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Potter,
Si je t'écris cette lettre, c'est parce que je
Non, ça ne va pas.
Harry,
Si je t'écris cette lettre, c'est p
Ça ne fonctionne pas non plus. Peut-être ferais-je mieux de commencer par Potter. Après tout, on ne connait pas personnellement. Enfin mis à part si s'insulter dans les couloirs et gâcher les potions l'un de l'autre est ce qu'on appelle « se connaître personnellement ». Pourtant tu vois, j'aurai bien voulu pouvoir écrire que c'était le cas.
J'aurai bien voulu.
Or ce n'est le cas et c'est pour ça que je pense que je vais rester sur Potter. Mais ça fait beaucoup trop impersonnel à mon goût et avec ce que je vais te confier, ça pourrait peut-être paraitre étrange. Comme si je parlais à un inconnu. Sauf que je ne veux pas parler à un inconnu. C'est à toi que je veux parler, à toi que je veux adresser ces mots, à toi que je veux dédier toutes ces lignes qui brûlent depuis si longtemps au fond de moi.
Alors au lieu de rechercher comment t'appeler, il serait sans doute mieux que je commence enfin cette fichue lettre.
Je ne te déteste pas Potter et peu importe la force avec laquelle tu le crois. Je sais que c'est difficile à accepter. J'ai moi-même eu du mal à le faire. Il m'a fallu du temps, beaucoup de temps. 7 longues années pour être précis. Il m'a fallu 7 longues années pour comprendre que mon comportement à ton égard n'avait strictement aucun sens. Il était cruel et personne ne mériterait de subir ça. De plus, je n'aimais pas me comporter ainsi ; j'avais beau faire comme si c'était le cas, il avait toujours une partie de moi qui aurait voulu faire autrement.
J'ai toujours fait semblant et je le réalise enfin après tout ce temps. J'ai été un sacré abruti et j'aimerai pouvoir effacer le passé. Cependant une telle chose n'est pas possible. On ne peut pas sans cesse revenir sur ce qu'on a fait et modifier nos actions. Et pourtant Potter, il y en a des choses que j'aimerai pouvoir effacer. Mon comportement hautain lors de notre première rencontre. Le commentaire ignoble que j'ai fait à propos de Ron et de toute sa famille. Tout ce que j'ai pu te dire pour faire plaisir à ceux qui se prétendent être mes amis. La foutue marque noire sur mon avant-bras.
Mais on ne peut pas remonter dans le temps et on ne peut pas effacer nos erreurs, aussi affreuses soient-elles et peu importe la force avec laquelle on le souhaite.
La vie n'aurait plus de sens sinon. Car quel sens y aurait-il à toujours pouvoir revenir dans notre passé pour le modifier à notre guise ? Pour effacer tel erreur ou emprunter tel chemin ? Ce sont les chemins que nous choisissons de prendre et les erreurs que nous faisons qui font de nous la personne que nous sommes. Evidemment qu'il serait préférable de toujours y arriver au premier coup et de ne jamais se tromper. Mais ce n'est pas ça la vie. La vie c'est de faire des erreurs et d'apprendre de celles-ci pour devenir meilleur. La vie c'est d'emprunter des chemins et réaliser que même si nous ne prenons pas toujours ceux que nous aurions voulu, de biens belles choses nous attendent au bout de chacun.
J'ai fait des erreurs et mes pas ne m'ont pas toujours mené dans les meilleurs chemins. Mais s'il y a un chemin que je ne veux plus emprunter et une erreur que je ne veux plus commettre c'est bien de croire à cette affirmation : Drago Malfoy déteste Harry Potter.
Ce n'est pas simplement que je ne déteste pas Potter. En fait, je ne t'ai jamais détesté.
C'était plus simple de se comporter comme je le faisais, d'ignorer la réalité, de refuser de croire ce que mon cœur lui, savait déjà depuis le premier jour.
Je t'ai aimé.
Le Prince de Serpentard a aimé l'Hériter de Godric Gryffondor. L'hériter de la grande et sombre famille Malfoy a aimé le garçon orphelin élevé par les pires moldus de la Terre. Le futur mangemort...
