Chapitre 18

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Mardi - Jour 17 – Doutes

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L'après-midi, lorsqu'il arriva, le Professeur Snape portait plusieurs sacs en plastique mais il ne lui tendit que le plus petit. Les quatre autres contenaient des bouteilles d'eau minérale, et semblaient vraiment lourds. Epuisé par la longue marche dans la neige et frissonnant en réaction à la chaleur réconfortante de la maison, il les déposa à terre et inspira profondément, tentant de reprendre ses forces. Elle le considéra d'un regard inquiet tandis qu'il retirait sa cape –il était habillé de façon si ridiculement légère pour ce temps !

Elle l'observa avec appréhension, mais il fronça les sourcils et secoua la tête pour refuser sa timide tentative de l'aider. D'un geste dédaigneux, il lui indiqua la porte de la cuisine, et elle s'y dirigea, obéissante.

Comme toujours, elle ouvrit le sac pour collecter et dispatcher les différents articles. Mais cette fois, elle eut une surprise inattendue. Trois produits de beauté en emballage noir et strict avaient été soigneusement insérés dans un sac à part comme pour les cacher : un shampooing, un après-shampooing et une cire. Et tous pour cheveux gras.

Elle les aligna sur la table et les fixa, perplexe. Il semblait donc avoir abandonné les produits de beauté sorciers pour leur équivalent moldus, et elle se demanda pourquoi il avait pris une telle décision. Peut-être n'avait-il pas eu le temps d'aller à Pré-Au-Lard ? A moins que ce ne soit un achat d'obligation, puisqu'il allait tous les jours dans un supermarché moldu ? A moins que... A moins qu'il ait finalement accepté la suggestion informulée qu'elle lui avait présentée quand elle avait laissé ses propres produits exposés dans la salle de bain, plusieurs jours auparavant ?

Cette dernière pensée était flatteuse, mais elle ne pouvait s'appesantir sur cette question fascinante il entra immédiatement après, et son expression épuisée se transforma immédiatement pour afficher de l'irritation. Elle se tourna pour le regarder, un air de totale innocence dans le regard, tandis que la panique lui serrait le ventre.

« Vous êtes tellement gentil de l'avoir remarqué, Professeur ! » improvisa-t-elle, percevant la chaleur familière de sa colère se diffuser de façon alarmante dans la pièce. « Je viens de finir mon shampooing. »

Il hésita, rougit sous son teint maladif, puis se força à répondre. « Je suis désolé. Ceux-là sont pour moi. »

Son visage redevint grave. « J'aurais pu vous acheter un shampooing si vous me l'aviez demandé ce matin » souligna-t-il avec un regard noir, mais elle comprit qu'il était soulagé d'avoir trouvé un moyen de faire bifurquer la question de ses besoins à lui vers ceux d'Hermione. « Vous êtes devenue incroyablement distraite, ces jours-ci. En revanche, je pourrais aller faire des courses demain. »

Elle aurait dû être reconnaissante de l'opportunité et cesser cette dangereuse conversation. Au contraire, encouragée par ses réactions maîtrisées, elle osa user un peu plus de sa chance ainsi, elle prit une bouteille en main et lui sourit plus innocemment encore. « Je pensais que vous achetiez vos produits à Pré-Au-Lard. »

Il expira profondément et lâcha à contrecœur « C'est ce que je fais normalement, en effet. Mais cet après-midi... » Il s'interrompit et chercha ses mots maladroitement avant de conclure étrangement. « Cet après-midi, je n'ai pas eu le temps. Et quoi qu'il en soit, mieux vaut éviter les produits sorciers, en ce moment. Ils pourraient laisser une trace d'utilisation. »

Soudainement, il sembla se rappeler de son rôle.

« Que voudriez-vous savoir d'autre ? » la questionna-t-il avec son habituel ton sarcastique. « Je vous en prie, n'hésitez pas à parler. Il n'y a rien de plus appréciable pour un homme fatigué et à l'estomac vide que d'avoir une aimable conversation après une longue marche stressante dans la neige. »

Elle n'aurait pu se permettre de dire quoique ce soit d'autre après ces paroles, elle lui rendit donc ses affaires, puis elle le regarda faire demi-tour et partir avec son précieux chargement, et un sourire immense s'afficha sur son visage.

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La soirée se déroula sans que rien de remarquable n'advienne. Il était de toute évidence fatigué, et elle se sentait de plus en plus compatissante. Quand il était aussi calme et contrôlé, il était facile de voir ce qu'il y avait d'agréable chez lui. Et même de s'inquiéter.

Elle fit donc de son mieux avec le repas, et quand ils s'installèrent à table, elle remarqua qu'il la regardait furtivement, exactement comme elle avec lui. En revanche, il resta étrangement silencieux pendant tout le dîner, et inhabituellement gentil. Il ramena même sa vaisselle à l'évier, alors que normalement, il ne bougeait pas le petit doigt, et l'aida à nettoyer la table.

Quand tout fut terminé, il lui demanda si elle souhaitait jouer aux échecs.

Elle refusa aussi gentiment qu'elle pouvait, déclarant qu'elle ne se sentait pas bien. Il put à peine camoufler sa déception. Finalement, il parvint à gérer ses sentiments, et lui souhaita une bonne nuit.

Elle l'observa faire retraite dans sa chambre et soupira. Elle aurait été heureuse de jouer.

Mais il semblait très fatigué. Il avait besoin de repos, et refuser de jouer était la seule solution qu'elle ait trouvée pour le pousser à aller se coucher tôt.

Elle tenta de se consoler en se répétant qu'elle avait agi pour le mieux.

Une dispute pouvait toujours commencer, même en jouant aux échecs, et gâcher une soirée étant jusqu'alors restée oasis de paix, après des jours de tempête, détruisant tout espoir qu'il –et qu'elle- puisse d'avoir un repos relaxant, régénérant.

En outre, pour être honnête, il n'était pas le plus sympathique des compagnons.

Alors pourquoi regrettait-elle autant sa décision, maintenant ?

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30 jours, un mariage Où les histoires vivent. Découvrez maintenant