Maeri observe la porte de sa chambre d'où provenait l'appelle de son tortionnaire. Se planquer dans sa chambre n'a pas suffit, alors qu'elle suffoque rien qu'à l'idée de descendre. Elle se dirige vers la sortie alors, posant sa main sur la poignée glacée, déglutissant difficilement.
- N'y vas pas...
- Parce que tu crois que j'ai le choix.
Lançant un regard vers le Lilliputien qui s'agite sur son bureau, elle ne rajoute rien, quittant la pièce. Les marches grincent, annonçant son arrivée. Le son sec du bois mort lui tord le ventre, alors qu'elle compte combien de pas il lui reste avant d'arriver. Elle se demande si elle a encore fauté quelque part. A-t-elle oublié d'acheter quelque chose ? Sa mémoire lui joue parfois des tours, une tête de linotte qui s'en mord souvent les doigts. Elle s'arrête à l'entrée de la cuisine, observant son aîné assis les pieds sous la table. Il a déjà une canette de boisson alcoolisée à la main, devant un magazine aux filles dénudées.
- J'ai faim.
Elle n'a pas besoin d'en dire plus, se dirigeant vers les placards à moitié remplis. Elle n'aime pas cuisiner, elle n'aime pas cuisiner pour lui. Elle n'aime rien faire pour lui. Pourtant, elle saisit les ingrédients d'un plat simple et rapide, sous le regard de son bourreau qui fait mine d'être plongé dans sa lecture. Elle le sait qu'il ne ratera pas la moindre erreur de sa part. La proie qui lutte pour sa vie se concentre, retenant son souffle en mélangeant les ingrédients dans l'eau bouillante. Elle regarde du coin de l'œil les secondes qui défilent, des secondes meurtrières. Rien que le temps peut être un sujet de discorde. Les mains tremblantes, elle saisit un bol pour le remplir, venant le déposer devant le faux blond. La plus jeune recule, attendant de pouvoir disposer. La peur semble déjà l'étouffer sur place, dans cette maison qui lui semble être une prison. Pourtant, elle est persuadée que c'est sa faute, elle n'arrête pas de faire des erreurs. Son frère est fatigué de travailler pour s'occuper d'elle, de lui payer ses études, de la nourrir, et elle en est ingrate. Il s'excuse toujours, il semble vraiment s'en vouloir. Elle devrait peut-être s'excuser d'être un poids pour lui.
Mae Ho finit par déposer sa bière, les joues légèrement rougies par l'alcool, attrapant son repas. Repas qui finit à terre dans un cri déchirant qui fait sursauter la cadette, accourant vers son aîné. Il se tient la main, ainsi que les jambes où le liquide chaud a eu le temps d'atterrir.
- Espèce d'idiote, pourquoi tu me sers un plat brûlant sans prévenir !
- Je... déso...
La gifle est partie sans qu'elle ne puisse finir sa phrase. La douleur lui mord la joue, et sans pouvoir s'en remettre une autre vient, puis une autre. À nouveau cette pluie de coups. Elle déteste la pluie. Elle déteste le bruit de la pluie. Elle se demande si son cœur va s'arrêter, entre deux soubresauts. Il lui semble qu'il se déchire dans sa poitrine avant de s'écraser toujours un peu plus. Elle avait voulu battre les secondes assassines, c'est la température qui l'a berné. Ses fesses touchent terre sans délicatesse, les bras levés en bouclier, un bouclier bien fragile. Elle tente de fuir les crocs de son calvaire en reculant contre la cloison effritée, son corps criant à l'aide silencieusement, alors que sa voix s'était déjà éteinte il y a quelques années. Pour supporter, elle retient son souffle, bien que ses poumons semblent exploser quand ils se compriment sous la douloureuse torture.
La porte se referme alors que la jeune femme si laisse glisser contre celle-ci, n'ayant plus la force d'avancer. Elle ne sait pas depuis quand elle a quitté sa chambre, elle n'a pas le courage de regarder l'heure sur son vieux téléphone. Ses jambes la font souffrir, moins que son dos. Elle sursaute en sentant un contact étrangé sur son bras dénudé, mais elle identifie bien vite le chat noir qui semblait venir la soutenir. Elle peine à venir glisser ses doigts dans le doux pelage de l'animal, qui l'aide en venant lui-même s'appuyer contre sa main.
Elle croise le regard noisette du petit bonhomme qui l'observe de son perchoir, l'air perdu. À quoi s'attendait-il ? Aucun mot ne parvient à passer la barrière de ses lippes écorchées, le regardant trouver comment descendre par la chaise de bureau. Quelle petite chose. Elle se demande comment il compte l'aider. Il a la taille d'une pomme. Une petite pomme ronde et juteuse. Qu'est-ce qu'une pomme peut faire face au monde noir. Elle ne l'entend même pas courir sur le vieux parquet de sa piaule, le poids plume du petit homme n'arrive même pas à faire bouger les lattes de son plancher. Il semble se passer une éternité, il court, s'approche, mais il semble lutter avec ses jambes raccourcies. Elle a le temps de l'observer, de le scruter, de le sonder. Le visage inquiet, pourquoi ? Pourquoi est-il soucieux de son état ? Elle n'a eu que ce qu'elle mérite. Il a l'air si minuscule face aux abysses.
- Ne reste pas planté là.
Perdue dans ses réflexions, elle n'a finalement pas remarqué qu'il avait fini par la rejoindre. Elle reste là, appuyée contre la porte, soupirant. Même dans sa douleur, elle ne peut pas se poser un instant. Elle se redresse tout de même, par fierté de ne pas se montrer comme une loque face au Mini homme. Elle attrape la pomme dans ses mains, traînant sa carcasse dans la salle de bain. Déposant le bonhomme sur le meuble de la pièce, elle fouille les tiroirs pour en sortir les derniers mètres de bandages du rouleau déjà bien usé.
- Approche, je vais t'aider.
Le regard sombre de la blessée se lève vers son interlocuteur, que veut-il faire de plus ? Elle ne répond pas, venant se poster à sa hauteur. Suivant les indications de Min, elle pose le bandage à ses côtés, alors qu'elle le voit se saisir d'une paire de ciseaux à ongles qui semble géant dans les mains du bleuet.
- Tu vas te faire mal...
- Je ne suis pas un empoté.
Têtu, il s'applique à couper une longueur de tissus, alors que Maeri le fixe, écoutant toujours les instructions. Tendant le bras, elle le laisse couvrir les plaies, sans vraiment lui dire que l'étoffe est trop large pour être efficace. Elle le trouve assez adorable de vouloir penser ses plaies, une première pour elle, toujours à subir seule.
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Mini Min
Fanfiction/!\ TW HISTOIRE COMPORTANT DES SCÈNE POUVANT HEURTER LA SENSIBILITÉ DE CERTAIN