Enfance deplorée

447 20 41
                                    

Mon ventre se noue de douleur physique. Impossible pour mon être de ce lever de ce lit. Mon esprit ne souhaite que se reposer, alors clos sont mes yeux. Les pensées divaguent. Ce goût amer dans ma bouche dérange mon corps à se plonger dans un sommeil profond. Je me lève de mon havre me paix pour me diriger dans ma salle de bains.
L'interrupteur allume cette lumière qui éblouit mes yeux fatigués. Ma vue est floue quelques secondes, le temps de s'adapter à ce nouvel éclairage. Mon pyjama hello kitty reflète parfaitement l'âge que j'ai. 10 ans. D'un mouvement rapide et épuisé, je me brosse les dents, pour ensuite retourner dans mon lit. Le sommeil prend très peu de temps à arriver.

C'est quelques heures plus tard que mon corps se réveille à cause du soleil qui pénètre dans ma chambre tapissée de jouets. Une nouvelle journée démarre, peut-être sera-t-elle meilleure ?

Dans la cuisine ma mère est mon père m'attendait. Leurs sourires qui s'affichent sur leurs lèvres me rassurent. Je souhaite que ce moment se fige pour me laisser les admirer encore un long instant. Pourtant les heures sont passées si rapidement que l'heure du déjeuner a sonné. Assis tous les trois autour d'une table, mon père m'annonce qu'aujourd'hui il m'emmène au parc d'attraction. Il baigne dans l'euphorie, tout en m'expliquant les manèges qu'on allait faire. Excitée à l'idée de vivre la plus belle journée de ma vie, mes jambes courent à l'étage pour me vêtir de ma plus belle robe. Jaune au motif papillon blanc, elle est. J'enfile des baskets a scratch pour pouvoir courir sans que mes lacets ne se défait. Face à moi se trouve mon père, mon corps descend ces escaliers en marbre tandis que mes yeux fixent son visage qui éprouve de l'émerveillement face à moi.

- On y va ma chérie ! S'exclame-t-il.

- Oui papa cheri ! Finis-je par dire. Ma main d'enfant enlace la sienne adulte. J'entre côté passager. Son instinct paternel attache ma ceinture.

Sans entrer dans les détails, j'ai passé la meilleure journée de ma vie. Entre les attractions, la nourriture, les cadeaux que papa a gagné pour moi, mon visage est fatigué d'avoir souri. Rien ne pourrait exprimer la joie que j'ai ressenti aujourd'hui. Aucuns mots ne pourrait décrire l'ambiance dans laquelle baigne mon corps.

C'est épuisé de cette journée enrichissante que je me retrouve dans mon lit. De nouveau avec ce pyjama hello kitty, je camoufle mon corps dans cette immense couverture où le drap à pour motif, la reine des neiges. La nuit est douce, bercée par le bruit des gouttes d'eau. La pluie devient plus intense mais agréable pour l'ouïe. Elle en est devenue ma berceuse. Pourtant cette ambiance pluvieuse est coupée par des bruits de pas qui se dirigent vers ma chambre. Dos à la porte de mon jardin secret, je l'entends grincer à l'entrer de quelqu'un. Mon corps n'ose pas se retourner bien trop effrayé à l'idée de ne pas savoir qui c'est.

Doucement cet être s'approche de moi. Il dépose son corps imposant sur mon lit. Scellée est ma bouche. Peiné est mon cœur. Violée est mon intimité. De sa main droite qui se balade sur mon corps, je déglutis. Espérons que cela s'arrête rapidement, car habitué est mon esprit. Les minutes passent mais son corps derrière le mien est toujours présent. Sa main est collée à ma bouche pendant qu'il profite d'un moment que je n'ai pas voulu. Mes larmes coulent sur cette même main qui m'empêche de crier ma douleur. Pourtant les sanglots de sa fille ne l'arrêtent pas. La douleur dans le bas de mon corps s'intensifie alors je mords un de ces doigts.

- On a passé une bonne journée ma chérie aujourd'hui alors récompense papa s'il te plaît, me dit-il.

Pardonnez-moi. Me jugerez-vous pour ma faiblesse. Mais faible est mon corps face à lui. Face à mon père. Ce sont les yeux fermés, les poings serrés que j'encaisse sans dire un mot. Sa tête se penche vers moi pour contempler mon visage apeuré, blessé par ces gestes brutales. Plaisir et satisfaction se lisent dans son regard. Comme à nouveau, je me retrouve seule dans cette chambre avec pour seule compagnie, ma peine.

Comprenez ce que je ressens. Je me noie dans cet océan d'amertume que je remplis par mes larmes de douleur. Cette souffrance creuse que mon cœur innocent. Il me répète sans cesse de garder notre jeu secret car maman serait très en colère si elle l'apprenait. Alors c'est dans le mutisme que je baigne. Ma bouche est scellée. Ma gorge est nouée. Mon cœur est peiné. Mon être est violé.

Violé. Violé. Violé.

C'est donc ça, on me viole. Pourtant c'est mon père, un membre de ma famille. Pourquoi ? Pourquoi mon corps d'enfant l'attire ?

C'est réveillé par les rayons du soleil qui s'infiltrent dans ma chambre que je sors de mon lit. Aujourd'hui papa ne sera pas là au réveil car il travaille très tôt. Lorsque j'extirpe mon corps de mon havre de paix, une douleur intestinale me prend. Indescriptible est-elle. Mais bien présente comprend ai-je. Après quelques pas rapides dans ma salle de bains, je vomis. Mes jambes me semblent faibles. Des crampes me parviennent aux mollets. Que se passe-t-il ? La réponse je la connais, mais je ne peux la supporter. Je ne peux l'accepter. Ma douleur physique n'est rien face à celle qui habite au fond de mon cœur depuis maintenant deux ans. Deux années consécutives que je subis. Pas un jour il a manqué, pas une nuit il a oublié, pas une heure je n'ai pas souffert. Se taire est devenu bien trop dur pour moi, car je sais que cette nuit a été différente des autres. Quelques choses d'anormale ce passe à l'intérieur de moi. Alors pour la première fois de ma vie je vais oser.

J'avance doucement vers la cuisine où le chant de ma mère résonne. La peur me prend mais rien ne pourra me faire changer d'avis. Les yeux rivés sur le sol, je l'appelle une première fois. Sans la regarder, je comprends qu'elle sait retourner. Ma bouche souhaite articuler quelques choses, mais abîmé est mon être. Je réessaye donc et à présent les mots me viennent mais avec difficultés :


- Maman.....papa.....me....touche la nuit...

La dure réalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant