Grâce à Lavande, aidée de sa nouvelle amie Pansy, la signification de la magnifique azalée reçue par Drago Malefoy avait fait rapidement le tour de Poudlard.
La plupart des étudiants se demandaient qui pouvait être l'admirateur secret du Serpentard. Drago Malefoy s'était toujours conduit comme un petit prétentieux arrogant, fils à papa. Il n'avait jamais montré le meilleur de sa personnalité, hormis dans le cercle privé de ses amis, certains commençaient à parier que c'était un inconnu. Quelqu'un qui ne connaissait pas l'héritier déchu, visiblement pour se montrer aussi romantique.
Ce dernier restait silencieux, sans faire cas des rumeurs. Lorsque les conversations avaient lieu autour de lui, il baissait la tête et faisait celui qui n'entendait rien.
Harry aurait aimé intervenir, et lui dire de cesser de culpabiliser. Qu'il avait fait de son mieux, et que son procès avait montré à tous qu'il n'était pas mauvais. Cependant, lorsqu'ils travaillaient ensemble, Malefoy restait silencieux, et se fermait à la moindre tentative de conversation qui n'était pas directement liée au domaine scolaire.
Alors il restait muet, cherchant une solution pour aider son rival de toujours.
Lorsque Ginny s'installa à une table derrière eux avec ses amies, gloussant stupidement, Harry roula des yeux. Depuis le début de l'année, la jeune fille était particulièrement pénible à ses yeux. Elle n'avait pas digéré que Harry ne soit pas à ses pieds et elle pensait toujours fermement qu'il traversait juste une crise identitaire et qu'il reviendrait vers elle en rampant.
Elle se comportait donc comme en terrain conquis, minaudant à proximité de Harry. Ce dernier était juste... excédé. Peu à peu la gentille petite soeur de son meilleur ami devenait une harpie...
Malefoy leva un sourcil moqueur à sa réaction mais ne fit pas la moindre réflexion. Harry sourit et lui adressa un clin d'oeil complice, espérant qu'il se détendrait. Mais Malefoy rentra la tête dans les épaules et se rembrunit, se concentrant sur son parchemin, refusant visiblement de se laisser aller.Harry murmura, de façon à ce que seul le Serpentard entende ce qu'il allait dire.
- Je ne t'en voudrais pas si tu dis ce que tu penses, Malefoy ! Tu as le droit de...
Le blond releva brusquement la tête, dents serrées, les yeux lançant des éclairs. Il crispa ses mains, froissant son parchemin et grogna.
- Ne me laisse pas imaginer que tout va bien Potter. Je sais parfaitement le genre de vie qui m'attend après Poudlard. Tu es peut être prêt à oublier... ce que j'ai fait mais beaucoup me le rappelleront jusqu'à ma mort.Harry soupira, le coeur au bord des lèvres.
- C'est injuste.
Malefoy ricana, retrouvant un instant son ancienne façon de s'exprimer.
- Vraiment ? Tu es bien le seul à le penser. Pour beaucoup je mérite...
Il s'interrompit brusquement, visiblement mal à l'aise et détourna les yeux. Puis, il lissa le vélin sous sa main décidé visiblement à se remettre à travailler.Harry ferma les yeux, comprenant ce que Drago avait gardé sous silence. Il avait été lui-même témoins de certains commentaires, de leurs camarades, qui avaient souhaité le voir embrassé par les Détraqueurs ou mis à mort...
Il fixa son camarade, le détaillant avec soin, constatant ses cernes et le pli amer de sa bouche, le léger tremblement de ses mains, le poids qu'il avait perdu. Il vit la rougeur colorer ses joues pâles alors qu'il sentait son regard, mais il ne détourna pas les yeux. À la place, il murmura doucement, détachant chaque mot.
- Si le monde magique veut faire de moi son héros pour avoir... mis fin à cette folie, alors ils devraient m'écouter quand je dis que tu n'es coupable de rien. Que tu mérites de reprendre une vie normale. Ils ont la mémoire courte tous ceux qui se terraient loin des combats, en priant pour que je fasse le sale boulot.Malefoy releva brusquement la tête, stupéfait, et il eut un léger sourire. Il allait parler, mais à cet instant, Ginny choisit de se manifester, son rire de crécelle résonnant dans la pièce de travail.
Aussitôt, Malefoy se renferma et se reconcentra sur son parchemin, de nouveau inaccessible. Harry grogna et dut inspirer profondément pour ne pas aller secouer la jeune fille et lui dire de dégager loin de lui... Il avait l'impression que sa réserve de patience concernant Ginny Weasley fondait comme neige au soleil. Les premières semaines, il avait préféré ne rien dire, attribuant son comportement au fait qu'il l'ait repoussée alors qu'elle avait clairement avoué être amoureuse de lui depuis toujours. Mais les sentiments ne se commandaient pas et Ginny aurait dû le comprendre plutôt que de continuer à espérer et à lui en vouloir...
Harry allait tenter de dérider le Serpentard de nouveau quand la voix de Ginny s'éleva, parfaitement audible dans le silence de la pièce. Elle avait vu Drago Malefoy bien évidemment et elle savait qu'il ne perdrait pas un mot de son petit discours.
- Quand je pense à ce gaspillage d'envoyer des fleurs à quelqu'un comme ça. Bien évidemment, c'est forcément une plaisanterie pour l'humilier, mais c'est quand même dommage d'utiliser de si beaux bouquets pour renvoyer ce déchet dans le caniveau où il a sa place... Qui pourrait aimer un Mangemort après tout ? Son âme est aussi noire que la marque qui salit son bras !Drago continuait de lire son parchemin, l'air impassible mais son teint était devenu cendreux.
Fou de rage, Harry sentit sa magie s'agiter en lui - comme le jour lointain où il avait fait gonfler sa tante Marge - et il se força à souffler pour se calmer un peu. Cependant, il se leva et posa une main amicale sur l'épaule de son camarade, essayant de lui faire comprendre qu'il était de son côté. Puis, il approcha de la table de Ginny, le visage fermé.
- Ginny ? Il me semble que c'est la salle de travail réservée aux dernières années. Tant que tu travailles en silence tu es éventuellement tolérée mais compte tenu du volume sonore que tu ne sembles pas être capable de contrôler tu devrais sortir avant qu'un préfet ne te retire des points.Le visage de la jeune fille se froissa de colère et elle fronça les sourcils. Mais Harry avait déjà tourné le dos pour retourner à sa table, l'ignorant complètement. Rageusement, elle rassembla ses affaires en marmonnant jurant qu'elle allait demander à ce que "son" Harry soit examiné puisque le "Mangemort" semblait l'avoir ensorcelé.
Harry se réinstalla près de Drago, sans un mot. Derrière leur table, Lavande renifla.
- Ce qu'elle peut être peste ! Heureusement que tout le monde se moque de ce qu'elle pense !
Il y eut quelques rires discrets et gênés, et Ron lui-même, un peu à l'écart, grogna.
- Quand elle a décidé d'être pénible, Ginny peut être une vraie peste... J'en sais quelque chose c'est ma soeur...
Les rires se firent plus francs et l'atmosphère s'allégea. Tout le monde retourna tranquillement à son travail, sans un mot de plus. Drago était figé, stupéfait et Harry lui adressa un clin d'oeil.
- Tu as le droit de vivre Malefoy. Ron n'est pas un de tes fervents supporters mais il sait ce que tu as vécu...
Le lendemain matin, sans surprise pour ceux qui avaient assisté à l'incident, un hibou noir comme la nuit déposa une branche de Magnolia, aux fleurs rosées parfaites, piquée dans un magnifique vase en cristal ouvragé. Neville eut un léger rire quand tous les regards se tournèrent vers lui, curieux d'en apprendre plus. Il roula des yeux.
- Vous savez qu'il existe des livres entiers sur le langage des fleurs à la Bibliothèque ?
Dean lui adressa un large sourire, hilare.
- Bien sûr. Mais tu es notre génie en Botanique. Alors... c'est quoi ?Neville ignora la flatterie évidente et jeta un nouveau coup d'oeil en direction de la table des Serpentard. Il haussa les épaules.
- C'est une branche de Magnolia. Sa signification est "Respect et fidélité". Si vous voulez mon avis, l'admirateur de Malefoy est à Poudlard et a assisté à la petite scène d'hier en salle d'étude...
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Le langage des fleurs
Fiksi PenggemarLa guerre est terminée. Harry a défait Voldemort et la vie reprend. Peu à peu, lentement. Les jeunes non diplômés retournent à Poudlard, et pour une fois, ils peuvent vivre sans la crainte d'être tués...