From the Dining Table

Before

" Le foyer c'est le royaume des.     illusions, la source des rêves de bonheur. " Philippe Aubert de Gaspé

C'était un matin d'automne, ceux où le vent chante et dans sa danse emporte les feuilles mortes sur le pavé des rues. Ceux où la lumière baignant les bâtiments reflètes les couleurs chaudes de la saison. C'était une matinée parfaite, pour une journée parfaite.

Sur l'horloge s'affichait l'heure 9h30. Dehors le calme régnait, la plupart des gens étaient déjà en route pour rejoindre leurs lieu de travail, remplir les tâches de la journée, en attendant patiemment de pouvoir rentrer chez eux. Au chaud le soir, profitant des premiers feux de cheminées et de la chaleur de l'atmosphère de cette saison.
Les petites boutiques de l'avenue étaient déjà ouvertes, les quelques voitures passantes ronronnaient tranquillement sur leur passages.

À l'intérieur de la maison, le poste de radio posé sur le comptoir de la cuisine, près du micro-onde, faisait résonner la voix de Peter Volt qui chantonnait joyeusement les nouvelles du matin. Il annonçait la météo du jour, encore une chaude journée pour l'automne, puis quelques informations concernant un match de foot que l'équipe du Manchester United avait remporté hier soir. Aujourd'hui était une journée banale pour tout le monde, mais pas pour les résidents de cette maison coquette et discrète. La veille, les murs étaient témoins de brouhaha incessants et de bruits d'efforts. Le déménagement c'était plutôt bien passé, mis à part quelques verres et tasses cassées. Le peu de meubles ramenés dans le logis ayant aider au bon déroulement de la tâche. Maintenant tout était là, enfin presque. Quelques babioles manquaient sur les étagères, ainsi que deux ou trois cadres sur les murs. Mais dans l'ensemble, tout était déjà charmant et vivant. Comme si les propriétaires vivaient ici depuis quelques années déjà, nourrissant le lieu d'une présence chaleureuse et accueillante. Quiconque venant à la crémaillère se déroulant le lendemain sentirait cette atmosphère chargée d'énergies pures et enlaçantes. C'était comme être enveloppé dans un nuage de coton, au chaud dans un silence reposant et confortable. Les bougies disposées un peu partout accentuaient d'ailleurs ce trait.

Mais le véritable coeur de la maison, son centre et lieu le plus sacré, deviendrait la cuisine. Plus particulièrement cette table ronde et vintage. Elle était en bois d'hêtre, si bien vernie qu'elle paraissait sortir de chez l'ouvrier. Des gravures dorées ornaient les pieds stables, donnant l'effet de vieilles fresques grecques. Nymphes et déesses. Un fin connaisseur pouvait aisément reconnaître Hestia, qui représentait la chaleur d'un foyer ainsi que la tranquillité de ce dernier. Ainsi que Leto connue pour être la déesse de la fécondité et Artemis. Une pièce somptueuse et préservée des méandres du temps. Seulement deux chaises en tissu orange l'entourait, toutes deux venant directement des 60's. Kitch au possible pour les progressistes. Au centre de la table se trouvait un petit verre décoré de fleurs roses et jaunes. Il contenait un minuscule fond d'eau et une primevère blanche.

Rien n'était extravagant et tout était délicat.

Une voix résonna derrière la porte, ainsi que quelques bruits de pas. Louis entra promptement dans la pièce en refermant la porte soigneusement pour ne pas faire de bruit. C'était peut être le seul défaut de la maison. Les portes grinçaient et le vieux parquet couinait. Mais c'était le prix à payer pour le charme de l'ancien et cela n'avait pas empêché de déclencher un coup de foudre chez eux pendant la journée de visite, survenue quelques semaines plus tôt. Après avoir refermer la porte, il se dirigea calmement vers la théière en fonte posée sur la gazinière et pris le briquet à côté pour l'allumée.

Le thé était plus qu'une boisson, c'était un rituel pour eux. Un moment passé à discuter et apprécier ses vertus, réchauffant le corps et l'âme. Quand l'idée de profiter de ce moment privilégié pour le restant de ses jours lui traversa l'esprit, il sentit son coeur prêt à bondir hors de son corps. Louis en avait rêvé de cette vie sereine et paisible. Il avait du souffrir pour ce luxe, mais dieu sait à quel point tout ces choix difficiles n'étaient rien comparé à la promesse d'un éternel bonheur.