Chapitre 3.

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Je me relève doucement mais bizarrement, ma main reste agrippé à ses fesses. J'avais envie de la laisser là. Mais je finis par l'enlever, par pure prudence. Je le regarde puis me met à rire.

« _On a éviter une catastrophe ! »

Dis-je en me grattant la nuque.
Il me regarde, encore sonné de voir à quel point mes réflexes sont...excellent !
Je pose le petit pot que je venais de rattraper sur le plan de travail. L'escalope crame presque, tout comme son visage, il est cramoisi ! Si j'avais su qu'un simple geste le mettrait dans un tel état,..!

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Souvent, je me rappelle là fois où on s'est rencontré. Il était tard dans la nuit. Je rentrais de soirée mais pour une fois, je n'étais pas tant bourré que ça...
Il marchait sur le trottoir d'en face, il avait l'air terrorisé. Derrière lui, un groupe de quelques jeunes, un peu moins âgé que lui. Le groupe s'esclaffaient. Certains le pointait du doigt. Ils étaient fortement alcoolisés. Mes écouteurs branchés avec le son à fond, je ne distinguais pas les bruits et les mots qu'ils émettaient. Alors je me rappelle, à la seconde où j'ai éteint ma musique pour pouvoir écouter ce qu'il se passait, ils ont foncé sur lui et l'on plaqué au sol. J'ai couru comme j'ai pu et le plus rapidement possible vers lui. J'ai tapé dans le tas puis j'ai fini par donner un coup de pied dans les couilles d'un des trois jeunes. Les deux autres s'était occupé de refaire la mâchoire à l'inconnu du trottoir d'en face. Il tremblait de peur, je le voyais. Il ne restait plus que deux hommes. J'en attrape un par le col puis le jette au sol. Je pose un pied sur son torse tout en gardant un oeil sur le dernier qui s'occuper de l'inconnu. J'appuie légèrement sur sa cage thoracique, assez pour qu'il se plit de douleur. Il se casse en courant. Voila qu'il ne reste plus qu'un jeune. Cela semblait comme un jeu d'enfant après ce que je venais de faire. Je l'attrape par la gorge puis le plaque contre un mur. Ses pieds ne touchent plus le sol. J'attend quelques secondes de manière à ce que ce dernier aie la peur de sa vie, puis je le lache et il part lui aussi en courant.

Je suis désormais seul avec l'inconnu. Il est allongé au sol. Assommé, tétanisé, incapable de rien. Je m'accroupis à côté de lui puis remarque qu'il est sérieusement amoché au niveau de l'arcade sourcilière. Je l'aide à se redresser, tout doucement. Pour l'instant nous n'avons pas échangé un seul mot.

« _Je vais t'aider. T'en fait pas, ça va aller. Tu as une adresse à laquelle je peux te raccompagner ? »

Dis-je de la voix la plus amicale et bienveillante possible.
Il ne me répond pas et c'est compréhensible. Je me creuse la tête pour trouver une solution. Je n'allais pas le laisser là en tout cas.
Soudain une idée me vint en tête.

« _Bon je sais que tu viens de vivre quelque chose de traumatisant, mais que dirait-tu de venir chez moi pour te soigner..? Je ne vais pas te laisser là hein. »

Je savais bien qu'au fond de lui il était encore terrifié mais c'était la seule solution pour éviter qu'il ne se vide de son sang. Je me lève puis n'attend même pas de réponse de sa part. Je l'attrape puis le porte sur mon dos. Je l'installe confortablement de manière à ce qu'il ne soit pas trop apeuré malgré le fait que la situation soit quand même dérisoire. Je lui tend un mouchoir.

«_Il faudrait que tu presses avec le mouchoir sur ton arcade. Tu peux le faire ? »

Je sens qu'il attrape le mouchoir et qu'il fait un petit mouvement de tête pour signifier « oui ».

Une fois arrivé devant chez moi, je lui explique que je vais simplement le soigner et qu'après je le raccompagnerait chez lui en toute sécurité.
J'ouvre la grande porte d'entrée du bâtiment puis prend l'ascenseur. Nous arrivons au troisième étage puis j'ouvre ma porte d'entrée. Je pénètre dans mon appartement qui n'avait pas vu quelqu'un autre que moi depuis des lustres !
Je pousse un soupir de soulagement puis nous amène à la salle de bain.

« _Ici tu es en sécurité. »

Je le pose sur le sol puis lui fait signe de maintenir la pression avec le mouchoir.
Je m'absente quelques secondes pour aller chercher la trousse de secours.
Je m'assoie en face de lui puis observe sa plaie qui était plutôt profonde mais superficielle. Je désinfecte tout doucement. Le produit l'a piqué ce qui est normal, et par conséquent il s'est cramponné à la première chose qu'il a trouvé...ma cuisse. Je ne dis rien et lui non plus. Je tapote légèrement avec un coton imbibé du même produit, les autres plaies qu'il avait.

Une fois toute la partie soin terminée, il me regarda puis me lança un regard qui fût de loin le plus beau que j'ai croisé dans ma vie.
Je tendis la main puis ajouta :

« _Isaak. »

Et c'est à ma grande surprise que j'eus une réponse :

« _Raphaël. »

Je souris puis le serre la main pour lui montrer qu'il n'est pas tout seul ou du moins pas ce soir.

« _Il y a un endroit où je dois te ramener ? Tu habites où ? »

« _j-..j'habite.. j'habite à côté de la gare. »

Je souris puis lui demande s'il veut partir de suite ou rester un peu, le temps de reprendre ses esprits.
Il me dit qu'il préfère rentrer chez lui pour se reposer.

On sort de chez moi puis je le ramène comme promis sain et sauf chez lui. Je lui fais un rapide geste de la main avec une boule au ventre. Je ne voulais pas partir sans avoir eu quelque chose de lui. Un numéro, un contact peut importe. Je me retourne puis marche rapidement vers lui avant qu'il ne s'engouffre dans son bâtiment. Je prend un stylo que j'avais dans ma poche puis lui attrape le bras. Je retrousse sa manche puis écrit rapidement mon numéro avec un petit dessin à côté. Je souris puis lui souhaite une bonne nuit et de bien se reposer. Nous rentrons tous les deux chez nous, avec la conviction que l'on se reverra.

——-•———-•——-

On sort tous les deux de nos pensées. Les escalopes avaient cramés voir même brûlés. Il éteint le feu puis me dit :

« Est ce que tu pensais à la même chose que moi ? »

Je rigole puis lui répond doucement:

«_Sûrement oui... »

Toi et moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant