Chapitre 3

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Je ne pourrai tout de même pas demander une semaine de congé le lendemain d'une promotion. Ce serait mal vu et en plus je suis sûr qu'on ne me l'aurai pas accordée. Peut-être faudrais-je penser à remettre ma démission. Je ne supporterais pas de croiser le regard de ses monstres. De pendre le thé avec eux autour d'une table ou tout simplement les entendre rire dans la même pièce alors que mon âme se déchire, alors qu'il ne me reste plus aucune joie de vivre, plus aucune dignité.

Je ne peux même pas envisager d'en parler aux autres. Ils vont me prendre pour une folle comme l'a été cette pauvre Micheline. Personne ne voudra me croire. Trop impressionné par des costumes trois pièces, des diplômes d'université d'état et leur langage soigné. Personne ne me croira, moi, juste une fille des banlieues qui a réussi à s'en sortir.
Devrais-je me résigner à me donner la mort. Il serait bien triste de finir comme cela. Mais vivre avec se souvenir serait bien trop dure pour moi. Supporter de marcher dans les rues et d'avoir peur de chaque sourire qu'on me lance soit le signe d'une mauvaise intention. La peur d'être toucher ou même d'être regardée.
Aurais-je le courage de vivre ?
Je suis tétanisée. Impossible pour moi de bouger. Ma peur me paralyse. Je ne respire plus. Je ne sais plus rien.
Des mains me tiennent fermement les jambes écartées. Mes bras sont maintenus au dessus de ma tête. J'ai perdu toutes mes forces. Mes membres ne n'obéissent plus. Je ne fais que trembler et pleurer encore et encore je n'ai même plus la force d'appeler à l'aide.

Je vois toute ma vie passer devant moi en l'espace de quelques minutes. J'ai l'impression de mourir en étant toujours consciente. Je me sens briser. Je perds toute notion du temps. Je ne sais plus combien de temps je suis restée à écouter leurs paroles, je ne sais plus combien de fois je les ai entendu me rabaisser. Je ne sais plus quelle heure il est. Je ne sais plus depuis quand j'ai arrêté de pleurer, le regard vide.
J'ai compris que rien n'y personne n'allait venir me sauver. Je suis juste là, à attendre le coup finale. Ce cout de poignard qui m'achèvera enfin.

Je suis restée là à attendre de les sentir me briser encore plus, me déchirer littéralement. Mais ça ne vint jamais. Une lumière m'aveuglait, je n'avais pourtant pas la force de détourner le regard. Un instant je me cru au paradis. J'allais retrouver ma grand-mère tant aimé et être en paix jusqu'à la fin...

Cri de détresse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant