Mais leur nuit fut de courte durée, leurs téléphones sonnèrent. Raphaël vit l’heure sur son horloge, 4h30. Il grogna de frustration, il n’avait réussi qu’à dormir pendant 4 heures, son esprit le torturant avec toutes les possibilités manquaient, toutes les fois où les choses auraient pu être différentes s’il avait agi d’une autre manière ; en gros tous les soirs il se flagellait. Il savait très bien pourquoi on l’appelait à cette heure-là. Pour le Capitaine Bach se fut une autre histoire, elle avait encore mal dormi, son esprit la torturait depuis des mois maintenant. Dans ses pires cauchemars, elle voyait l’homme qu’elle aimait mourir sur cette stupide route quasiment toutes les nuits et cela de manière différente à chaque fois. Elle savait que cela n’avait aucun sens, elle refusa de prendre des cachets quand son médecin lui avait émis cette idée, elle voulait garder les idées claires et ne pas dépendre de quelque chose. C’est la sonnerie de son téléphone qui la sauva de son cauchemar, elle en était reconnaissante, car celui-ci avait été une torture pour elle. Elle se leva, essuya les larmes qui avaient coulé le long de ses joues et partit s’habiller pour rejoindre le reste de son équipe sur la scène de crime.
Ils arrivèrent dans un quartier plutôt bourgeois de Paris, ce qui voulait dire problème politique sur le dos et avec Balthazar s’était garanti à 100 %. Enfin, elle prit une grande inspiration avant de rentrer dans la maison entourée de flic en uniforme. Elle prit la déposition du père avec beaucoup de parcimonie, elle savait que si elle faisait le moindre faux pas, l’enquête lui serait retiré, elle détestait la politique au plus haut point. L’épouse en larme tentait de bégayer quelques mots mais elle ne comprit pas grand-chose, juste les choses habituelles, disant que son fils était la meilleure personne du monde. Elle monta alors dans la chambre du jeune homme, les parents étaient absents la soirée, ce dernier était resté chez eux pour jouer à des jeux vidéo. Quand elle arriva dans la pièce, l’odeur lui prit au nez, ce qui voulait dire que la victime était morte depuis plusieurs heures maintenant.
- Qu’est-ce qu’on a ? demanda-t-elle
Le médecin légiste se tourna vers elle, un regard sérieux sur le visage.
- Je ne sais pas trop par où commencer Capitaine.
Elle ne l’avait jamais vu douter sur une scène de crime, cela ne lui ressemblait pas.
- Je vous écoute. Dit elle d’une voix douce.
- Bon, pour la balle qui l’a tué, je devrais le déterminer avec plus de précision lors de l’autopsie, mais pour ce qui est de l’ablation de son organe génitale, je peux affirmer que cela a était fait post-mortem.
- Bien, Louis Gaudion, 25 ans. Pas de casier judiciaire, nous n’avons rien trouvé qui pourrait le relier à Rowan. Je trouve cette affaire extrêmement dérangeante.
- Vous pensez qu’elles sont liées ?
- Peut-être pas, c’est juste que la main en moins et le... enfin vous voyez de ce jeune homme, me font penser à des trophées. Je sais que cela à l’air dingue…
- Peut-être pas, c’est vrai que le mode opératoire du tueur est différent sur deux affaires, mais votre raisonnement se tient Capitaine.
Elle lui sourit doucement, ils avaient retrouvé pendant quelques minutes leurs alchimies au travail avec ce petit débat.
- Bon, j’emmène notre jeune monsieur dans mon labo pour l’autopsie, je vous appel plus tard.
- Entendu.
Son instinct de flic lui disait que quelque chose ne tournait pas rond dans cette affaire. Elle savait que la première victime avait eu des démêles avec la justice, reste à savoir si leur dernière victime en avait eu aussi ; mais il ne vaudrait mieux pas demander aux parents pour ce genre d’informations, elle était quasi certaine d’en trouver dans des dossiers. Une fois dans la voiture avec son ami, elle lui transmit sa théorie qu’elle avait déjà partagé avec Balthazar.
- C’est un peu tiré par les cheveux Hélène. Dit-il
- tu trouves ? Je ne sais pas pourquoi, mais je suis sûre qu’on va trouver quelque chose les reliant. Ce n’est pas possible que deux jeunes gens se fassent tuer, quasiment le même jour sans avoir de lien. Je veux dire, c’est bizarre.
- Je veux bien, mais rien dans la vie de notre dernière victime ne montre qu’elle a eu des démêlés avec la justice.
- Nous savons que Rowan Sauvage a été accusé de vol dans le passé, nous avons retrouvé son corps sans une de ses mains. Je te parie ce que tu veux, que le petit Gaudion a dû faire quelque chose comme agression sexuelle ou viol.
Delgado réfléchit quelques minutes, la théorie de son amie tenait la route après tout. Mais cela voulait aussi dire que les meurtres étaient prémédités, qu’ils avaient peut-être affaire à un tueur à gages.
- Quelqu’un aurait engagé un tueur pour liquidé les personnes accusé de crime ?
- Je le pense oui.
- Bon bah, y a plus qu’à prouver tout ça. Je suis sûr que Balthazar pourra nous donner quelque chose.
- Oui, on verra.
Ils rentrèrent au poste avec un regain d’énergie pour aborder cette affaire. Elle avait demandé à son ami de regarder plus profondément dans la vie des Gaudion et elle se concentrait sur la vie des Sauvages pour essayer de trouver un lien entre les deux, pour le moment pas de lien, mais son ami avait trouvé quelque chose sur leur dernière victime.
- Je te tire mon chapeau Hélène, tu avais raison. Le petit n’était pas un enfant de cœur, c’était bien caché parce que le père a tout fait pour enterrer le dossier en faisant des dons aux bonnes personnes. Mais Louis a été accusé de viol sur plusieurs jeunes filles, ce salopard les préférait jeune.
Elle grimaça, elle détestait ce genre de personne. Elle ne comprenait pas comment un homme pouvait être attiré par des filles voir des fillettes, pour elle, ils étaient tous des détraqués de la pire espèce.
- Elle avait au minimum 15 ans. Il les draguait dans des bars, elles avaient toutes des fausses cartes d’identités. Tous les témoignages parlent d’un jeune homme charmant mais dès qu’elles étaient seules avec lui, c’est une autre histoire. Enfin, je te passe les détails. A chaque condamnation, le père intervient pour faire passer les victimes pour des menteuses et étouffe l’affaire pour éviter à son fils de faire de la prison, si tu veux mon avis, il va falloir la jouer de manière prudente dans cette affaire.
- Ouais, je crois aussi. Merci Jérôme, essaie de voir si y a un lien avec les Sauvages, peut-être qu’on a raté quelque chose.
Elle reçut un coup de fil de son médecin légiste.
- J’ai fini l’autopsie Capitaine, vous voulez le rapport ?
- je vous rejoins à l’IML
- Je vous attends.
Elle raccrocha avant de dire quelque chose qu’elle pourrait laisser échapper contre sa volonté. C’était comme ça, à chaque fois qu’ils se parlaient, toutes les pensées qu’elle avait eu avaient envie de sortir de sa bouche ; elle devait constamment être sur la réserve pour éviter de déraper et cela lui demandait pas mal d’énergie supplémentaire.
Il avait fini l’autopsie avec l’aide de ses deux assistants, il s’était aperçu des regards échangeaient entre eux. Ils pensaient que c’était à cause de leur nouvelle relation, mais c’était autre chose. Il comprit que c’était lui la cible de leurs messages visuels.
- Les gars, je vais bien. Dit-il las de cette situation
- si tu allais bien, on n’en serait pas là. Répliqua le plus jeune
- et où on est exactement ?
- dans une situation tellement tendue que ça devient chiant de travailler avec toi, tu as changé Raph. Tu n’es plus le même qu’avant. Dit la jeune métisse
- et vous voulez que je fasse quoi ? Que j’oublie ce qui s’est passé ? Que j’oublie que j’ai failli épouser la femme qui a tué celle que j’aimais ! Que j’ai failli mourir sur cette putain de route à cause de mes conneries, que j’ai regretté les choix que j’ai fait quand je l’ai rencontré j’aurais aimé qu’on soit toujours sur la même longueur d’onde, j’aurais aimé avoir agi différemment…
- tu parles encore de Maya ou du Capitaine, on n’est pas aveugle Raph, on s’est que tu l’aimes.
