Chapitre 6 ~ Encre et journaux :

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Sophia Hunter posa son aiguille sur la table, lissa le tissu bleu de ses mains, redressa une bobine de fil. Elle se tourna vers les deux hommes, le regard grave.

— Jakob Howard. Il rôdait souvent près d'Emily. Il a toujours eu un caractère violent et explosif. Je crois qu'il l'aimait. Cornelius Pittman. Chanteur au même opéra qu'elle. Il aimait la rabaisser, elle et les femmes en général, même si ses remarques étaient dirigées vers Emily. Peut-être était-il jaloux qu'elle lui vole la vedette.

— Savez-vous où on peut les trouver ? s'enquit Glenn pour la deuxième fois de la journée.

— Jakob habite à Liverpool Road, numéro 351. Et Cornelius doit être à l'opéra, la journée, je suppose que vous savez où cela se trouve.

— Merci beaucoup madame, la remercia Leonidas, suivi de près par Glenn.

Ils sortirent du magasin, jetant un dernier coup d'œil aux robes et aux tapisseries.

— Vous ne lui faites pas confiance, dit Leonidas.

   — Certainement pas, s'exclama le journaliste. Ou peut-être ne puis-je simplement pas la supporter. Sûrement un peu des deux.

   Glenn eut un regard vers sa montre.

   — Oh mais l'heure tourne ! Je dois retourner au bureau, mettre au point les articles de la semaine. Voudriez-vous m'accompagner ?

— Avec grand plaisir ! Je ne peux plus me passer de votre compagnie !

Cette remarque laissa tomber un silence dans la conversation, au point où Leonidas se demanda s'il aurait dû se taire.

Ils arrivèrent rapidement devant la façade d'un grand immeuble. Le nom Starlight Echo était écrit en grandes lettres dessus, à côté d'un dessin de journal. Un panneau en bois annonçait le prix des journaux ainsi que le nom des principaux journaliste. Leonidas trouva immédiatement celui de Glenn Anderson.

Celui-ci sortit une clé ouvragée de sa poche et l'inséra dans la serrure de cuivre. La porte s'ouvrît avec un déclic, dévoilant le monde dans lequel travaillait le rédacteur en chef.

Leonidas fut tout de suite frappé par l'odeur de papier et d'encre qui embaumait l'air. De grandes machines imprimaient des journaux en série, infatigables, rythmant l'air de leur petits cliquetis. Les journaux s'empilaient ensuite dans un coin, où des hommes et des enfants venaient les chercher. Il en résultait une frénésie et une lassitude contradictoires.

Glenn salua tout le monde à la volée et s'engouffra dans la pièce adjacente, son assistant sur les talons.

Cette deuxième pièce était beaucoup plus calme. Tout comme chez Glenn, les murs étaient tapissés d'esquisses en tous genres, et les murs étaient couverts de bibliothèques aux livres colorés. En son centre, quatre bureaux en bois croulaient sous les papiers, les carnets et les crayons. Leonidas comprenait mieux d'où Glenn tenait tout son matériel.

Trois des bureaux étaient occupés par deux hommes et une femme. L'un semblait plutôt vieux et luttait contre le sommeil, l'autre écrivait convulsivement sur une feuille et la femme regardait distraitement par la fenêtre, sûrement pour se donner de l'inspiration.

— Bonjour Alina, Robert et David ! s'exclama Glenn, perchant son chapeau et sa veste sur un porte-manteau.

— Ah Glenn ! fit le plus vieux, qui semblait émerger d'un état second. On t'attendait. Faut dire que sans toi on est un peu perdus !

Il éclata ensuite d'un rire tonitruant.

— Voici Robert, présenta Glenn en se tournant vers Leonidas. Je pense que tu te doutes que cette ravissante mademoiselle est Alina.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 01, 2021 ⏰

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