Et leurs chemins se séparèrent

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C'était un soir d'été brûlant, un mardi, précisément. Le Chemin de Traverse retrouvait pendant quelques heures le calme qu'on lui connaissait habituellement durant les grandes vacances scolaires. Les listes pour la rentrée des classes à Poudlard étaient arrivées dans la semaine et les familles ne cessaient d'affluer du Chaudron Baveur pour flâner de magasins en magasins, amenant avec elles le mélodieux vacarme apprécié de tous.

On en aurait presque oublié la menace qui pesait partout où l'on mettait les pieds.
On en aurait presque oublié que les jours des personnes que l'on croisait au coin d'une ruelle, à la terrasse d'un café, étaient sûrement comptés.
On en aurait presque oublié l'horreur étouffée par le silence des ténèbres.
On en aurait presque oublié que la guerre était proche, que ce n'était plus qu'une question de temps avant que tout nous éclate à la gueule.
Les cris joyeux effacent bien des choses.

Le jour se couchait à présent. Plus un éclat de voix, plus un rire d'enfant. On entendait maintenant que les derniers ivrognes affalés au comptoir du Chaudron Baveur gueuler au loin.

Le silence pesant d'un soir d'été.. un homme seul, assis à une terrasse, l'écoutait en même temps de manger consciencieusement une glace mentholée. Il laissait son parfum pénétrer ses narines et sa fraîcheur parcourir son corps.
Une porte grinça dans le dos du jeune homme et une voix s'adressa à lui.
- Allez Stan, je vais fermer.

Stanley grignota la fin de son cornet avant de faire racler la chaise sur laquelle il s'était assis une demi heure plus tôt et de se lever péniblement. Il récupéra sa casquette de contrôleur et la vissa sur son crâne.

Cela faisait quelques mois déjà qu'il avait prit la mauvaise habitude de s'arrêter chez Florian Fortarôme après la fin de son service pour s'empiffrer de ses fameuses glaces. Maintenant, les sucreries étaient devenues un prétexte dérisoire pour passer du temps sur cette terrasse, chez ce glacier.
Florian s'était révélé être un garçon adorable et intelligent. Le genre de personne avec qui on pourrait facilement discuter pendant des heures sans ne jamais s'ennuyer. Il a toujours une anecdote à raconter, une blague qui ne peut que faire rire ou un débat à lancer et c'est vraiment plaisant, surtout en ces temps difficiles.
Naturellement, les deux jeunes gens s'étaient rapprochés au fil des mois. Une relation des plus ambiguë s'était tissée entre eux, une sorte de douce bromance. Si ils éprouvaient l'un pour l'autre des sentiments plus poussés encore, cela n'avait jamais été prononcé à haute voix.

Le regard de Stan s'était dirigé vers le Soleil qui disparaissait lentement derrière la tour de Gringotts. Il pensa à l'appartement miteux qui l'attendait comme tous les soirs et eu la soudaine envie d'être ce Soleil qui ne dormait jamais, qui n'avait pas à se préoccuper d'avoir un toit sur la tête ou de survivre. Il s'effaçait le soir, réapparaissait le lendemain, inlassablement. Il faisait son taf et ça convenait très bien.
Comment pouvait-on mener une vie aussi paisible en ayant à charge la Galaxie entière ?

Stan eu soudain un sentiment de vertige et posa une main sur l'épaule de Florian pour garder l'équilibre. Passablement inquiet, le jeune commerçant fit asseoir son ami sur la table la plus proche et écarta ses cheveux rebelles d'une main pour mieux détailler du regard son visage fatigué.

- J'ai pas envie de rentrer, Flo..Ça te dérange si je squatte ton canapé cette nuit ?

Le dénommé Flo sourit tendrement.
- Je ne sais même pas pourquoi tu me poses encore ce genre de questions. Rentre, il faut juste que je termine de ranger et j'arrive.

Stan prit quelques minutes pour se remettre debout et entra dans la petite boutique. Il grimpa quatre à quatre le très long escalier qui menait à l'appartement de Florian -le contrôleur avait un jour essayé de compter toutes les marches mais il avait abandonné au bout de la 147ème. Enfin arrivé, il sourit en observant cette décoration qu'il connaissait par cœur. La même quantité impressionnante de livres sur les étagères, les mêmes statuettes de chats dispersées un peu partout, les jouets pour enfants datant des années 50, la dizaine de tableaux minuscules de nature morte. Le tout encadré par une tapisserie jaune poussin. On ne pouvait se méprendre sur l'identité du propriétaire de cet appart digne d'une grand mère.
" C'est pas vieux c'est vintage", il le répète souvent, Florian.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 28, 2023 ⏰

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Potter en vracOù les histoires vivent. Découvrez maintenant