1.2 Marques

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Quand la limousine s'arrêta devant eux, Andréa s'approcha et avec toute la grâce qu'on lui avait inculqué, il ouvrit la porte passager.

Un nuage de fumée en sortit, irritant les narines et la gorge du jeune garçon qui reconnu l'odeur du tabac. Un vieil humain sortit en premier, habillé du même vêtement de majordome qu'Andréa. Cet humain aida à faire sortir un vieux mi-bêtes dont les oreilles grisonnantes s'étaient affaissées sur les côtés avec le temps.

Et enfin, le dernier, pour le moins immense, en sortit. Le regard jaune de ce dernier s'arrêta un moment sur Andrea puis sur Victoire.

Suivant le protocole, Andrea reprit sa place aux côtés de la servante et ils firent une révérence face à ces trois personnes sous leur regard scrutateur, puis s'écartèrent pour les laisser passer devant eux.

Le vieux mi-bête passa ses griffes sur les épaules des jeunes humains en avançant vers la salle de banquet accompagné de son majordome. Ce signe qui n'était rien qu'un effleurement était en réalité une marque. Une marque de domination, une menace dissimulée afin de stopper toute tentative de rébellion.

Andrea ne bougea ni même ne frissonna, comme Victoria, ils étaient habitués à recevoir cette forme de domination dans l'école. Cela ne faisait que renforcer le dégoût qu'éprouvait Andrea à leurs égards.

Perdu dans ses pensées, Andrea ne sentit pas l'approche de l'immense mi-bête. Le regard fixé sur lui, ce dernier posa sa patte sur son épaule, relevant son visage de l'autre, ramenant rapidement Andrea à la réalité.

Lentement, le mi-bête planta ses longues griffes dans l'épaule du jeune humain, déchirant une partie du costume traditionnel de majordome, sans une once de culpabilité. Il s'agissait d'un test d'obéissance qui permettait également d'y laisser une marque temporaire, une façon de marquer son territoire à ce banquet où plusieurs mi-bête seraient en chasse.

Le mi-bête caressa son cou  de ses griffes, alors que son regard jaune s'entrechoquait avec les yeux gris d'Andrea. Finalement, il rétracta ses griffes et suivit le mouvement, sans un regard vers victoire, entrant dans la salle du banquet avec à ses trousses les deux jeunes humains.

Tout le monde n'attendait plus qu'eux, semblait-il. Les mi-bêtes encore debout s'assirent après que cet immense homme-bête aux yeux jaunes se soit assis à la table centrale. Il lécha le sang de l'humain sur ses griffes et mangea sans parler.

Andréa sentait d'horribles frissons lui remontaient le long de la colonne vertébrale depuis la marque qu'avait fait cette bête. Un grand poids semblait peser sur ses épaules pourtant loin d'être frêles et le poussant vers la bête.

Il savait parfaitement ce qu'une marque de ce genre provoquait : une volonté de soumission, de contact avec son maître et tant qu'il n'aura pas assouvi ce désir, le poids sur ses épaules ne ferait que se renforcer. Mais il ne se laisserai pas faire aussi facilement.

Le temps passa lentement, insupportable. Les premiers servants et majordomes avaient cédé, s'agenouillant près de la chaise de leur maître pour supplier d'être libéré de cette souffrance.

Toute cette souffrance inutile et gratuite rebutait Andréa, mais pour l'instant il devait se tenir aux règles. Pour le moment il se tiendrait à carreaux. Mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'il allait se soumettre au lien qui l'unissait cette nuit avec cette bête. Alors il tenait bon, imperturbable, maitrisant la souffrance qu'il devait subir.

Une heure passa.

Désormais, tout ceux qui avaient reçu une marque provisoire se faisaient peloter par leur maître. Les vêtements ouverts, les yeux brillant comme drogués par les phéromones des bêtes. La plupart tentaient de coller leur corps à celui des bêtes, remuants, assis sur leurs genoux. Certains encore plus enivrés étaient à même le sol, entre les jambes des bêtes, s'attelant à leur apporter du plaisir pendant que ces derniers continuaient de manger.

Des servants à la recherche du bonheur de leur maître, des esclaves. Voilà ce à quoi était désormais réduite l'humanité.

    Andréa dégouté, tenait bon, mais difficilement. Sa respiration avait légèrement augmenté et son corps était devenu aussi chaud qu'un volcan. Il souffrait terriblement et tout son corps lui criait de se jeter aux pieds de cet homme-bête imposant, assis devant lui. Les sourcils froncés, il forçait son regard à ne pas quitter le sol pour éviter une quelconque pulsion qui le dénoncerait.

Victoire, elle, se tenait droite, loin de lui adresser le moindre regard, elle était prête à répondre aux moindre demandes des bêtes à la table centrale.

Soudain, l'homme-bête, source de la torture d'Andréa, leva son verre de son côté à lui, une demande implicite que ce soit l'humain qui le lui remplisse de vin.

Andréa s'approcha avec sa grâce naturelle et servit avec précision le vin dans le verre sculpté, pour qu'aucune goutte ne s'en échappe. Il sentait le regard perçant de la bête sur lui, le scrutant avec une impunité non dissimulée. Le remarquant, un frisson glacial parcourut le dos d'Andréa qui se remit sans-tarder à sa place, en essayant d'oublier la pression que ce mi-bête exerçait sur lui.

Voilà les deux premiers chapitres, en espérant que ce début vous plaise ! La suite dans 2 jours !!!

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