Louise et M. Philo

Louise, le bar, M. Philo et la jupe à boutons

Louise traînait dans sa ville, ne sachant pas vraiment quoi faire. Ses amis étaient soit loin, soit occupés, mais elle avait besoin d'être un peu dehors. Elle marchait donc au hasard, jouant avec les pans de sa longue jupe, prenant une rue à gauche, une rue à droite, avant de finalement s'arrêter devant un bar. 

Elle avait une grande envie d'un verre de limonade bien fraîche. En ce début du mois de mai, il faisait chaud, et marcher dans la ville lui avait donné envie d'un rafraîchissement. La jeune fille entra et commanda sa limonade. Pendant que le barman la servait, elle parcourut la salle de ses grands yeux bruns qui s'arrêtèrent bientôt sur un profil familier.

Monsieur Philo était là, assis à une table, tout seul. 

Cela faisait des mois que notre Louison avait mis le paquet de M&M's dans son casier, et elle s'était toujours demandé s'il l'avait reçu, n'ayant jamais osé lui demander, bien que leurs discussions en fin de cours soient devenues courantes.

Tantôt ils parlaient du cours, tantôt d'autres problèmes philosophiques, tantôt d'eux, de leurs vies, parfois avec Antoine, Lys, ou même Léo et Titi. Souvent seuls. 

C'était la raison pour laquelle, lorsque le barman posa la limonade sur le comptoir et que Louise l'eût payée, elle se dirigea vers la table de son professeur.

- Bonjour, vous attendez quelqu'un ?

- Bonjour, Louise ! Non, je n'attends personne.

Il paraissait étonné, mais arborait un grand sourire.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Louise haussa les épaules.

- J'habite dans le coin alors...

- Toute seule ?

- Non chez mon père.

Louise eut un petit PET ET ROULA UN PET EH OUAIIIIIIS.

Non je dec. Délire de coupage en pleine séance d’écriture, désolée. Reprenons.

Louise eut un petit rire entre l'amusement et la gêne. 

- Ah donc tes parents sont séparés ? T'es chez ton père et chez ta mère une semaine sur deux ?

Le visage de Louise changea immédiatement, devenant plus sombre.

- Non, pas chez ma mère, et je n'ai pas envie d'en parler.

- Ah, pardon. ...Installe toi, vas-y.

Louise s'assit et sirota sa limonade, détaillant la chemise de son compagnon. Elle portait quant à elle un corsage bordeaux et une jupe longue noire qui se fermait sur le devant par des boutons.

Lukas se disait qu'il apprécierait bien d'enlever ces boutons, mais il se reprit ausitôt : après tout, malgré sa maturité et le fait qu'il l'appréciait beaucoup, la jeune fille restait son élève et surtout, elle était mineure. 

Ils discutèrent comme des amis durant un peu plus d’une heure, de la pluie, du beau temps, et de la philosophie, puis Louise se leva :
- Il faut que je rentre avant que mon père et sa copine n’arrivent, ce soir. dit-elle.

- Ils rentrent dans longtemps ?

La jeune fille regarda cet homme qui semblait avoir laissé échapper cette question comme s’il se la posait depuis le début de la conversation sans oser la poser, et qui maintenant se mordait la lèvre. Louise en avait presque envie de l’embrasser, là, comme ça.
- Excuse-moi, c’était très indiscret.

- Non, ce n’est pas grave. répondit-elle en haussant les épaules, toujours souriante. Ils rentrent dans une ou deux heures, je dirais…

Lukas ne répondit rien, se concentrant pour ne pas dire ce qu’il pensait. Notre Louison était déjà debout, et elle avait récupéré son petit sac à main. Elle agitait nerveusement les pans de sa jupe à boutons, et ces mêmes boutons qui dansaient devant les yeux du jeune homme le décidèrent finalement. Après tout, quoi, le courant passait bien, pourquoi ne pas essayer ? Il la laisserait décider elle-même, et puis, si elle ne lui avait encore rien dit jusqu’à présent…

- Je te raccompagne ? 

Le visage de Louise s’illumina.
- J’espérais que vous me le proposeriez !

M. Philo sourit à son tour et il lui offrit son bras. La jupe à boutons ne lui résisterait pas bien longtemps, il en était à présent presque sûr, et ce, bien qu’on ne puisse que douter de tout, sauf du fait qu’on est en train de douter.