- Je ne veux pas discuter de cela, je n’ai pas envie de revivre ça.
- Bordel il faut que ça sorte Baltha ! Ça fait des mois que ça traîne, quand vous êtes ensemble on dirait deux icebergs, y a pas moyen de vous dérider un peu. Tu faisais des blagues avant, ton passe-temps c’était de la faire chier sur les scènes de crimes ; et elle te le rendait bien. Putain Raph, on pensait que tu allais enfin te caser avec elle, pour l’amour de Dieu. Tu sais que je t’aime beaucoup, mais pendant un temps je t’en ai voulu comme un dingue, je l’aime beaucoup le Capitaine, même si on n’est pas proche, elle a veillé sur nous pendant ton coma au péril de sa santé parfois…
- Il a raison, elle est restée avec toi jusqu’à ton réveil. Elle ne quittait ta chambre seulement pour aller voir le lieutenant Delgado ou ses enfants. Il faut que vous parliez, c’est un pas difficile à faire, je comprends, mais cette situation entre vous deux ne peux plus durer. Je me doute que d’entendre cette phrase te gonfle, mais on est tes amis et on veut prendre soin de toi. Tu es toujours là pour nous, on peut te rendre l’appareille non ? Demanda la jeune femme en glissant une main rassurante sur l’épaule de son patron et ami.
Il savait qu’ils avaient raison, c’était pas nouveau. Mais comment aborder cela avec elle sans risquer de la perdre. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’elle avait entendu tout le discours. Sans qu’elle ne sache vraiment pourquoi, des larmes coulaient le long de ses joues, cela ne s’arrêtait pas. C’était comme si une barrière avait cédé en elle, suite aux paroles qu’elle avait entendu. Elle devait le voir pour le dossier, mais après ce qu’elle venait d’entendre, elle avait envie que d’une seule chose, se terrer dans son lit pour avoir le temps d’absorber la nouvelle. Alors elle partit précipitamment, sans vraiment faire attention à ce qu’elle touchait dans son passage. Le vacarme qu’ils entendirent, confirma une des plus grandes crainte de Raphael, elle avait tout entendu.
- C’était quoi ça ? demanda Eddy
- Oh mon dieu ! s’exclama Fatim
Elle aussi, elle avait compris qui se cachait derrière ce vacarme. Ni une ni deux, elle vit son chef partir en quatrième vitesse vers la sortie pour rattraper son amie. Il courut à toute vitesse, il fallait qu’il la rejoigne au plus vite, il ne pouvait pas rester comme ça. Il avait peur des répercussions de cet aveu, peur qu’elle ne le quitte pour de bon. Il la repéra avant qu’elle ne sorte de la cour, il fondit sur elle sans vraiment penser à ce qu’il allait lui dire. Elle se débattit un peu contre son emprise, c’est quand il vit ses larmes qu’il la lâcha pour de bon, son cœur se brisant une fois pour toute.
- Je comprendrai si vous vouliez partir… Je ne vous retiendrai pas, je veux juste que vous sachiez que ce que j’ai dit tout à l’heure était vrai… Je… Mon dieu, je ne sais même pas ce que je peux dire pour ma défense… en fait non, je suis le seul coupable dans cette histoire, je n’aurais jamais dû vous embarquer dans mes problèmes… Je suis une nuisance pour tous ceux qui s’approchent trop près… je suis désolé Hélène, vraiment pour tout. Je présenterai ma démission dès que j’aurais trouvé un remplaçant qui soit digne de toi.
Elle n’en croyait pas ses oreilles, il avait enfin admis ces choses qui la faisaient tant souffrir depuis des mois et sa seule solution c’était la fuite encore une fois. Elle avait déjà eu du mal à supporter le fait qu’il soit loin d’elle pendant 6 mois alors pour toujours pas question.
- C’est ça ta solution miracle. Dit-elle la voix éraillé par les pleurs
Il releva la tête.
- Tu vas encore fuir comme la dernière fois ? Non parce que cette fois, si tu fais ça, je te descends moi-même autant être clair. Oui, j’ai souffert dans cette histoire, je te le cache depuis des mois, je ne dors pas bien, mes nuits sont remplies de cauchemars où je te vois mourir sur cette route encore et encore. Tu m’as abandonné ce jour-là, j’ai vu le briquet que tu tenais dans la main, je savais que tu avais compris qui elle était vraiment. Tu m’as traité de menteuse, jalouse même, c’était un peu vrai mais certainement pas autant que tu le pensais. Je t’ai repoussé cette fois-là après la chambre froide, j’ai eu peur… peur de te perdre, peur de me blesser, peur de voir que nous deux ça ne marcherait pas que c’était juste de l’attirance entre nous rien de plus. Mais j’ai compris ce soir-là quand je l’ai vu dans tes bras, j’ai compris que je t’aimais. Mais je ne sais pas si j’ai encore la force de croire en nous,
Putain… je crois même que je n’ai jamais aimé quelqu’un comme je t’aime.
Il était complètement abasourdi par son discours, les mots tournèrent dans sa tête. Il ne savait pas du tout comment réagir, quoi dire. Alors son instinct prit le dessus sur sa raison, il la prit dans ses bras, s’accrochant à elle comme si elle était toute sa vie, ce qui dans un sens était vrai. Elle se fondit volontiers dans son étreinte, elle l’avait attendu si longtemps.
- Je ferais tout ce que tu me demanderas, je ne veux pas te quitter. Je t’aime Hélène comme un fou. Je suis tellement désolé de t’avoir fait souffrir, je vais passer le reste de ma vie à me faire pardonner.
Elle sourit à travers ses larmes, elle avait rêvé d’entendre ces mots plus d’une fois. Il les essuya du revers de ses pouces avant de l’embrasser timidement.
- On est vraiment stupide, hein ? dit-elle en souriant
- Si tu veux mon avis, deux idiots qui ont déjà beaucoup trop souffert mais qui ont peut être trouvé ce qu’ils cherchaient.
Elle le regarda alors dans les yeux avec un regard si sérieux, qu’il se surprit à attendre ce qu’elle avait à dire.
- Je veux qu’on prenne notre temps d’accord. Je ne veux pas aller trop vite, je suis pas encore prête pour ça.
Il la comprenait, cette discussion était le premier pas vers la rédemption, vers la confiance et l’amour. Ils s’étaient avoué leurs sentiments, maintenant ils leurs restaient à se connaître, se comprendre et avancer ensemble comme un seul être. Alors oui, il serrait patient.
- Tout ce que tu veux.
Il l’enserra encore une fois dans ses bras, il n’en croyait toujours pas ses yeux.
- Ah bah, il était temps ! dit Eddy du fond de la cour
Pendant un moment, il avait oublié où ils se trouvaient. Quand ils virent les deux comparses sourient d’une oreille à l’autre, ils savaient qu’ils étaient contents pour eux. Ils n’étaient pas encore un couple au sens propre du terme, mais ils avançaient dans la bonne direction. Il savait qu’il faudrait du temps à la femme qui se trouvait à côté de lui pour ouvrir son cœur une seconde fois, mais il était prêt et patient.
- Dis donc vous deux, vous n’avez pas du travail à faire ?
- Si mais notre boss est parti sans rien dire, alors on l’attendait pour faire le rapport à notre Capitane favorite. Dit Eddy souriant comme un idiot.
- J’espère que tout est ordre. Répondit Hélène sérieusement mais avec un petit sourire.
Il ne lui prit pas la main, pas de signe d’affection durant les heures de travail, il la connaissait par cœur. Elle sourit alors et le suivit sans un mot. Ils reprirent le travail comme si cet interlude ne s’était pas produit ; pour un œil extérieur, on pourrait dire que tout semblait normal, un Capitaine de police qui écoutait avec attention tous les éléments que lui transmettait son médecin légiste. Mais pour ceux qui connaissaient les deux personnages, vous pouviez voir des regards en coin plus insistant que d’habitude, des touches légères mais bien présente, c’était la limite que c’était fixé Hélène dans le travail et Raphael les respectait même sans en avoir pris connaissance, c’est pour dire à quel point il la connaissait bien.
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Jugement
FanfictionAprès les événements du mariage, tout semble revenu à la normale ou presque. Est ce qu'une enquête peut tour changer ?