Keep Cool

6- Comment ? (Natsu)

La nuit commençait à tomber tandis que cette pluie interminable me tombait dessus. Seul, le pas lent, les yeux rivés sur le sol, je marche le long des magasins, parfois à l'abri parfois pas. Le regard livide, j'observe les flaques se former et s'agiter au rythme de mes pas. Mon cœur me fait mal tant il se serre. Je n'aurais jamais imaginé que fuguer allait engendrer tout ça. J'ai déçu Zeleph au point qu'il me dégage, et qu'il me traite comme un vulgaire inconnu. Peut-être que la blonde avait raison, je ne suis qu'un égoïste. Mais où est le mal dans ce que j'ai fais ? Je voulais juste sortir, pourquoi les autres peuvent le faire mais pas moi ? 

Les cheveux dégoulinants, les vêtements trempés, je m'arrête le long du chemin sous ce déluge. Est-ce vraiment moi le problème ? Lorsque je lève la tête, mes yeux s'arrêtent sur un point au loin. Elle était assise par terre, à l'abri de la pluie, les yeux rivés vers le ciel. N'est-elle pas rentrée chez elle ? Je finis par hausser les épaules et reprendre ma route. Après tout, ce ne sont pas mes affaires. Mais un fois assez proche pour me retrouver moi aussi abrité de la pluie, je me stoppe de nouveau. La blonde baisse la tête et nos regards se croisent, ne se lâchant plus. Puis soudain, elle se met à pouffer, ce qui me pique à vif. 

- Qu'est-ce qui te fait marrer ? craché-je sèchement. 

- Rien de bien intéressant. Répond la blonde dans un sourire amusé. 

- C'est drôle de me voir trempé dehors ?

Elle me regarde avec amusement avant d'hausser les épaules.

- A vrai dire, j'ai couru pour venir te chercher parce que ton frère était inquiet pour toi, et te voilà devant moi, bredouille et trempé. Je trouve ça plutôt drôle en effet. 

Ma mâchoire se serre et je détourne les yeux. Elle m'énerve. Puis un bruit de claquement se fait entendre, et j'observe la blonde me faire signe de m'asseoir à ses côtés. Je la regarde avec méfiance alors qu'elle reprend la parole.

- Ne pense pas que je fais ça par charité. Et t'assois pas trop près, j'ai pas envie de finir trempée. 

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel avant de regarder la pluie s'intensifier, à un tel point qu'il m'était impossible de voir plus loin que deux ou trois malheureux petits mètres. Continuer ma marche serait stupide, c'est donc dans un soupire que je m'assois, restant muet. L'ambiance n'est ni pesante, ni agréable. Je dirais qu'elle est neutre et insupportable. Mon cœur est encore serré et ma gorge se noue petit à petit. Je me sens si mal...

- J'aime la pluie. S'exclame la femme à mes côtés en regardant les gouttes tomber. Je trouve ça apaisant. Comme si le ciel prenait ta tristesse, la rassemblait et la faisait tomber le temps d'une soirée. 

- J'en ai rien a foutre. Grogné-je en levant les yeux au ciel. 

Mon interlocutrice pouffe avant d'hausser les épaules à nouveau.

- Je ne me souviens pas m'être adressé à toi. J'ai dis ce que j'avais à dire il y a une petite demi-heure, maintenant tout ce qui te concerne ne me concerne pas.

- C'est sûr, après avoir foutu la merde, tu fais l'innocente qui n'est pas concernée. Toujours plus simple.

- C'est vrai que c'est moi qui ait sauté du deuxième pour aller rejoindre mes amis qui me poussent à fumer et à faire un tas de merde incroyable. J'avais oublié ce détail, pardon. Rétorque la blonde avec sarcasme.

- Vas te faire foutre Lucy.

- Sans façon, j'en ai pas trop l'envie en ce moment. 

Elle s'amuse à me faire bouillir. Mes poings se serrent tout comme ma mâchoire et pour tenter de calmer ma colère, je frappe contre le sol un grand coup. Acte qui semble faire éclater de rire la blonde.