Lys posait des questions à la pelle, étonné que chacune de ses interrogations, ne semble qu'étirer le sourire sur le visage de son ami. Et puis enfin, ils arrivèrent à la section espace. Lys s'arrêta devant une roche toute trouée d'alvéoles plus ou moins grandes.
- Et ça ? demanda-t-il en pointant l'objet du doigt, un sentiment étrange lui palpitant dans la poitrine.
- Ah ça c'est encore en cours d'étude. C'est une partie d'un truc bien plus énorme encore appelé Artemis, qui est étudié en labo. Je crois pas qu'on connaisse exactement la composition. D'ailleurs, s'exclama Eloïm, mais Lys du le couper avant qu'il ne finisse sa phrase.
- Faut que j'aille aux toilettes, je reviens. Il tenta de ne pas donner l'air qu'il se précipitait vers la porte en bois sur leur gauche, mais il se sentait franchement mal. Le sentiment qu'il avait repéré un peu plus tôt était soudainement devenu proéminant et dérangeant. Il s'enferma derrière une des portes et attendit. Il n'y avait pour le moment personne d'autre dans la salle, autrement, il l'aurait sentit. Il commença à s'impatienter, tout ce qu'il lui fallait, c'était de capter le premier sentiment sur pattes qui franchirait la porte. Rapide, efficace, une poignée de secondes et il pourrait retourner auprès de son ami. Il s'humecta les lèvres, dans l'attente déjà depuis de longues minutes que quelque chose se passe. Soudain, il entendit la porte des toilettes s'ouvrir, ainsi que non pas une, mais deux présences.
- Regarde il y a personne ! Ce musée attire jamais une foule de monde j'te dis. S'exclama la voix féminine. Lys avait suspendu son geste, d'abord pressé d'en finir avec ce besoin ridicule, puis intrigué de ce qui se déroulait exactement à son insu.
- T'es sûre ?
Aller viens, on sera discrets, promis.
Lys entendit une porte claquer, des froissements et des voix plus basses cette fois-ci. Il n'avait pas l'habitude de se sentir inconfortable dans sa situation habituelle de voyeur. C'était sa routine de lorgner sur les états d'âmes des autres. Mais ce cas-ci était complètement différent. D'abord, parce que Lys n'avait encore jamais franchit la barrière de ce genre d'intimité, ensuite parce qu'il ne savait pas du tout à quoi s'attendre, ni comment encaisser ce qu'il s'apprêtait à dérober.
Il balaya toutefois rapidement les quelques doutes qui le rongeait ; et se persuada que la situation était idéale, puisque plus il pouvait canaliser un sentiment puissant, plus il serait rassasié. Il leva sa main en direction des bruissements et des respirations toutes proches, puis subtilisa un peu d'essence du désir et de la passion qui irradiaient de la jeune femme. Un fragment aux reflets rouge-orangés se logea dans sa paume, palpitant. Lys fixa du regard l'éclat avant de le porter à ses lèvres et de l'avaler. Et pour la première fois, il goûta à la passion intime que seuls des amants peuvent échanger. Une couleur écarlate le prit aux joues, et un nœud aussi douloureux qu'il était plaisant lui tordit la poitrine et l'estomac. Tout son corps était tendu comme un arc et il dut prendre appuis sur les parois pour ne pas chavirer sous l'intensité des vagues d'émotions qui l'assaillaient. Alors que des gémissements se faisaient entendre quelques cabines plus loin, la passion qui avait habité Lys se calmait doucement et le quittait, de nouveau étrangère à son corps. Lys était rassasié, mais les sentiments avaient laissé son corps dans un état de demande, tel qu'il n'en était que rarement le cas. Il se sentait incapable de quitter l'endroit sans avoir goûté à plus. De nouveau, il tendit la main, et extriqua cette fois un éclat qui tirait vers le bordeaux. La vague de plaisir fut encore plus intense, plus langoureuse. Sa respiration menait elle aussi une course affolée, qu'il tentait d'étouffer sous sa paume. Il accompagna les amants encore et encore jusqu'au point culminant, à la fois spectateur et acteur d'un acte auquel il n'avait jamais goûté. Une fois que les amants furent repartis, il s'effondra sur le sol, affreusement seul. Lui ne pourrait jamais faire ce type d'expérience par lui même, et cette constatation le laissait...la voix d'Eloïm se fit entendre.
- Lys ? Tu es là ? Je t'ai envoyé des sms, tu n'as pas répondu. Est-ce que tout va bien ? Ca va faire bien 20 minutes que t'es là dedans.
Lys s'était assis par terre, toujours claquemuré dans la cabine, incapable de savoir que faire de ce corps soudainement éreinté, et de cet esprit emmêlé. On toqua à sa cabine.
- Lys ? Il aurait dû se sentir pleins de vigueur, comme lorsqu'il finissait un repas de cette envergure. Mais il semblait qu'à trop abusé de l'essence, l'acte en était venu à le toucher de manière plus personnelle. Ce qui lui laissait tout une rémanence de sentiments ne lui appartenant pas.
- Chui là, chui là. Ca va.
- T'as une petite voix, tout va bien ? Répéta-t-il. Je suis un peu inquiet, tu veux bien m'ouvrir?
Lys tendit le bras pour déverrouiller le loquet sans rien ajouter. Tout de suite, Eloïm s'agenouilla près de lui.
- Lys ? T'es brûlant ! I Dit-il en apposant une main froide sur son front. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Hm... Lys avait quelque peu honte et ne savait pas bien comment expliquer son état. Je sais pas bien. J'ai juste eu chaud d'un coup.
- Mince tu t'es évanoui ? Je vais te raccompagner chez toi.
- Non t'inquiète, je vais juste prendre un bus, j'ai vu qu'il y en avait un direct jusque chez moi.
- T'es sûr ? Ca me dérange pas tu sais.
- Oui oui, je vais bien. Dit-il d'un ton plus sec qu'il ne l'aurait voulu.
- Laisse moi au moins t'aider à te lever
Lys constata presque automatiquement que son derme était soudainement devenu très sensible au toucher. Il était à fleur de peau, et les mains de son ami sur ses bras lui firent monter un frisson étrange. Il fallut rapidement qu'Eloïm le lâche, le contact en était devenu presque insupportable. Son compagnon le raccompagna jusqu'à la station de bus, où devant les protestation de Lys, il abandonna finalement de le raccompagner.
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A l'ombre de la nuit
RomanceLys est un jeune garçon qui tente de se comprendre. Dans sa quête où il tente de démêler les differentes choses qui lui nouent la poitrine, une question subsiste : Qu'est ce que le sentiment?