A pretty calamity ( Tome 2)

Chapitre 1 : une coalition de tueuses

JEX

Avec délicatesse, je posais au sol le colis que m'avait donné le vendeur du magasin. Je m'agenouillais comme en présence d'une déesse. Mes mains tremblèrent d'excitation en déballant le carton. Voilà des jours que j'attendais sa venue. J'avais suivi la commande avec angoisse, prenant toute mes précautions pour la réceptionner loin de ma démone de sœur.

Mes yeux devinrent brillants en découvrant ma nouvelle Brigitte, toujours aussi aguichante, une pancarte de bienvenue planté dans son derrière. Elle était la fierté de mon salon de tatouages. Je la pris avec délicatesse, l'examinant dans les moindres détails. Elle était parfaite.

Je signais le reçu et je vérifiai une dernière fois la localisation du portable de Kally. Elle était à la Villa. Je pouvais donc regagner mon salon sans crainte.

Je remballais ma déesse et je sortis du magasin, tout joyeux. Il fallait absolument que je la fixe sur le comptoir pour éviter un soi-disant accident. La veille, j'avais acheté une puissante colle. Il n'y aurait plus qu'un être surnaturel qui pourrait me la renverser.

Je n'eus pas fait trois enjambées, que sortant de nulle part, un caddie me percuta de plein fouet, avec une telle violence que le colis s'envola dans les airs. Mon corps bascula dans le caddie, mes pieds ne touchant plus terre. Dans un craquement, mon nez se tordit contre la grille. Avec effroi, j'écarquillais les yeux pour suivre l'envolée du carton. Une voiture rouge ressemblant étrangement à celle de ma sœur surgit de l'allée et l'emballage éclata contre le parebrise.

La moitié de Brigitte fusa pour atterrir dans une poubelle. Je crois bien avoir entraperçu la pancarte de bienvenue, solidement ancré dans son derrière. J'étais anéanti, dévasté. Je sentais que du sang coulait de mon nez. J'avais même la conviction qu'il était pété.

- Oh mon dieu ! s'exclama la responsable de cet attentat.

Je me redressai avec lenteur comme si tout mon corps était brisé. Mon regard se fixa sur cette femme qui se tenait les joues, avec son petit air horrifié. Une chaleur envahit tout mon être. J'allais la bouffer.

- Jex ?

Je me tournais vers la conductrice de la casserole rouge. Putain, c'était une coalition.

KALLY

Je décidais de me rendre au centre commercial afin de commander un gâteau pour l'anniversaire surprise de Jex. Bien consciente que mon frère me pistait avec un traceur sur mon téléphone, je le laissais à la villa. Ainsi, il ne se douterait de rien.

Je profitai de l'absence de mon beau biker Harps pour filer en douce. Celui-ci ruminait encore au sujet d'une petite plaisanterie de tatouage. J'avais tenté de le dérider mais peine perdue, sa rancune était tenace.

Après quelques kilomètres de route, je m'engageais dans le parking du centre commercial. Mais soudain un carton percuta mon parebrise avec violence. Une horreur s'en échappa et je reconnus la fameuse Brigitte qui fendait l'air pour finir sa course dans une poubelle. À n'en point douter, c'était là sa place.

Je sortis de ma voiture et quelle fut ma surprise en découvrant mon grand frère Jex, renversé dans un caddie, les jambes en l'air ! Quand il se redressa, un filet de sang coulait de son nez de travers. Il était dans une rage indescriptible.

- Jex ? demandai-je très étonnée.

Il avait un peu de peine à me répondre tant il était furieux. Une jeune femme, à peine plus âgée que moi, se tenait à ses côtés. Elle était petite et son visage était fin et délicat. Elle se rapprocha de lui et attrapa le nez qu'elle redressa d'un coup sec. Il hurla de douleur et je vous passe tout le chapelet d'horreurs qui sortait de sa bouche. Il se plia en se tenant le visage. Mais mes yeux sortirent de leurs orbites quand je vis que son nez était maintenant de travers de l'autre côté. Je pensais qu'il allait convulser tellement il haletait. Si son nez n'avait pas été cassé, j'avais la certitude qu'il l'était dès à présent.

- Oh mon dieu ! répétait la jeune femme, tremblante. Je suis désolée.

Jex se redressa pour nous fixer avec effroi. J'imaginais qu'il pensait à une coalition de tueuses de statues. Une grand-mère nous rejoignit alors avec la moitié de Brigitte récupérée dans la poubelle. Elle se déplaçait péniblement avec sa canne. Ses cheveux blancs permanentés étaient impeccablement coiffés. Elle s'arrêta devant mon frère et fronça les sourcils :

- Mais quelle honte ! Dans mon temps, les jeunes hommes avaient plus de respect envers les femmes !

Elle brandit le derrière de Brigitte en le tenant par la pancarte « Bienvenue ».

- Un scandale, petit cochon !

Le corps de Brigitte se détacha de la pancarte et s'écrasa alors sur le sol, sous le regard horrifié de mon frère. La petite mamie redressa son menton et jeta la pancarte. Sa chaussure l'écrabouilla et elle repartit fièrement dans le magasin, en empoignant au passage le bras de papi.