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III

Après sa dispute avec Rogue, la jeune femme s'était recluse chez elle, pendant trois jours consécutifs. Elle n'avait donné de nouvelles à personne, et personne ne lui en avait demandé. Cette fin de semaine sur laquelle elle avait reposé tous ses espoirs et qui s'annonçait si prometteuse au début s'était finalement apparentée à un long et interminable supplice. Les mots de Rogue hantaient douloureusement son esprit et résonnaient en elle comme un déchirement.

Dans un premier temps, elle avait continué d'espérer, de croire que les choses pouvaient encore s'arranger. Rogue aurait pu revenir sur ses pas. Il aurait pu s'excuser, la supplier de lui pardonner. Elle aurait pu lui donner une dernière chance.

Lucy s'était accrochée à cet unique espoir pendant trois longs jours. Elle l'avait attendu, ravalant ses larmes et sa rancœur. Lorsqu'enfin, elle avait compris qu'il ne viendrait pas, la déception l'avait assommé de plein fouet. Son cœur s'était fendu et avait libéré l'étendue de son chagrin, jusque-là renfermé à l'intérieur d'elle. Elle s'était laissé aller à ses émotions pendant des heures, sanglotant, toute seule dans sa chambre. Sa douleur était si vive qu'elle l'avait maintenu dans cet état jusqu'à la levée de la nuit. Lorsque la jeune femme avait fini par rechercher à tâtons son téléphone dans l'obscurité totale de la pièce, elle avait enfin pris conscience de la gravité de la situation. Rogue devenait toxique pour elle. Elle ne devait pas le laisser la détruire intérieurement.

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Lucy prit une grande inspiration. Même si elle était résignée à ne pas terminer la soirée seule, elle ignorait si sa décision était vraiment la bonne. Était-ce raisonnable de sa part ? Elle jeta un nouveau coup d'œil à l'écran noir de son portable et soupira. Lévy ne répondrait probablement pas tout de suite. La jeune femme vérifia une dernière fois la cuisson de ses lasagnes puis éteignit le four. Le repas était prêt. Depuis combien de temps n'avait t'elle pas mangée ? Elle savait que son corps réclamait, mais elle n'avait pas faim. Lucy décida d'attendre encore un peu avant de se mettre à table et elle partit prendre une douche. La sensation agréable de l'eau bouillante perlant sur son corps lui donnait de nouvelles forces. Le sourire aux lèvres, elle enroula sa serviette autour de son corps nu et sortit du petit espace cloisonné pour s'installer devant le miroir. Avec les récents événements, elle avait fini par oublier le doux plaisir que procuraient ces moments du quotidien. Lucy se mit à observer son reflet avec minutie. Sa silhouette s'était amaigrie et son teint pâlissait à vue d'œil. Elle s'éloigna doucement du miroir et secoua la tête, comme pour rejeter cette vision d'horreur d'elle-même. Elle s'empressa de se rhabiller puis regagna la cuisine. À la hâte, elle extirpa le plat du four et ôta ses gants pour rejoindre le plan de travail sur lequel elle avait laissé son téléphone. Elle déverrouilla rapidement l'appareil et constata de nouvelles notifications, dont un message.

Lévy.

Elle ouvrit le contenu de celui-ci et un grand sourire vint instantanément déformer son visage. Son amie s'était montrée coopérative. Elle lui revaudrait ça. Lucy reporta son regard sur le plat qu'elle venait de terminer de préparer tandis que de nouveaux doutes s'immisçaient dans sa tête. Elle les chassa rapidement. Peu importait, elle n'avait plus rien à perdre. Elle avait l'adresse. C'était le plus important.

Incapable d'attendre plus longtemps, elle prépara ses affaires et déposa le tout dans sa voiture. Elle recouvra le plat de papier film et l'installa à ses côtés sur le siège avant. Les mains sur le volant de son véhicule, elle inspira longuement pour se donner du courage. Était-ce la bonne décision ? Quelle serait sa réaction ?

Elle le saurait rapidement.

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Lucy se figea. Le voyant rouge de son portable indiquait qu'elle était arrivée. Elle arrêta soigneusement le véhicule au bord de la chaussée et éteignit le moteur. Dans l'obscurité, elle ne distinguait autour d'elle qu'une traînée de petites maisons aux façades similaires. Elle balaya les différentes habitations du regard. Il s'agissait principalement de petites maisons mitoyennes. Lucy distinguait à peine les lumières qui émanaient d'elles. Il faisait trop sombre pour y voir clair. Au-dessus d'elle, la nuit noire étreignait le ciel et ses étoiles.