La Lune Rouge

maintenant que tu as vu

Pour la première fois depuis la mort subite de Lottie, j'ai dormi paisiblement comme un bébé heureux. Je me suis réveillé sans mal de tête en rêvant de Dame Danu dans toute sa splendeur.

« Tu as l'air vraiment heureuse
aujourd'hui. » a commenté Maeve pendant que nous accordions nos instruments pour les cours de musique.

« Je suis. » Je me suis assis plus droit et j'ai tenu mon violon comme il se doit, prête à jouer.

Je me laisse jouer les notes de la Sonate pour violon en ré majeur. La musique tourbillonnait en moi et j'avais l'impression d'avoir fermé les yeux. Et quand je les ai ouverts, Dame Danu était juste derrière moi, sa main douce me guidant pendant que je faisais glisser l'arc sur les cordes.

J'étais submergé par une telle joie que j'ai pensé que nous étions les seules dans la pièce. Ensuite, nous avons tous les deux joué Ave Maria dans notre petit monde.
Mais quand j'ai fermé les yeux pour savourer le moment et les ai rouverts, Dame Danu avait disparu. Devant moi se tenait Mlle Alby qui souriait vivement et faisait l'éloge de mes talents de violoniste.

Nous aurons un concert cette semaine et j'étais l'un des deux solistes qui joueront. J'hésitais à jouer car Lottie était l'autre soliste. Pour le moment, cependant, je me sentais un peu confiante pour jouer mon rôle. Maeve jouera le solo de Lottie.

Pendant que nous pratiquions, je lui ai posé des questions sur Dame Danu.

Elle m'a dit : « La Grande Mère Danu est une déesse encore plus envoûtante qu'aucune autre car d'elle a découlé toute vie. »

« Tu en sais beaucoup sur elle. »

« Oui. Elle me donne mon pouvoir et je la vénère. » Maeve posa son violon sur ses genoux. Puis elle a continué à parler à voix basse. « Après Pâques, je partagerai quelques connaissances cachées avec toi à la deuxième pleine lune. »

J'ai attendu avec extase la deuxième pleine lune. Mais le concert m'a mis dans des sentiments contradictoires. Mon père bien-aimé était présent, ce qui m'a réchauffé le cœur, surtout que la famille Davies n'était pas présente. Mais je savais que la mort de Lottie en était la raison. J'aurais aimé que Lottie soit disponible pour le concert.

Dévoré par les pensées de Lottie, j'ai joué mon rôle avec ferveur et j'ai à peine entendu les applaudissements du public lorsque nous avons fini de jouer.

Après le concert, mon père m'a félicité comme toujours et j'ai rencontré la famille de Maeve. Nous avons tous été présentés. Sa mère était une femme simple avec un style sophistiqué qui portait une belle robe noire à crinoline. Elle était entourée des deux côtés par deux jeunes garçons qui étaient les frères de Maeve. Le plus jeune des garçons, Killian, avait un sourire timide à faire fondre un cœur froid.

« Vous étiez toutes les deux parfaites avec vos violons et vous ressembliez à des fées. » a dit Killian en précipitant ses mots.

« Merci Monsieur. » Je lui ai fait une petite révérence. Son sourire s'élargit et j'ai immédiatement pensé à l'avoir comme frère.

Nous avons discuté un peu plus de la performance avant de nous séparer. Mais avec Pâques dans quelques jours, j'ai également dû me séparer de Maeve et de Dame Londres pour rentrer chez mon père.

Mon cher père ne voyageait pas en ce moment, ce qui nous donnait à tous les deux suffisamment de chances de converser. J'ai adoré lui raconter les choses qu'il a manqué dans ma vie pendant son absence et j'ai adoré entendre parler de sa vie pendant que j'étais à Dame Londres.

« Papa, vous aviez rencontré Maeve lors de la performance. Elle a été une amie très chère, surtout avec la mort de Lottie. »

« C'est malheureux pour Lottie et toi aussi. Bien qu'il me semble que tu as perdu une amie et que tu en ai gagné une autre en remplacement. » Il a remarqué.

« Mais Lottie ne pourrait jamais être remplacée. J'aurais préféré ne perdre personne. » J'ai tristement regardé dans ma tasse de thé à moitié remplie.

Mon père souleva doucement mon menton jusqu'à ce que ses yeux bleus doux rencontrent les miens identiques. « Je sais, Alia. Ce sera toujours difficile de perdre quelqu'un. Mais notre espérance dans le Seigneur Jésus n'est pas vaine. »

« Vous avez raison, mon cher papa. Merci. »