alors que tu t'éloignes

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L'université changea la vision que Kuroo avait du monde, tout lui semblait plus vaste, plus grand. Au début, il se sentit plus insignifiant que jamais. Il y avait beaucoup plus de monde qu'au lycée... il était facile de se perdre parmi la foule et de s'y sentir minuscule même si Kuroo était bien plus grand que la plupart des autres étudiants. Au milieu de tous les changements de sa vie, son point de chute était Bokuto. Ils avaient eu la bonne idée de s'inscrire à la même université et de demander à partager un logement étudiant. Ces circonstances les ont considérablement rapprochés et les ont aidés à supporter tous les changements auxquels ils devaient faire face.

Pendant les premiers temps de sa vie étudiante, Kuroo pensait à Kenma tous les jours, il l'appelait pour savoir comment s'était passé sa journée et lui raconter sa nouvelle vie à l'université, ils jouaient parfois ensemble en ligne et s'appelaient avant les matches de Nekoma, mais le temps s'épuisa peu à peu.

Ou peut-être était-ce la persévérance de Kuroo qui s'épuisait.

Après quelques temps, quand Kenma proposait de l'appeler, Kuroo refusait préférant passer du temps avec Bokuto et sortir pour rencontrer du monde. Ils partirent à la dérive, l'attention de Kuroo était accaparée autre part et leur étroite relation s'étiola sans qu'il ne s'en rende compte. La solitude de Kuroo et Bokuto à l'université, leur perte de stabilité, leur besoin de reprendre pied les rapprocha, ils finirent par être assez proches pour que Kuroo ne ressente plus l'espace vide que Kenma avait laissé au creux de sa poitrine.

Kuroo le savait, la distance avait toujours été un fardeau pour lui, il l'avait porté pendant des années et avait même refusé l'amour parce qu'il savait que la distance ruinerait tout. Kenma le savait aussi et ce dont il avait si peur se produisit.

Quand il l'appelait, il n'obtenait presque plus de réponse ; quand il lui demandait de jouer à un jeu, Kuroo n'avait pas le temps ; quand il lui écrivait des messages, Kuroo le laissait en vu pendant plusieurs heures. Mais Kenma ne voulait pas le déranger, donc il arrêta de demander son attention, il le laissa s'éloigner. Bien entendu, Kuroo ne pensait pas à mal, c'était juste qui il était : toujours pris dans l'action, tellement ancré dans le présent que des messages ou appels ne pouvaient pas être assez pour lui. Les quelques fois où il décrochait, la conversation restait détachée et Kenma savait que l'attention de Kuroo était portée ailleurs.

Et Dieu sait combien il en souffrait.

L'amour de Kenma, lui, ne disparut pas. Il se rappelait de la promesse de Kuroo ; tous les jours il s'accrochait à ces mots qu'il avait prononcés dans cette chambre à la fin de l'été, il s'y cramponnait comme à une bouée de sauvetage. Il faisait confiance à Kuroo. Il avait dit qu'il ne l'oublierait pas ; il avait dit qu'il l'attendrait ; c'est ainsi que l'année devait s'écouler. Il le fallait.

Mais ce n'est pas comme cela que l'année se déroula.

La sélection pour les nationales arriva, Kenma tint Kuroo au courant de tous les matches de Nekoma même s'il n'obtenait jamais mieux qu'un « super Kenma ! » sans que jamais Kuroo ne l'appelle « chaton ».

Nekoma gagna tous ses matches jusqu'à la finale grâce au leadership de Kenma qui faisait tout ce qui était en son pouvoir pour que ses joueurs restent motivés et concentrés. Ils se sont battus pendant des jours, ils ont gagné leurs sets, ils ont donné leurs âmes pour le volleyball. Kenma était fier du chemin parcouru, plus fier que jamais de la manière dont il avait réussi à mener son équipe vers la victoire. Il voulait que Kuroo soit témoin de leur dernière victoire, il voulait qu'il soit fier de qui il était devenu. Il lui écrivit.


De Kenma – 19:32

On a gagné ! La finale a lieu demain, tu vas venir nous voir jouer ?

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