qu'en un simple regard, une poignée de main ou un baiser sur la joue.
Je m'occupe des cartons, et puis je m'arrête un instant pour lui rendre hommage, simplement.
— Tu sais, papa, je suis contente d'être ici, avec toi. Même si c'est dur, même si Marysville me manque parfois, je suis contente d'être là. De commencer quelque chose de nouveau. Tu m'as vraiment beaucoup aidée, et je sais que je ne te le dis pas assez souvent.
Il me regarde, un peu surpris, avant de sourire. Ce n'est pas facile pour lui d'être tendre, mais quand il le fait, je le vois. C'est tout ce que j'ai toujours voulu. C'est lui qui m'a appris à ne jamais baisser les bras.
— T'as tout ce qu'il te faut ici, Abby. Et tu sais que je suis là pour toi, quoi qu'il arrive. Si tu as besoin, je suis toujours là. Et même si tu ne veux rien avoir à faire avec le club, tu es une Jagged maintenant. Tu fais partie de la famille. Ne l'oublie jamais.
Je n'ajoute rien. Mais j'ai envie de pleurer et de le serrer encore plus fort. Ce n'est pas facile de montrer nos sentiments, mais je sais qu'il sait. Même quand il essaie de dissimuler tout ce qu'il ressent, moi je le vois. Il est là, et c'est tout ce qui compte.
— Merci, papa. Pour tout.
Un silence s'installe entre nous, mais il est doux, confortable, comme un câlin silencieux. Ça n'a pas besoin d'être dit pour qu'on le ressente. J'entends mon père tousser, hésitant, et je sais qu'il a quelque chose sur le cœur.
— Abby, ce soir, les gars ont organisé une petite soirée en ton honneur. Ce serait bien que tu viennes. Ils t'attendent pour te souhaiter la bienvenue.
Je fronce les sourcils, hésitant.
— Papa, vraiment... je suis épuisée par cette journée. J'ai eu ma dose de bikers pour aujourd'hui !
Mais il insiste, et je vois qu'il n'est pas prêt à me laisser m'échapper aussi facilement. Il me connaît trop bien.
Il rigole doucement, comme s'il savait qu'il allait gagner.
— Allez, grincheuse, tu n'as rien à manger de toute façon. Et tu oublies que tu dors chez moi ce soir !
Je soupire, agacée mais aussi amusée. Je n'aime pas ce surnom de "grincheuse", mais je me rends compte qu'il a raison. Il n'a pas tort. De toute façon, il ne me laisse pas vraiment le choix.
— D'accord, d'accord, t'as gagné. Mais laisse-moi juste prendre quelques affaires, ok ?
Il sourit, satisfait, et me donne un petit coup de coude.
— Prends ton temps. Mais pas trop. On part dans quinze minutes !
Je roule des yeux, mais ça me fait sourire. Je sais que je ne vais pas tarder. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'on se retrouve au centre de l'attention d'un groupe de bikers.
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Skull Of Death [RÉÉCRITURE]
RomanceÀ la suite d'un accident tragique, Abby n'a d'autre choix que de tout abandonner et de recommencer à zéro. Mais pas n'importe où ! Elle se retrouve à Cheyenne, sa ville natale, où vit toujours son père, ancien président du redoutable club de motards...