Sophie et Paul se promenaient un jour avec leur bonne ; ils revenaient de chez une pauvre femme à laquelle ils avaient été porter de l'argent. Ils revenaient tout doucement ; tantôt ils cherchaient à grimper à un arbre, tantôt ils passaient au travers des haies et se cachaient dans les buissons. Sophie était cachée et Paul la cherchait, lorsqu'elle entendit un tout petit miaou bien faible, bien plaintif. Sophie eut peur ; elle sortit de sa cachette.
« Paul, dit-elle, appelons ma bonne ; j'ai entendu un petit cri, comme un chat qui miaule, tout près de moi, dans le buisson. »
PAUL. – Pourquoi faut-il appeler ta bonne pour cela ? Allons voir nous-mêmes ce que c'est.
SOPHIE. – Oh non ! j'ai peur.
PAUL, riant. – Peur ! et de quoi ? Tu dis toi-même que c'était un petit cri. Ce n'est donc pas une grosse bête.
SOPHIE. – Je ne sais pas ; c'est peut-être un serpent, un jeune loup.
PAUL, riant. – Ha ! ha ! ha ! Un serpent qui crie ! C'est nouveau, cela ! Et un jeune loup qui pousse un si petit cri, que moi, qui étais tout près de toi, je ne l'ai pas entendu !
SOPHIE. – Voilà le même cri ! Entends-tu ?
Paul écouta et entendit en effet un petit miaou bien faible qui sortait du buisson. Il y courut malgré les prières de Sophie.
« C'est un pauvre petit chat qui a l'air malade, s'écria-t-il après avoir cherché quelques instants. Viens voir comme il paraît misérable. »
Sophie accourut ; elle vit un tout petit chat tout blanc, mouillé de rosée et taché de boue, qui était étendu tout près de la place où elle s'était cachée.
« Il faut appeler ma bonne, dit Sophie, pour qu'elle l'emporte ; pauvre petit, comme il tremble.
– Et comme il est maigre ! » dit Paul. Ils appelèrent la bonne, qui les suivait de loin. Quand elle les rejoignit, ils lui montrèrent le petit chat et lui demandèrent de l'emporter.
LA BONNE. – Mais comment faire pour l'emporter ? Le pauvre petit malheureux est si mouillé et si sale que je ne peux pas le prendre dans mes mains.
SOPHIE. – Eh bien, ma bonne, mettez-le dans des feuilles.
PAUL. – Ou plutôt dans mon mouchoir ; il sera bien mieux.
SOPHIE. – C'est cela ! Essuyons-le avec mon mouchoir, et couchons-le dans le tien ; ma bonne l'emportera.
La bonne les aida à arranger le petit chat, qui n'avait pas la force de remuer ; quand il fut bien enveloppé dans le mouchoir, la bonne le prit, et tous se dépêchèrent d'arriver à la maison pour lui donner du lait chaud.
Ils n'étaient pas loin de la maison, et ils furent bientôt arrivés. Sophie et Paul coururent en avant, à la cuisine.
« Donnez-nous bien vite une tasse de lait chaud, dit Sophie à Jean, le cuisinier.
– Pour quoi faire, mademoiselle ? répondit Jean.
– Pour un pauvre petit chat que nous avons trouvé dans une haie et qui est presque mort de faim. Le voici ; ma bonne l'apporte dans un mouchoir. »
La bonne posa le mouchoir par terre ; le cuisinier apporta une assiettée de lait chaud au petit chat, qui se jeta dessus et avala tout sans en laisser une goutte.
« J'espère que le voilà content, dit la bonne. Il a bu plus de deux verres de lait. »
SOPHIE. – Ah ! le voilà qui se relève ! Il lèche ses poils.
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Les Malheurs de Sophie
NezařaditelnéSophie est une petite fille curieuse et aventureuse. Elle commet bêtise sur bêtise avec la complicité critique de Paul, son cousin, qui est bon et qui tente de lui montrer le droit chemin. Les Malheurs de Sophie est un roman pour enfants écrit par...