Enfin, je ne crois pas avoir besoin de continuer les comparaisons. Je pense que tu vois parfaitement ce que je veux dire : nous sommes les pires ennemis de Poudlard. Tout comme Severus et James l'avaient été avant nous. Tout comme Godric et Salazar l'avaient été avant eux. Après tout nous deux, tout comme l'ensemble des élèves, le savons pertinemment : jamais un lien ne pourra unir un Serpentard et un Gryffondor si ce n'est celui de la haine. Pendant longtemps je me suis fait cette idée et j'ai décidé que le mieux était d'aller dans son sens. Puis un jour, j'ai réalisé qu'au fond de moi se terrait bien un sentiment à ton égard. Seulement, c'était tout sauf de la haine.
Aucun événement n'aurait pu nous amener à sortir ensemble et je le savais pertinemment. Quelquefois pourtant, j'ai laissé mon cœur s'emballer et mon imagination faire des siennes.
En potion, je rêvais qu'au lieu de participer à faire rater ta mixture, je t'aidais à la préparer. Qu'au lieu de clamer haut et fort que tu étais un idiot lorsque tu recevais une mauvaise note à tes devoirs, nous nous aidions l'un l'autre dans les matières dans lesquelles nous éprouvions des difficultés. Qu'au lieu de te balancer des insultes, je t'aurai offert des mots d'amour. Qu'au lieu de t'adresser des regards mauvais, je t'aurai lancé des regards traduisant tous les sentiments que j'éprouvais pour toi. Qu'au lieu de prétendre à mes « amis » que j'étais prêt à utiliser mes poings pour te frapper et sauver l'honneur des sang-purs, je leur aurais dit en face que je me préférais me servir de mes bras pour t'enlacer et te prouver que cette fichue histoire de sang vieille de mille ans, je n'en avais rien à faire.
Je rêvais qu'au lieu d'utiliser mes lèvres pour dire du mal de toi, je les aurais utilisées pour les poser sur les tiennes.
Alors voilà, je sais que tu ne liras jamais cette lettre. Je sais que ces mots ne te parviendront jamais. Mais ça m'a fait du bien de t'écrire, d'écrire tout ce que je ressentais.
Je ne t'enverrai pas cette lettre Potter. Je pense même que je vais brûler dès ce soir. Car je n'ai pas besoin de la garder, ou même de la relire. L'écrire a été amplement suffisant.
Je ne t'avouerai pas tout ce que je t'ai livré ici. Je vais faire tout mon possible pour que mes sentiments deviennent de moins en moins forts et qu'un beau jour, à défaut de complètement les oublier, je parvienne à les ignorer. Je pense que cela est mieux ainsi. Il vaut mieux que nous continuions à être les ennemis que nous avons toujours été. Il vaut mieux que les choses continuent telles qu'elles ont toujours été.
Même si elles ne seront plus jamais au fond de moi. La guerre approche et je vais devoir choisir mon camp. Je suivrai mes parents car c'est le rôle de l'héritier Malfoy... mais si jamais il m'est donné une seule et unique occasion de te venir en aide, de te sauver des griffes de Voldemort, tu peux être assuré que je ferai tout mon possible. Et ce sera là l'unique preuve de l'amour que je porte.
Et il n'en aura pas d'autre.
Car lorsque la guerre prendra fin, je mènerai cette vie que rêvent de mener toute personne qui survit à une guerre : je trouverai une femme, l'épouserai, achèterai une charmante petite maison avec un immense jardin fleurie, adopterai un chien ou peut-être un chat et un beau jour, des enfants viendront égayer tout cela. Sans doute qu'au fil du temps, j'apprendrai à aimer cette existence et l'épouse à mes côtés. Sans doute que cette petite vie paisible me rendra heureux.
Toi Potter, je sais que c'est le genre de vie dont tu rêves. Et je le sais au fond de moi : tu y auras droit. A la femme, aux enfants, au bonheur. A l'amour.
Pour ma part, je sais que plus jamais je n'éprouverai de tels sentiments et certainement pas pour un homme. Car je n'aime pas les garçons.
