2/ Un rêve de toute une vie : vendu

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Je me demande ce qu'il se passe. Je n'ai pas entièrement dessoûlé en plus de ça, mais on pourrait croire que je suis sobre. Je suppose que ça devrait aller.

J'arrive sur les lieux après une vingtaine de minutes, j'aperçois Armin débattre avec un homme en costume. En faite, non. Ils ne débattent pas du tout, Armin essaie de l'empêcher d'entrer. Qui est cet homme bon sang ? Il se tourne vers moi en me voyant arriver, et il me rappel quelqu'un. Je suis sûr de l'avoir déjà vu quelque part, mais en peut-être plus vieux..

- C'est bien vous M.Smith ?

- Oui, qu'est-ce que vous voulez ?

- Je suis Alexandre Fostier, enchanté. Je suis venu ici pour vous prévenir que votre salon va être détruit, mais vous ne répondez pas à mes courriers ni à mes mails. Je me suis dis que j'allais venir en personne.

Fostier ? Le propriétaire ? Je suppose qu'il doit être le fils de Pierre Fostier, celui qui m'a loué les locaux il y a quarante ans. Mais de quoi il se mêle ? Il ne peut pas détruire le lieu de travail des gens comme ça.

- Je refuse que vous détruisiez mon salon, de quel droit vous vous permettez de dire ça ?

- Ma famille est propriétaire des locaux depuis quarante trois ans. J'en fais ce que je veux il me semble ? J'aimerais construire un complexe hôtelier ici, alors il faut détruire.

Mais c'est quel genre de connard celui la ? J'ai travaillé toute ma vie dans ce salon, je l'ai ouvert pour Livaï, pour exaucer son rêve et j'ai arrêté ma carrière d'écrivain pour cet endroit. Ce lieu est plus qu'important à mes yeux, il ne peut pas faire ça. Je ne le laisserai pas faire aussi facilement, peu importe si les lieux sont à lui.

- Hors de question, vous ne toucherez pas à ce bâtiment.

- Bon, écoutez monsieur. Je n'ai pas de temps à perdre avec ça. Alors je vous propose de vous donner le double du loyer annuel. Si vous refusez, je suis désolé pour vous mais je vais quand même devoir détruire.

Armin semble mécontent lui aussi, et quand quelque chose ne lui plaît vraiment pas, il n'hésite pas à le dire. Même si il reste toujours aussi timide et réservé, il sait se faire entendre quand il veut.

- Vous... Vous ne pouvez pas faire ça !

C'est la première fois que je l'entends se fâcher ainsi, malheureusement M.Fostier sort une feuille de sa pochette.

- Bien sûr que je peux. J'ai une autorisation de construire, et puisque les locaux m'appartiennent, je n'ai pas de comptes à vous rendre.

Je serre les poings, furieux contre ce gars qui nous prend de haut comme ça. Comment peut-il me retirer cet endroit ? Je ne sais pas quoi dire, je ne peux pas riposter.

- Je ne suis pas venu ici pour vous demander votre avis. Je suis venu pour vous prévenir que votre salon allait être détruit dans deux semaines, avant Noël. Vous avez jusque là pour fermer, et avec l'argent que je vous propose, vous pouvez investir ailleurs.

Je ne veux pas de cet argent. Mais après réflexion, je me dis que puisque le salon sera détruit dans tout les cas, autant l'accepter. Je donnerai une partie à Mohane, et l'autre à Armin. Ils en feront bon usage, et cela leur sera bien plus utile qu'à moi.

- Bien... J'accepte l'argent...

N'ai-je pas assez souffert ? Pourquoi on me fait ça ? J'ai l'impression que plus le temps avance, plus on me retire tout ce qui m'est cher.

- Parfait, je vous ferai un virement lorsque le bâtiment sera détruit. Au revoir, bonne journée.

Par chance il s'en va rapidement après avoir démarré sa voiture. Armin et moi sommes tout les deux silencieux jusqu'à ce que je fasse demi-tour.

- Bon bah... C'est terminé Armin, abandonne.

- Non, il y a d'autres solutions ! On pourrait utiliser l'argent pour acheter de nouveaux locaux ? On pourra toujours s'installer ailleurs.

- Je n'en sais rien... Pour l'argent, je compte donner la moitié à ma nièce, et l'autre moitié pour toi. Fais-en ce que tu veux d'accord ?

- M-Mais... Ça ne vous intéresse pas d'ouvrir ailleurs ?

Je soupire et me tourne face à lui, le regard épuisé.

- Je suis fatigué, Armin... Je suis fatigué....

Maintenant il faut me laisser partir en paix, je n'en peux plus.

Une fois rentré à la maison, je me dis que peut-être un thé me fera du bien, pour changer. Je met la bouilloire à chauffer sur le gaz, et tombe nez à nez face au placard à alcool fort. C'est de ça dont j'ai besoin et non d'une infusion. La bouteille en main, je m'allonge dans le canapé et me réinstalle sous la couverture, comme avant l'appel d'Armin. Je bois, certes. Peut-être beaucoup, mais c'est ce que je veux. Je veux oublier et revoir Livaï dans mes rêves, sortir de cette réalité atroce et cruelle. Je veux que mes rêves m'offrent ce que la vie refuse de m'offrir. Parfois je me demande comment j'en suis arrivé là, alors que j'étais un simple adolescent, secrètement amoureux de son camarade Livaï Ackerman. Un peu plus de quinze ans plus tard je me retrouve à voir un psy pendant dix ans... Comment j'ai pu survivre jusqu'ici ? Si Livaï ne m'avait pas fait faire cette promesse, je serai parti il y a bien longtemps. Paradoxalement, c'est Livaï qui me retient ici, alors que c'est lui qui me donne envie de partir. L'ironie du sort veut que la personne qui me donne envie de la rejoindre, m'en empêche. Quelle vie de merde... Je ferai mieux de m'endormir.

J'ai bu je ne sais combien gorgées, mais mes paupières sont lourdes, et je n'ai qu'une hâte : dormir profondément. Alors je m'abandonne au sommeil, blottit sous la couverture qui m'apporte un peu de chaleur.

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Prochain chapitre mercredi à la même heure !

J'espère qu'il vous a plu ♡
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Te retrouver bientôt [Eruri] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant