Chapitre 1

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Les éclats de verre, les cris incessants, le parquet qui grince, les portes qui claquent. La peur au ventre, la poitrine qui se serre, le cœur qui semble s'arrêter, la gorge qui fait mal. Elle se demande pourquoi, pourquoi cela lui arrive. Elle est recroquevillée dans un coin du salon, sans ne plus arriver à supplier d'arrêter depuis bien longtemps. Son crime ? Avoir renversé un café. Sa punition ? Des coups encore et encore. Naître maladroite dans cet enfer est une malédiction. Pour oublier, elle fixe le sol, le carrelage noir et froid. Carrelage strié en petit carreau. Le carrelage qu'elle rencontre bien trop souvent. Soit forte, se dit-elle, c'est bientôt fini. Il faut juste le supporter encore. Encore un peu. Mais la douleur, même habituelle, est stridente. Son ventre se contracta dans l'espoir d'atténuer sa peine, ses doigts se resserrent sur ses boucles brunes, et ses dents martyrisent sa lèvre inférieure.

Une heure. Une heure, avant qu'elle soit autorisée à rejoindre sa chambre, presque rampante dans les escaliers en bois qui craque sous son corps meurtri. Elle n'arrive même pas à pleurer son sort, a-t-elle sans doute oublié comment faire. Après tout, c'est sans doute sa faute. Tout ce qu'elle peut faire, maintenant, c'est aller se laver, malgré que l'eau lui donne l'impression de brûlé vive quand elle ruisselle sur ses plaies ouvertes, comme si cela l'amusait à prolonger son supplice. Puis, des bandages s'ajoutent aux anciens, avant de pouvoir enfin se plonger dans son lit, souhaitant intérieurement ne pas se réveiller le lendemain.

Malheureusement, le lendemain, elle se réveille dans sa chambre éclairée par les premiers rayons de soleil, atténuée par les rideaux blancs tirés devant sa fenêtre. C'est Misty qui la réveille, un chat noir aux yeux dorés qu'elle a adopté il y a quelques années. Il n'est pas vraiment à elle, il vit dehors, mais la jeune fille laisse toujours la fenêtre de sa chambre ouverte quand elle est là pour qu'il puisse entrer. Sinon, elle n'aurait aucun animal ici. Il semble intelligent puisqu'il est toujours discret et ne s'est jamais fait prendre. Heureusement.

Elle soupire en se levant, grimaçant un peu. Les courbatures sont rudes, mais avec le temps, on s'habitue un peu. Elle prend ses affaires de cours, flatte la tête de mon ami félin qui saute sur la fenêtre pour sortir, elle vient fermer derrière lui, lui promettant de passer plus de temps avec lui ce soir. Descendant alors son sac sur le dos, elle passe devant la cuisine pour aller vers la porte d'entrée, mais son bourreau l'interpelle.


- Maeri ?


Elle s'arrête à contrecœur, retenant un soupire en faisant marche arrière pour se placer dans l'encadrement de la porte.


- Oui ?

- Tu n'oublieras pas de faire les courses ?

- Oui oui.

- Et euh..


Elle le regarde alors sans répondre, attendant sa réponse. Elle le voit se lever alors en posant son téléphone et venir vers elle avant de poser sa main sur sa tête.


- Tu m'en veux pas pour hier soir hein ? J'ai passé une mauvaise journée et...

- Je ne t'en veux pas. C'était ma faute, je n'aurais pas dû renverser ton café.

- Super à ce soir alors.


Elle acquiesce, s'inclinant poliment avant de sortir la mâchoire serrée. Elle marche un moment avant de soupirer et de se détendre un peu, rejoignant son arrêt de bus en silence, remontant son écharpe émeraude sur son visage triste et fade s'asseyant à une place libre.

L'école est à une quinzaine de minutes, elle y arrive rapidement. Elle rejoint sa classe alors, serrant le bas de son manteau, essayant d'être aussi invisible que possible. Elle n'aime pas l'école non plus. Elle n'a qu'un ou deux amis, mais le reste semble l'avoir prise en grippe. Parce qu'elle avait bousculé une des filles populaires du lycée. Pourtant, la principale concernée ne lui a jamais rien reproché, ce sont ses groupies qui s'en chargent. Elle lâche un soupire alors qu'une tape dans le dos l'a fait grimacer dans son écharpe, tournant le regard pour voir Sacha, un ami de sa classe.


- Salut ! Ça va ?

- Oui.

- Toujours aussi bavarde. Aller on va être en retard.


Elle le suit, dans la salle déjà remplie. Ils sont au fond, passants dans les rangées encombrées. Cela se passe trop bien jusque-là, se dit-elle. Du moins, elle a parlé trop vite, revoilà son meilleur ami le carrelage. Le carrelage froid et blanc. Dur et peu confortable. Elle entend les rires derrière elle. Maeri se mord la lèvre et se lève, sans rien dire, rejoignant sa place en silence.

L'heure de manger arrive. Mais elle est externe, et le sort s'acharne sur elle, on lui a piqué son bento. Elle rejoint un endroit calme de la cour pour attendre la reprise, s'adossant à un arbre et ferme les yeux.


- Tu es une idiote.

Mini MinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant