Depressed girl in a party

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Elle rit, comme si elle avait trop bu. Elle danse, comme si ses pieds étaient maudits. Elle murmure, comme si ses mots étaient des formulent magiques. Elle sourit, comme si tous ceux qui l'observaient étaient son âme sœur.
Et lui, il la regardait, sans vraiment comprendre, mais sans chasser pour autant cette colère grandissante qui grondait dans ses entrailles.

Un verre à la main, il hésitait, contemplant la pièce, sa haute stature lui offrant une vue imparable. Néanmoins, semblable à un navire dans une tempête, son regard n'avait de cesse de revenir s'amarrer à la vision de la petite jeune fille, qui, avec son corps trop frêle pour cet immense sweat, bien que trop beau pour ce miniscule short, ne lui prêtait aucune attention.

La douleur irradia en lui, plus tranchante que jamais, lorsqu'il la vit rejoindre un groupe de garçons, un groupe qu'il ne connaissait pas. L'un d'eux la prit dans ses bras avec un air indéfinissable, un air sur lequel il ne parvenait pas à mettre de mots. Il le vit jouer avec ses cheveux mi-longs de la couleur des pages des livres anciens, et son coeur se serra. Quand étaient-ils devenus de tels étrangers ?

Il secoua la tête pour se débarrasser de ces souffrantes idées sombres, et tenta de s'éloigner, mais une main, sèche et ferme le stoppa immédiatement. Il se retourna lentement en haussant un sourcil. Il observa d'un rapide coup d'œil l'adolescente qui se tenait devant lui.

- Alors, tu abandonnes si facilement ? S'étonna-t-elle, comme déçue. Ça ne te ressemble pas, Amos.

- Elle a l'air heureuse, là-bas, avec eux, lâche-t-il enfin, sa voix emprunt d'une mélancolie suffocante qu'il aurait préféré dissimuler.

- Un sourire et un rire ne signifie pas grand chose, démentit-elle en secouant négativement la tête, avant de lancer un regard protecteur sur la silhouette au loin. Elle reste ma meilleure amie, ma plus proche confidente. Je sais ce que je dis. Alors va, va lui parler. Va réparer les bêtises que tu as faites.

- Mais cela fait déjà de trop nombreuses semaines...

- Parfois, c'est le temps qui manque pour se rendre compte de ses sentiments. Malheureusement, ça a été ton cas. Seulement, si tu l'aimes vraiment, essaie, au moins une fois, avant de véritablement tourner la page.

Il détourna le regard un instant, contempla l'adolescente au loin, puis soupira.

- Bien, c'est d'accord, souffla-t-il en s'éloignant.

Il brava les hordes de jeunes gens, les poussant en lançant des excuses sans sens, afin d'atteindre l'autre bout de la pièce. Seulement, lorsqu'il se retrouva face au groupe de garçons, la jeune fille avait disparu.

- Oui, tu cherches ? Demanda l'un d'eux sur un ton bienveillant.

- Il y avait... Elle était là... Je... Se perdit le jeune homme dans ses mots avant de se faire interrompre.

- Tu parles de Selah ? Le coupa celui qui, quelques minutes auparavant avait tenue dans ses bras la jeune fille.

- Je... Oui. J'ai... Quelque chose à lui dire.

- Elle est sortie dans le jardin, c'est moins oppressant, y a moins de monde, déclara-t-il, puis il ajouta une phrase remplie d'un avertissement menaçant. Si tu détruis tous les efforts qu'on a fait pour la sauver, t'es un homme mort.

Il ne répondit rien à cela, trop préoccuper par l'idée de la rejoindre. Le chemin qu'il se fraya jusqu'aux baies vitrées s'évapora au moment où il l'eu fini. Il lorgna tous les recoins des lieus, anxieux, et la retrouva assise, les pieds dans l'eau, au bord de la spacieuse piscine éclairée d'un halo turquoise dû à ses éclairages et ses carreaux. Dans un silence lourd et pressé, il s'approcha d'elle, prit place à son côté.

- Salut, dit-il d'une voix rendue rauque par la peur.

Aucun son ne vint se peindre sur ses belles lèvres ourlées, la lueur butée dans ses yeux plongée dans l'observation de ses jambes dans l'eau.

- Ça fait longtemps, essaya-t-il à nouveau, mais son cœur se trancha, le forçant à prononcer un mot qui le rongeait depuis si longtemps. Pardon.

- Les rivières ont laissé couler de l'eau, et mes pensées ont hurlé plus qu'elles n'auraient jamais dû. Je voudrai que ces voix cessent, qu'elles s'arrêtent. J'ai perdu la tête, j'ai perdu la raison.

- Je n'aurai pas dû te laisser me glisser des doigts.

- Tu n'aurais pas dû me promettre l'impossible. Tu m'avais juré qu'au plus mal, tu serais là. Et pourtant, je t'ai cherché, partout où le pouvoir m'en était donné.

- J'aurai voulu t'aider plus mais j'étais...

- Tu étais mon meilleur ami, mon frère. Tu l'as trouvée elle, tu l'as aimée plus que de raison. Je t'ai offert ma confiance, mon amitié. Je t'ai aidé, je t'ai aimé. Je t'ai perdu, j'ai disparu. Là s'arrête notre histoire.

- Je n'ai pas cru que le mal qui t'habite était tel, je pensais que si Jess et moi s'y mettions à deux, nous y arriverions. J'ai pensé que tu avais plus besoin d'elle que de moi...

- J'avais besoin de toi ! S'écria-t-elle en se relevant dans une agitation extrême. Je t'aimais, mais différemment, tout avait changé avec le temps. C'était la lumière d'espoir que j'attendais, je m'y suis accrochée. J'allais te le dire, et tu m'as avouée qu'elle avait déjà pris la place dont je rêvais. Je suis tombée, je me suis brisée. J'étais amoureuse de toi !

Dans un dernier mouvement agité, son corps bascula et elle chuta dans la piscine, ses cheveux enveloppant son visage fin; elle se replia sur elle-même. Il panique, saute, la rattrape tandis que l'eau s'engouffre dans les poumons de l'adolescente, il la plaque contre son corps, la remonte à la surface, la ramène sur les marches qui permettent d'accéder au bassin. Il releva les yeux, lentement, honteusement, et manqua pousser un cris d'horreur. Le sweat, relever sur ses bras, laisse apercevoir deux bandages au niveau des poignets, et des cicatrices à peine visibles qui strient ses avants-bras.

- Qu'as-tu fait ? Gémit-il dans une plainte déchirante. Selah, qu'est-ce que tu t'es fais ?

- J'ai tant lacéré mon âme et mon cœur que j'en ai fini par lacérer mon corps. Il n'y avait plus de place pour la douleur intérieure, alors il ne m'est resté que l'extérieur. J'avais si mal ! Jamais assez bien pour personne, jamais assez belle pour quiconque. Invisible, toujours et plus que jamais. Plus j'allais mal, moins on me voyait. Je me fanais à vue d'œil, mais il n'y avait personne pour le voir. Quand tu m'as oubliée, j'ai finalement sombré. Alors inconsciemment, tandis que l'on me refusait le bonheur, j'ai commencé à me blesser. Et quand j'en prenais conscience, les larmes me ravageaient. Jess les pleuraient avec moi, ne sachant que faire. Puis je suis tombée sur eux, et j'ai arrêté de te voir. Y avait lui, il a pris ta place en quelque sorte. Il est devenu mon grand frère, mon protecteur. Ils me surveillent tous, ils font tout pour que j'aille mieux, pour me montrer que je suis importante. Néanmoins, ils savent que j'ai besoin d'un peu de cette solitude, j'ai besoin de me retrouver. Ils veillent sur moi de loin à ces moments-ci. Malgré tout, aucun d'eux ne peut me donner ce qu'il me manque. J'essaie de réparer la fissure que tu as laissé, mais je n'y parviens pas. C'est pathétique, mais c'est ce que je suis devenue. Une fille banale et pathétique.

- Tu es tout, sauf ces deux mots, déclara-t-il enfin en posant son menton sur les genoux de la jeune fille et en ancrant son regard dans ses yeux. Si tu ne parviens à refermer la plaie que j'ai construite en toi, laisse-moi faire. Permets-moi de réparer mon erreur. Laisse-moi soigner dépression et coupures en toi, parce que je ne suis pas parvenu à t'oublier. Parce que c'est toi que j'ai toujours aimé, c'est toi que j'aime.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 14 ⏰

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