Louise, les copains et l'engueulade de M. Philo

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Le lendemain était un jeudi, et Louise attendait autant qu’elle redoutait son cours de philosophie. Elle ne savait pas au juste à quoi s’en tenir avec Lukas -enfin, M. Philo. Est-ce qu’ils étaient ensemble ? En couple ? Ou est-ce que c’était juste comme ça, juste un coup du moment ? Est-ce qu’il l’avait simplement utilisée ou est-ce qu’il était possible qu’il l’aime vraiment ? 

Elle continuait de serrer dans sa poche le petit bout de papier tout chiffonné sur lequel était marqué le numéro de téléphone de son professeur. Est-ce qu’il attendait qu’elle lui envoie un message, ou est-ce que c’était (encore une fois) juste comme ça ? 

En même temps, qui donnerait son numéro ‘’juste comme ça’’… A moins que ce ne soit pour se donner bonne conscience ? Et si c’était un faux numéro ?

Toutes ces questions que se posait Louise, elle aurait aimé les partager avec ses amis, qui discutaient joyeusement devant elle sans qu’elle ne prenne part à la conversation. Mais personne ne semblait voir son trouble, et elle ne savait même pas s’il fallait vraiment en parler. Comment expliquer pourquoi et comment il lui avait donné son numéro sans mentionner les deux heures et demi passées chez elle ?

D’autant qu’elle ne savait pas comment ils réagiraient. Elle savait déjà qu’elle ne voulait pas donner de détails, mais si elle n’en donnait pas assez, au moins Titi et Lys seraient capables de la forcer à en donner sans se rendre compte de la gêne que cela causerait à leur petite Louison.

- Louise… Louise !


- Hein quoi de que oui ?


Toute leur petite bande la fixait, et cela comprenait Tristan (on ne pouvait pas l’appeler Titi, puisqu’il y avait aussi), Eloa (sa copine), Léo, Antoine et Lys. 

- Ça fait cinq minutes qu’on te parle.


Louise baissa la tête.

- Monsieur Philo m’a donné son numéro. murmura-t-elle.


- Q U O I ???!!!


- Ah c’est pour ça le T-shirt ! s’écria Lys.


En effet, la jeune fille portait, pour accompagner son jean et ses baskets à lacets bicolores violet et roses, un débardeur en jersey côtelé rose sur lequel était imprimé le mot ‘’ LOLITA’’. 

Mais la sonnerie coupa court à toute discussion et les L durent se rendre en cours de français, durant lequel leur professeur, la vénérable déesse du français Mme Durecoton, lança à Louise et son T-shirt un regard désapprobateur qui montrait qu’elle se demandait bien si son élève connaissait le véritable sens de ce nom.

Dès l’intercours, les cinq amis se réunirent dans la serre au milieu de leur bâtiment pour un interrogatoire serré.

- Mais comment t’as eu son numéro ? demandait Lys.


- Il me l’a donné. répondait Louise, la tête basse. 


- Mais dans quelles circonstances ? Vous vous êtes vus en dehors du lycée ? questionnait Antoine.


La jeune fille hocha la tête.

- C’était un rencard ? interrogea Léo.


Elle secoua la tête.

- Vous avez baisé ? est-il vraiment utile de préciser qui a posé cette question.


Cette fois, Romy vira au rouge, puis lentement, très lentement, elle hocha la tête. 

Ce fut un déferlement de beaucoup d’émotions contradictoires dans la petite bande. Antoine, le plus âgé et sans doute le plus sage, ne dit rien, serrant les lèvres, sondant Louise de son regard brun. Lys cria un « Woaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa » qui parut si interminable qu’il sembla à Romy qu’elle ne respirait en fait pas, et qu’elle était un robot, parce qu’elle ne reprit pas son souffle durant presque trois minutes. Titi mit un temps à réaliser, mais lorsqu’il eut compris, son visage enfantin se fendit d’un sourire :

Louise et M. PhiloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant