Chapitre second

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Une fois à la maison, j'ai caché l'objet dans le tiroir de ma table de chevet. Ma conscience me disait de ne pas le montrer. Mon frère était sorti aider un ami pour un problème de voiture et ma mère n'était toujours pas rentrée. Il était pourtant déjà 19 heures. Je vérifia une nouvelle fois mon téléphone, après avoir vu le message de mon frère, et vit un message de Maki.

''Il faut faire quoi pour les maths ? M'a-t-elle demandé.

-Les trois exos de la page 205. Il me semble que tu les as déjà fait.'' Lui répondis-je.

Au vu de l'heure qu'il était, elle devait être en pause durant son entraînement de basket. Elle ne répondit pas par la suite, ayant certainement repris. Seule, je me décidais enfin à retourner dehors. Je voulais aller en forêt, alors j'y suis allée. Je passa devant la maison de la bienveillante Rosette, ce petit bout de vieille femme s'en était allé un mois plus tôt. Nous l'aimions beaucoup dans le quartier. Malgré le fait qu'elle soit à la fin de l'impasse, elle passait beaucoup de son temps dehors entre 16 heures et 18h30 pour vérifier si tous les enfants rentraient bien à la maison. C'était aussi celle qui fêtait l'anniversaire de tout le monde en offrant un succulent gâteau. Sa disparition éternelle avait attristé tout le monde, même le grincheux Didier, qui -n'avouera jamais- adorait la voir depuis sa fenêtre. Le peu de famille qui restait à la ''Mama du quartier'' avait encore plus pleuré en voyant tout son voisinage venir aux funérailles.

Les larmes me montrèrent soudainement aux yeux. Cette adorable mamie avait appris une multitude de choses aux plus jeunes. Combien de fois on s'était retrouvé à plusieurs chez elle ? Qu'on s'était donné rendez-vous ici ? Combien de fois allions-nous la voir par semaine ? Elle vivait seule depuis que son mari fut emporter par les étoiles. Elle était restée forte jusqu'à la fin. Il paraît que c'est Samuel qui l'a retrouvée, un père célibataire du quartier. Son discours lors de son enterrement avait ému tout le monde. Elle souriait quand il l'a trouvée assise dans son fauteuil, les mains jointes sur ses cuisses. Ce sont les enfants et les adolescents qui avaient été les plus affectés par sa disparition. Toujours au taquet à Halloween, elle préparait des pots de confitures à base de fraises et de mûres pour faire des ''confits ensanglantés'', elle se déguisait toujours dans son accoutrement de vieille Cendrillon et elle jouait toujours le rôle de la vieille femme louche. Les plus jeunes et petits nouveaux tombaient toujours dans le panneau.

Malheureusement, nous ne la reverrons plus jamais. Je me promis de retourner rapidement à sa tombe. Les façades et le jardin étaient entretenus. La vieille bâtisse vide semblait encore habitée, et pourtant, elle ne l'était plus. Elle n'était pas à vendre, la famille souhaitait la garder comme patrimoine. Je tournais enfin la tête. Mes pas me guidèrent de nouveau vers la mer d'arbres. Je passais les rambardes en bois, empêchant les véhicules de pénétrer, et suivis le chemin de terre battue. Ce chemin menait d'un côté en Allemagne et de l'autre jusqu'à l'entrée de Strasbourg. La balade était dans les deux cas très longue. On l'avait déjà faite avec mon frère. On avait fait les deux chemins. Nous nous étions même perdus en Allemagne. Le niveau de langue de mon fraternel était désastreux et le mien, n'était pas assez poussé à cette époque. Je me souviens encore de l'engueulade qu'on avait subi en rentrant.

Au moins ce jour là, on avait bien ri. Nous étions exténués en rentrant, mais nous avions surtout fait notre sport de la semaine, pour recommencer la semaine suivante. J'étais loin d'être mature à l'époque, et mon frère, n'en parlons même pas.

Le début d'été était chaud malgré la région. Les arbres étaient calmes, le vent ne chatouillait personne depuis quelques jours. La pluie non plus. Je profitais de la légère humidité qu'offrait l'ombre de la forêt. À plusieurs reprises, je m'arrêtais pour prendre le chemin en photo. La luminosité qu'offrait le soleil pénétrait difficilement à travers les épaisses branches des Sapins et des Chênes. Par endroits, on pourrait se croire au Canada. Les conifères étaient si hauts et si épais, qu'un novice pourrait les confondre avec de jeunes Séquoias. Je marcha une bonne vingtaines de minutes avant de sentir mon téléphone vibrer à travers mon sweat vert foncé. Je l'empoigna et décrocha :

Danse avec les pires frayeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant