The Rose King

Prologue : Mon choix

Dans l'obscurité, une main m'est tendue...À qui peut-elle appartenir ?

Un démon, un monstre, une ordure ! Voilà tout ce que je suis. Pourquoi est-ce que je n'ai rien fait ? Personne ne pourra jamais me comprendre, il en sera toujours ainsi. Est- ce un rêve que je fais en ce moment ? Je ne vois rien, tout est noir, je suis perdu et j'ai froid. Comme chaque nuit, ce cauchemar se répète, il m'est impossible de m'en délivrer...
Il faut que je m'y fasse, je suis né pour accomplir mon devoir et préserver mon honneur jusqu'à la mort, il ne peut en être autrement.
Il faut que je me réveille, que je cesse enfin de trembler !

Kay : Monsieur Lys ! Monsieur Lys ! Réveillez - vous s'il vous plaît !
Lys : Hein, quoi ?
Kay : Je m'excuse de vous réveiller ainsi mais vous sembliez faire un mauvais rêve...Et puis...il fait jour...toutes mes excuses monsieur !
Lys : C'est bon, c'est bon. Tu as bien fait.
Tu peux disposer à présent.
Kay : Euh, oui...monsieur. Veuillez m'excuser.

Ce petit garçon qui s'excuse et rougit constamment est Kay, mon...serviteur ?
Il doit avoir environ dix ans. J'ai donc dix bonnes années de plus que lui, pourtant, je n'ai pas l'impression d'être un adulte, d'être le duc Lys de HeartBreak, d'être le petit frère du Roi John II...d'être tout ce qu'on attend que je sois.

Je me lève, me lave et m'habille seul comme à mon habitude. Puis, je descends dans la grande salle du château où m'attends...ma femme.
Rose...elle est déjà préparée et arbore un visage rongé par la fatigue et la tristesse...chaque jour...depuis que nous...sommes mariés.

C'est là la conséquence de mes actes, de mon choix. Je ne la regarderai pas, ne lui sourirai pas et ne la réconforterai pas. Il faut que je me retienne, que j'endigue ces futiles sentiments qui me submergent... et elle également.

Pardonne-moi...Non, ne me pardonne pas. Déteste-moi, agis comme tous les autres et rejette-moi. Sois répugnée par l'entièreté de mon être et fais en sorte que cela ne change jamais. Ainsi, tu pourras sûrement rassasier ta soif de vengeance, je suis certain que tu souhaites ma mort, supporte ma présence encore un peu, encore un tout petit peu...

Il est temps de remettre mon masque de vilain, de répugnant démon afin de supprimer toute chance de rapprochement entre nous.

Lys : Je suis aujourd'hui convié par le Roi à la cour, je serais absent durant environ deux semaines.
Rose : Je n'ai pas à t'accompagner ?
Encore les yeux dans le vide et le regard détaché...
Lys : Non. Tu ne m'es d'aucune utilité.
Rose : Mais...
Lys : Écoute, Rose : Je ne veux en aucun cas qu'un poids tel que toi ne me dérange durant les deux prochaines semaines, est-ce clair ?
Rose : Je souhaites y aller avec toi.
Surprenant, elle ne me l'avait jamais demandé.
Lys : Pour quelle raison ?
Rose : Ma sur me manque, je désire simplement la revoir et lui parler.
Lys : Autre chose ?
Rose : Oui...Mais nous ne pouvons pas en parler ici, allons dans ma chambre.

Nous nous dirigeons alors dans ces appartements. Je dois avouer que je suis curieux sur ce qu'elle compte me dire, elle n'est jamais aussi bavarde d'habitude.

Lys : Alors ? Fais vite, s'il te plaît.
Rose : Et bien...Lys. On ne peut pas continuer ainsi. Les gens ne cessent d'étaler des rumeurs à propos de notre mariage. Cela risque de te nuire énormément.
Nous y voilà.
Lys : De quoi parles-tu ?
Rose : Je parle du fait que nous ne partageons pas la même chambre, du fait que tu ne permets pas aux serviteurs de te laver et de t'habiller, que tu interdis à tout le monde, même à ta propre femme, d'entrer dans tes appartements !
Et le plus important...un enfant...nous n'en avons pas. Même après deux ans de mariage.
Lys : Et alors ?
Rose : Il...Il faut faire quelque chose, Lys.
Si cela continue, les rumeurs prendrons plus d'ampleur et la population finira par se demander si nous avons au moins passé une nuit ensemble. De plus, nous ne pourrons plus jouer à ce petit jeu bien longtemps. Tu seras bientôt en total déshonneur au sein de la cour à cause des ces histoires. Je t'en prie, agis.
Ella a raison, il m'est difficile de l'admettre mais...nous ne pouvons pas...il faut...il faut que je...me décide !
Rose : Ah...!
Sans réfléchir, j'ai agrippé brutalement son menton. Tout en plongeant mon regard dans le sien clair et innocent, je lui murmure ceci :
Lys : Très bien. À partir de maintenant, nous dormirons dans la même chambre, partagerons le même lit et montrerons de temps à autres des marques d'affection en public. Cela te convient-il ?
Rose : Euh, ou...oui.
Lys : Cela dit, je continuerai de me préparer seul, c'est tout ce que j'exige.
Rose : D'accord...
Lys : Pour ce qui est de "l'enfant", j'y réfléchirai.
Cela débute donc maintenant.
Rose : Pardon ?

J'agrippe à présent son poignet et l'entraîne sans ménagement dans le hall. Je fais ensuite volte-face, lui enlace la taille de mon bras gauche afin de rapprocher son corps contre le mien puis déposer délicatement mes lèvres sur les siennes. Elle est quelque peu surprise mais comprend très vite qu'il s'agit d'une "marque d'affection en public". En effet, le hall grouille de serviteurs et de gardes, l'endroit parfait pour simuler un baiser entre deux jeunes mariés "amoureux". Effectivement, toutes les servantes, même les gardes, stoppent leurs activités à la vue de ce rapprochement soudain entre nous. Ils sont visiblement estomaqués par ce qu'ils observent. Cela devrait calmer les rumeurs pour un moment.
Je remarque que c'est la première fois que nous nous embrassons, c'est étrange, doux et...chaud. Étonnamment, ce n'est pas si désagréable. Dans le but de rendre ce baiser plus authentique, je ferme les yeux, l'invitant à en faire de même. Elle doit sûrement me haïr encore plus, du plus profond de son être.

Quelques secondes plus tard, je la libère de mon emprise sans pour autant détacher mon regard de son visage rougis par l'embarras. Rose...je veux recommencer.
Qu'est-ce que je viens de penser ?! Allons, Lys, cesse d'être aussi stupide !
Je penche légèrement ma bouche vers son oreille afin de lui chuchoter :

Lys : Je t'accorde la permission de m'accompagner au palais.
Rose : Mer-Merci. Mais...préviens - moi lorsque que tu comptes roucouler ! Je suis morte de honte maintenant !
Lys : Ce n'est que le début... Bientôt, tu en deviendras folle... lui dis-je d'un sourire narquois.
Elle écarquille lentement les yeux, surprise par mes paroles et mon étrange sourire.
Lys : Et bien ? Ce n'est pas toi qui souhaitais que les choses changent ? Tu l'auras voulu, prépare-toi car cela ne fait que commencer...
Je m'éloigne et lui tourne le dos.
Lys : Rejoins-moi dans la calèche, nous partons dans quelques minutes.

Pourquoi est-ce que j'ai fais cela ? Que m'arrive-t-il ? L'ai-je trouvée à l'instant...adorable ? Intéressante ? Un sentiment similaire à celui d'il y a quatre ans ressurgit en moi. Oublie-cela, Lys. C'est terminé depuis bien longtemps. Oui...c'est définitivement terminé. Alors pourquoi ai-je fait ce choix si égoïste ?