J'avais déjà entendu quelques rumeurs comme quoi la secrétaire de m. Roland avait subit le même traitement. Cependant j'avais toujours refusé d'y croire. Maintenant que j'y pense, maintenant que je suis dans la même situation, peut-être était-ce vrai. C'était une fille dynamique, toujours de bonne humeur. Elle t'aiderait à porter le fardeau du monde si elle le pouvait. C'était un être totalement adorable jusqu'à ce qu'un matin les rumeurs se répandent. Comme quoi un soir en sortant du bureau plusieurs de ses collègues l'avaient emmené à une ruelle similaire à celle-ci, poisseuse, rempli de benne à ordures, des bouteilles d'alcool jonchant le sol. On l'y avait emmené et forcé à donner son corps. On l'avait taché d'impureté, de leurs mains de malédiction. Elle avait dit ne plus jamais pouvoir penser qu'une quelconque personne la touche de cette manière, qu'un simple touché du sexe opposé lui rappellerait cette terrible nuit.
Personne ne l'avait pourtant cru. Tous avait dit que c'était ce qu'elle voulait dans ses rêves, quand la prenne dans une ruelle au beau milieu de la nuit. Qu'elle n'avait fait que rêver cette épisode et qu'elle avait tort de prétendre de telles choses. Je m'y suis moi-même mise à y croire, à croire qu'elle divaguait et que je n'avais pas de raison de me méfier des hommes distingués, éduqués et friqués que j'avais pour collègue. A croire que le costume ne faisait pas tout.Je me sentais bien coupable de ne pas l'avoir cru, en ce moment. Je m'en voulais d'avoir été si naïve. Je m'en voulais pour m'être laisser duper par un costume et un beau sourire. J'en voulais à mon patron qui faisait peut-être semblant de ne rien voir et quand bien même il ne verrait vraiment rien, je lui en voulais pour ne pas connaître le genre de personne qu'il embauchait. J'en voulais au monde entier. A ma mère qui ne m'avait pas prévenu de la cruauté des hommes. A la société de laisser en liberté ces criminels. Et même à Dieu de ne pas m'avoir ôter la vie pour m'échapper de leurs griffes.
Je me maudissais d'avoir eu l'audace d'aspirer à un poste supérieur. Je me maudissais d'avoir mise cette robe, de mettre lever ce matin là et d'avoir cru passer l'une des meilleures journées de ma vie.
Il fallait bien que je me doute que cette journée allait mal se passer. Rien ne se passe comme je l'espérais vraiment depuis que j'ai quitté la maison. J'ai beaucoup peiné pour réussir à avoir ce job. De base je voulais être rédactrice en chef d'un grand magasine, je me suis pourtant retrouvé à écrire les petites annonces. C'est mieux que rien me direz-vous. C'est encore dans le domaine de la littérature.C'est là que cette promotion m'aurait amené. A ce post tant convoité. J'en rêvais toutes les nuits, il ne se passait pas une minute sans que je n'y pensais. Aurais-je encore le courage de venir travailler et remplir mes nouvelles obligations ?