Dépression

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Elle a attendu que le nuage de fumée passe au-dessus d'elle pour l'emporter. Elle a espéré quitter ce monde sans bouger de son lit. Elle a vu à travers sa fenêtre, le soleil tombé pour laisser place à la nuit. Et cela pendant plusieurs mois.

Les choses se sont entassées près de son lit créant une montagne de chagrin. Elle s'est renfermée dans sa chambre avec ses peurs et ses angoisses qui se sont faufilées par le trou de la serrure. Ils n'étaient pas les bienvenus car ils l'effrayaient. Leurs poids pesaient sur mon corps malade la bloquant sur ce lit.

Ses journées sont synonymes de routine mortelle.

Cette torture que lui inflige son corps saignant, ne lui plaît plus. Pourtant, elle ne fait rien pour remédier à cette vie qui la consume à petit feu.

Même la musique ne lui permet plus de s'évader dans ce monde qu'elle adorait tant. Ce monde où elle était heureuse. Elle lui a dit adieu en même temps que ses émotions.

La fatigue a emporté toute sa motivation. Rien que d'être allongée l'épuise. Mais que faire lorsqu'elle est ainsi ?

La mort toque à sa porte, mais elle ne veut pas quitter ce monde. Elle veut pouvoir revivre et ne pas survivre dans ses souvenirs.

La faim ne lui vient plus. L'envie la fuit.

Le temps défile à une vitesse grand V. Ses mains tremblantes vont soulever à ses yeux sont téléphone.

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Alors on ne vient plus au lycée. SALE PUTE

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Moi aussi tu veux bien je te baise

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Tes nudes tournent meuf, ressaisis-toi

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Fais genre t'as pas kiffé

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Tu l'as bien cherché

Il avait sa douleur entre leurs mains. Le mensonge est un doux parfum qui sait se faire aimer. Les sprays de cet élixir fusent comme les mensonges sortant de sa bouche sur sa santé mentale.

- Ne t'inquiète pas papa je vais bien...

Comment croire à ce mensonge, avec ces cernes creusés, sa chambre en désordre, son corps maigrissant à vitesse folle, sa voix môle et son envie de se condamner à jamais dans cette chambre.

60 kilos

56 kilos

50 kilos

47 kilos

Elle était bloquée dans sa mémoire, ne soupçonnant en aucun cas qu'elle était malade. Pourtant elle l'était.

Dépression sévère

Elle avait quitté l'école ne supportant pas les chuchotements à son égard. Elle finissait ses journées dans les toilettes à lâcher ses dernières larmes.

Parce que depuis son diagnostic, les pleurs ne lui parvenaient plus. Tout comme les sentiments. Elle était vidée de tout ressenti. Elle était comme une fleur fanée. Rien ne se lisait sur son visage, pas même sa souffrance. Au contraire de son cœur qui hurlait à la douleur. Bloquée dans son propre corps, rejeté de ce dernier pour avoir abusé de lui, en lui infligeant des traits rouges sur les bras.

La dure réalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant