Chapitre 9

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Dimanche - Jour 8 - Armistice

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Dimanche s'annonça avec une tempête de neige. Le vent hurlait et les flocons tourbillonnaient, tombant comme d'un joyeux carrousel. La petite maison semblait se noyer lentement dans le manteau blanc. La simple idée d'ouvrir la porte était glaçante –dans tous les sens du terme.

Profitant de la chaleur de la cuisine, Hermione se sentit soulagée que le Professeur Snape n'ait pas eu à sortir dans ce temps infernal. Sirotant un délicieux chocolat chaud, elle contemplait la furie des éléments par la fenêtre. Son esprit analysait toujours les émotions et implications cachées derrière le fait d'avoir trouvé le livre de recettes sur son lit. Le Professeur Snape avait semblé très possessif. Alors pourquoi l'avoir rendu ? Etait-ce une offre de paix ? Un armistice?

D'un très lent mouvement, elle tourna la tête pour regarder subrepticement l'homme qui prenait de plus en plus de place dans sa vie.

Assis à la table, le Professeur Snape était occupé à dévorer des œufs et du bacon accompagnés d'une pile de toasts déposés à côté de lui. Hermione l'observait par-dessus le rebord de sa tasse, cachant derrière son arrondi le silencieux sourire se formant sur ses lèvres. Elle était bizarrement heureuse de le voir apprécier autant son petit déjeuner. Oui, il avait besoin d'être nourri, et en abondance. Il était si mince ! Comment pouvait-il affronter ses nombreuses tâches –et certaines étaient si lourdes !- avec une constitution si frêle ?

Comme s'il avait senti son regard, il éleva deux yeux suspicieux tandis que sa voix acérée la ramenait immédiatement sur terre.

« Avez-vous empoisonné ces œufs ? » lâcha-t-il.

« Non, monsieur » s'empressa-t-elle de répondre, soudainement paniquée.

Il sourit avec ironie, et elle comprit qu'il l'avait piégée, comme toujours. Elle attendit que son commentaire sarcastique arrive, mais il se contenta d'ajouter « Eh bien, pourquoi ne mangez-vous pas, alors ? Il neige. Vous devez manger si vous voulez rester réchauffée. »

Ceci dit, il sembla l'oublier et se concentra sur l'écriture de notes sur un parchemin. Elle se sentit, de façon inattendue, émue. C'était la première fois qu'il exprimait à voix haute des sentiments si amicaux. Mais peut-être s'inquiétait-il seulement de la possibilité qu'elle puisse tomber malade... Qui la soignerait dans ce cas ? Elle frissonna à cette idée, mais, en même temps, remarqua qu'il semblait étrangement détendu. Peut-être parce qu'ils avaient tous deux dormi plus que d'habitude, ce matin ou alors parce qu'ils étaient tous deux soigneusement habillés. Et lavés. Et rasé... Pour celui qui en avait besoin.

Quelle qu'en soit la raison, Hermione obéit et s'assit à table pour commencer à manger, espérant le garder de bonne humeur. Et tandis qu'elle mangeait, elle tenta désespérément de trouver quelque chose à dire. Elle avait tant besoin d'échanger quelques mots avec quelqu'un n'étant ni elle-même ni un tabouret ! Et possiblement sur un sujet ne se rapportant pas à la nourriture.

Finalement, elle fit une tentative. « Comment ça se passe à Poudlard ces jours-ci, Professeur ? »

Il arqua un sourcil et la regarda froidement avant de répondre. « Votre dose journalière de louanges vous manque, Miss Granger ? Ou vous vous demandez simplement ce que vos amis fabriquent ? »

Sa lèvre se plissa en ce sourire sardonique qu'elle détestait tant, et elle regretta silencieusement son choix maladroit de sujet. Comme s'il avait perçu son malaise, il lui jeta un regard lourd de sens et ajouta ironiquement, « Ne vous inquiétez pas. Mr Potter et Mr Weasley continuent à puiser dans leur répertoire de machinations pathétiques et idiotes... Mais le Professeur Dumbledore a visiblement juré de garder les yeux fermés, je n'aurai donc pas la satisfaction de les voir recevoir une punition méritée. »

30 jours, un mariage Où les histoires vivent. Découvrez maintenant