🟣 Oppressé 🟣

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Johnny était sur le chemin de la cafétéria où il travaillait, les mains enfoncées dans ses poches et le regard ombré par son immense capuche. Il se sentait oppressé entre tous les regards de travers que lui offraient les passants, et dans un crissement de dents, il finit par boucher ses oreilles de sa précieuse musique.

Et finalement, il n'y avait plus que lui, sa démarche rapide, les notes qui s'écoulaient de son casque, et son regard vers le ciel.

Qu'il faisait beau, aujourd'hui.

Et l'Américain détestait ça. Les jours de pleins soleils, les passants étaient nombreux, et les regards farouches redoublaient en nombre.

Non, il préférait les jours pluvieux où seul le parfum boisé de petrichore l'accompagnait sur le chemin de son job, les gouttes de pluie lui rafraîchissant joyeusement son visage. Ce temps lui rappelait sa petite enfance lorsqu'il allait faire les courses avec sa maman, seulement pour observer avec envie les vitres renfermant des centaines de friandises.

Johnny Suh était un oméga très réservé qui possédait une grande culture générale. Il aimait les simples choses que lui offrait le quotidien. Pourtant son plus gros problème venait de sa nature et sa classe sociale.

Dès qu'on le voyaient, tous disaient avec conviction que cette homme ne pouvait qu'être alpha, avec ses un mettre quatre-vingt-quinze, son sourire charismatique et sa grande musculature.

Et pourtant, sous ce physique baraqué se cachait un petit être heureux et vaillant, qui ne cessait de complexer sur sa nature. Johnny était un homme extrêmement attentionné qui était capable de foncer pour aider ses amis, et pourtant il savait garder la tête froide dans les pires situations.

"Bonjour Mr. Lee!"

Il travaillait dans un café à la française, avec ses banquettes de cuir et ses lampes dorées, qui dégageaient une ambiance conviviale.

"Salut Johnny, ça s'est bien passé ton entretien hier soir?" Demandait son patron avec un de ses sourires qui se voulaient bienveillants.

"Pas vraiment, on m'a mit dehors en voyant mon CV...je crois qu'il ne recrutaient que des alphas..." se remémorait amèrement l'Americain.

Le patron fit une grimace de dégoût. Johnny lui avait toujours été reconnaissant de l'avoir recruté sans se préoccuper de sa classe, Lee Taeyong était vraiment un homme bien, si on en oubliait ses crises de rage. L'oméga ne pouvait que le remercier.

La journée se déroula comme tous les autres jours de boulot, quoique les clients furent bien plus nombreux que la veille, où il avait fait gris durant toute l'après-midi.

Les heures passèrent, et l'Américain finit par défaire son tablier en saluant rapidement ses collègues.

Après quelques minutes de marche durant lequel il se remémora plusieurs blagues de son collègue Doyoung, il choisit de faire un détour par un pont moins fréquenté, oppressé par toutes ces ombres qui le regardaient avec bizarrerie.

C'était un endroit délabré, par le fait que la marie y avait prévu des travaux qui n'avait jamais prit fin, et aujourd'hui encore plusieurs vieux bloques de béton et de métal trônaient en plein milieu du pont, recouverts d'une épaisse couche de mousse et de quelques racines qui avaient poussés avec le temps.

Il cessa de marcher lorsqu'il fût y arriva, pour s'accouder sur les vieilles barres métalliques, afin de mieux observer le soleil fuir vers l'horizon tandis que le ciel se peignait lentement de rougeurs splendides.

Il sortit son petit calepin et son crayon en fredonnant une musique, qu'il se mit à gratter dessus. Les notes et les paroles s'enchaînaient toutes seules, et lorsque l'inspiration commençait à le quitter, il enchaîna tout depuis le début.

Il se demandait souvent ce qu'allait devenir le monde, la société, il était une personne qui ne pouvait s'empêcher de se poser des questions pour lesquelles il n'y avait pas de réponses.

Il chanta enfin son petit morceau, de sa voix qu'il trouvait franchement pas juste.

Ce qu'il était inutile...

Il n'avait jamais servi à rien, seulement a observer autour de lui, à observer ce monde qui bougeait, qui avançait sans qu'il ne puisse le suivre.

Johnny se sentait vide.

Il souffla en fermant block note, dont il avait raturé les pages. Ce morceau était mal construit, comme tous ceux qu'il avait créé.

Il se retourna pour poser ses yeux sur l'autre côté du pont désert.

Son coeur s'arrêta.

Un homme, qui devait avoir dans la trentaine, se tenait là, debout sur la rambarde qui servait de sécurité, de dos à lui.

Une rafale de vent vint secouer les cheveux bruns de Johnny, en même temps que ceux d'un noir de jais de l'inconnu.

"Hein?"

Son calepin tomba à terre, dans une chute brutale et rapide

♣️  Awake  ♣️   Nct omegaverseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant