Anémone

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Harry était furieux.

Depuis la rentrée scolaire, il avait eu plusieurs fois l'occasion de s'énerver. Au début, il avait explosé quand un groupe de jeunes élèves s'était mis en tête de le suivre partout en chantant ses louanges, vénérant littéralement le sol qu'il foulé. Il avait tenté de leur expliquer que ce n'était pas nécessaire, qu'il n'aimait pas ça... Mais les gamins passaient leur temps à le prendre en photo, à le suivre, et à ramasser le moindre objet qu'il pouvait toucher.

Lorsqu'ils s'étaient battus pour récupérer un bâtonnet mordillé d'une sucette achetée à Pré-au-Lard qu'il venait de jeter à la poubelle, il avait explosé, et leur avait hurlé dessus, sa magie devenant étouffante.
Les gamins avaient probablement mouillé leurs pantalons et le voyaient certainement comme un probable Mage Noir en devenir, mais au moins, il avait retrouvé un peu de calme autour de lui.

Ron avait eu un fou rire mémorable et lui avait proposé de mettre en vente les feuilles de papier toilette qu'il utilisait. Aussitôt, Hermione lui avait claqué sèchement l'arrière de la tête avec une grimace de dégoût, lui hurlant qu'il était répugnant, tandis que Harry s'écroulait au sol en riant, peinant à reprendre son souffle.

Peu de temps après ça, il avait découvert que Ron n'était pas le seul à avoir des idées tordues. Un groupe de premières années s'était mis en tête d'obtenir de l'argent de poche facile en vendant au monde magique des objets avec lesquels il serait entré en contact.
Leur petit commerce aurait pu durer longtemps et rester dans l'ombre, mais face à leur succès, ils avaient eu les dents un peu longues et leur ambition les avaient perdus.

Pensant que personne n'y ferait attention - et surtout pas le principal concerné - ils avaient passé une publicité dans la Gazette, pensant élargir leur clientèle. Harry avait été furieux de le découvrir, mais il avait su contenir son caractère pour laisser le temps à Hermione d'enquêter et de démasquer les coupables.
En moins de deux jours, elle avait la liste des noms, et Harry leur avait montré à quel point il pouvait être effrayant. Et surtout que ce n'était pas un coup de chance qu'il ait réussi à survivre à Voldemort puis à le tuer.

Les coupables avaient ensuite été convoqués dans le bureau de Minerva MacGonagall et avaient du fournir la liste de leurs clients, puis les contacter pour les rembourser.
Découvrir que certains sorciers étaient prêts à débourser plusieurs dizaines de gallions pour un caleçon qu'il aurait porté fit grincer des dents au Sauveur, et il assura aux opportunistes qu'ils feraient mieux de se faire oublier et de ne plus jamais se retrouver sur son chemin.

Ron riait encore de cet épisode - il avait été jusqu'à changer son expression favorite pour se moquer de son ami. Son "Par les caleçons de Merlin" était devenu "Par les caleçons de Harry" et il suppliait régulièrement Harry de lui apprendre à être aussi effrayant. Il s'était à peine vexé quand Hermione avait ricané que même déguisé en détraqueur il serait incapable de faire peur...

Harry pensait sérieusement que la fin de la guerre marquerait une nouvelle ère dans le monde magique et qu'il n'y aurait plus de discrimination. Que le monde magique avait compris que la valeur d'une personne ne pouvait pas être conditionnée à son statut du sang ou à sa naissance.

Cependant, il y avait encore visiblement un long chemin à parcourir, puisque certains élèves trouvaient normal de se venger des années de domination sang-pur en reportant leur haine sur la maison Serpentard.

MacGonagall avait eu un discours de rentrée inspiré et apaisant, rappelant que Poudlard avait quatre maisons et que chacune d'entre elle avait ses qualités et ses défauts. Elle avait rappelé que ce n'était pas le jeune sorcier qui décidait mais bel et bien le choixpeau et qu'il serait stupide d'en tenir rigueur à un camarade.

Elle avait juré qu'elle punirait sévèrement toute tentative de s'en prendre à un élève pour une raison aussi triviale que sa maison ou le nom de ses parents.

Dans les faits... c'était loin d'être aussi simple.

Non seulement les élèves les plus âgés des trois autres maisons faisaient payer aux Serpentard l'année sous la domination Mangemort, mais les Serpentard, mis à l'écart, n'osaient pas se plaindre, persuadés de mériter un tel traitement.

Bien que Pomfresh signale régulièrement le nombre alarmant de jeunes Serpentard qui passaient entre ses mains pour de stupides "accidents", Minerva ne pouvait pas agir si elle n'avait pas le moindre témoignage.

Harry n'avait pas vraiment prêté attention à la situation, jusqu'à ce que des rumeurs lui parviennent aux oreilles. Il avait froncé les sourcils mais était resté silencieux. Cependant, les jours suivant, il avait passé du temps dans la salle commune, plongé dans un épais grimoire - en apparence.

En réalité, il examinait soigneusement la carte du Maraudeur, attendant la moindre preuve d'une agression en cours. Et lorsqu'il avait noté un rassemblement suspect dans un couloir désert, il avait donné l'information à ses amis avant de filer ventre à terre.
Hermione et Ron étaient partis immédiatement alerter la Directrice tandis que Harry intervenait.

Sa magie explosa lorsqu'il découvrit un Serpentard de première année, minuscule et en larmes, bousculé par un groupe de cinq ou six quatrièmes années. Le plus agressif, voulant protester contre l'intervention de Harry Potter, eut le bras cassé lorsque sa baguette lui fut violemment arrachée d'un experlliamus rageur, rappelant à ses camarades que le Sauveur était puissant.

Aussi, en découvrant que Malefoy était la cibles de plaisanteries incessantes parce qu'il avait reçu des fleurs, il avait grogné, prêt à exploser sans se rendre compte que le principal concerné était derrière lui. Hermione lui avait souri, un peu tristement, et les yeux fixés sur Malefoy, elle avait haussé les épaules.
- Laisse les parler, ils finiront par se lasser.


Le lendemain matin, un hibou majestueux apportait un bouquet d'anémones à la table Serpentard et le déposait délicatement devant Drago Malefoy

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Le lendemain matin, un hibou majestueux apportait un bouquet d'anémones à la table Serpentard et le déposait délicatement devant Drago Malefoy. Il y eut un long silence, puis les conversations reprirent un peu hésitantes.
Neville se pencha vers Hermione, attirant l'attention de Harry.
- Et bien, il semblerait que quelqu'un ait entendu ton conseil d'hier Hermione ! Les anémones sont un beau message d'espoir. "Après la pluie, vient le beau temps".

La jeune femme hocha la tête, avec un léger sourire pensif.

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