« … C’était le début des vacances scolaires. Bon nombre de mes collègues étaient déjà en congés avec leur progéniture. Moi j’étais resté pour boucler deux dossiers d’étude confidentiels et bien sûr urgents. J’avais même du décaler mes congés pour cela vu que j’étais le seul à pouvoir les gérer. Malheureusement elle n’avait pu en faire de même, mais elle était venue quand même passer ces deux semaines chez moi en guise de vacances au vert.
Elle était pleine de bonne volonté alors que je devais reconnaitre ne pas être à mon apogé. En effet je me remettais d'une sale histoire avec une gourgandine, pour employer un mot charitable, qui avait plus qu'abusé de ma bonne volonté et joué monstrueusement de mes principes et... sentiments. Comme si les dominants ne ressentaient rien ! Mais elle... elle semblait bien s'être fait un devoir de m'aider à effacer cet épisode pénible de mon passé récent.Ce matin-là d'ailleurs, la lassitude me gagnait dans les bureaux quasi-déserts. Mon seul autre collègue ayant accès à mon bureau était parti depuis deux jours et j’étais donc littéralement seul. Alors que je bouclais enfin le second dossier, je m’autorisais à laisser vagabonder mes pensées vers elle. J’avais beau savoir qu’elle m’attendait à la maison pour prendre soin de moi à mon retour, je ne pouvais m’empêcher une pointe de culpabilité à la laisser seule la journée alors que nous devions passer cette semaine de congés ensemble. Mais comme elle l’avait si bien dit: « C’est pour votre travail Monsieur ! Genre la seconde meilleure excuse après votre famille. Tant pis j’irai me balader et profiter avant de prendre soin de vous quand vous rentrerez du travail. Je suis là pour ça Monsieur, pensez à Vous ! »
Moi si taciturne, surtout quand la fatigue s’accumule, je ne peux réprimer un sourire au souvenir de cet échange. Je fais alors le point sur mon planning et je me trouve avec une bonne journée d’avance sur mes prévisions les plus optimistes. Mon sourire s’allonge de quelques millimètres d’autosatisfaction. Je prends mon téléphone et récapitule mentalement ce qu’elle a prévu pour la journée. Je lui envoie un message : « J’ai besoin de l’aide de petites mains dans mon bureau. Je t’attends dans 35 minutes. ». Ce à quoi elle me répond moins de 20 secondes plus tard : « Oui Monsieur ! J’arrive ! ».
Un frisson particulier me traverse à ce moment. Quel changement par rapport à il y a encore un an dans ma vie. Jamais je n’avais amené une soumise chez moi et encore moins mélangé travail et bagatelle. Mais la vie est pleine de surprises et elle, bien que pas vraiment l’archétype de la soumise disciplinée et « éduquée », a su me donner envie. Comme je lui ai dit lors de notre rencontre : « La sincérité et l’envie valent tous les protocoles ! »
Je profite de ce délai pour organiser mes dossiers par clients sur la table de réunion qui occupe une bonne part de mon bureau. Je m’assure que celui d’à côté est désert et que mes collègues des opérations à l’autre bout du bâtiment sont bien occupés.
31 minutes plus tard j’entends le moteur de sa voiture sur le petit parking à l’arrière du bâtiment. Je me dirige vers la sortie de secours qui donne dessus pour lui ouvrir. Je lui adresse un franc sourire alors qu’elle monte l’escalier extérieur et l’espace d’un instant, je la revois les cheveux en bataille à demi-endormie dans une de mes chemises ce matin lorsque je suis parti. Elle m’a murmuré « Bonne journée Monsieur… je vous adore… », avant que je ne goûte à la douceur de ses lèvres. Certains puristes trouveraient scandaleux qu’une soumise ne se soit pas précipitée pour préparer le petit déjeuner de son maître avant même son réveil. Bullshit !
Si je lui ai proposé de venir partager ces vacances chez moi c’est parce que je sais à quel point elle est fatiguée par son travail aux horaires irréguliers elle aussi. Et je voulais absolument qu’elle se repose! Et ensuite… je ne suis pas son maître… Juste un dominant avec qui elle laisse s’exprimer une part d’elle-même et dont elle prend soin en retour.
C'est une relation bien plus sincère et juste que bien des pseudos « Liens » passionnels qui s’étalent à grand renforts de pixels et de grandes déclarations sur les réseaux sociaux, pour s’évanouir comme le carrosse de cendrillon lorsque les douze coups de l’horloge de la réalité les rattrapent.
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"Lettre à Celle..."
No FicciónUn receuil de textes courts en perpetuelle augmentation, qui racontent mon histoire et ma pratique du BDSM comme dominant D/s depuis la fin des années 90. Érotiques, techniques, pédagogiques ou psychologiques, ces textes s'adressent à une soumise im...